Par François Jarraud
L’évaluation retentit dans l’actualité. Mais comment l’aborder scientifiquement ? Mercredi 14 décembre, les IUFM de la région parisienne organisaient une conférence de consensus sur cette question. Une journée rythmée par les interventions de G. Figari, M. Rémond, L. Mottier Lopez, L. Paquay et JM. de Ketele. Pour Marc Bru, président du jury, la conférence a permis d’avancer sur les contextes de l’évaluation et particulièrement sur la nécessité de faire dialoguer des logiques d’évaluation différentes, pas forcément compatibles. La conférence donnera lieu à une synthèse en janvier.
On a peu l’expérience de conférences de consensus. C’est quoi exactement ?
Cela consiste à réunir des spécialistes sur un sujet qui peut être objet de controverses pour faire le point, identifier les points de divergence et de possibles consensus. S’agissant de l’évaluation on sait que c’est un sujet d’actualité avec par exemple l’évaluation des enseignants ou encore la question de la notation. La conférence écoute les spécialistes, échange avec eux et élabore une synthèse. Celle sur cette conférence de consensus sera établie en janvier et publiée par la suite.
Il y a un débat sur la note et l’approche par compétences. Ce sujet a-t-il été abordé ?
Oui bien sur. On peut considérer que la notation est une modalité qui traduit des résultats sur une échelle généralement quantitative. Mais ce n’est pas la seule façon d’évaluer, on peut en dresser une critique docimologique et pédagogique. Quand il s’agit d’évaluer des compétences, la notation peut aller à l’encontre de la notion même de compétence, car elle conduit assez souvent à des calculs divers comme le calcul de moyennes qui procède à une sorte de compensation qui n’a pas grand sens. La notation ne renseigne pas sur la façon dont les élèves réalisent leurs tâches. Il est plus intéressant d’observer le processus que suit l’élève face à la tâche. Mais d’un autre point de vue, la notation, il faut le reconnaître correspond à tort ou à raison à une attente sociale, attente de certains parents… Autre point de vue encore, celui de la gestion et du pilotage : les notes sont des données quantitatives qui permettent de dresser des tableaux numériques pour effectuer par exemple des comparaisons. Mais sait-on vraiment ce que l’on compare ? On voit que la notation peut s’inscrire dans des contextes différents, des logiques différentes, des interprétations différentes.
On parle beaucoup de « culture de l’évaluation » dans le système éducatif. Qu’en pense la conférence ?
Peut-on vraiment parler de « culture » au singulier? Au sujet de l’évaluation, selon les acteurs, les contextes, les enjeux, on a affaire à plusieurs cultures qui peuvent se rencontrer, s’ignorer ou s’opposer. Nous sommes loin d’une culture monolithique de l’évaluation qui n’aurait qu’à se généraliser par voie descendante. En fait notre système scolaire est traversé par plusieurs cultures de l’évaluation et pour progresser il faut qu’elles dialoguent.
La conférence a insisté sur la notion de processus conçue sous différents aspects (référentialisation, évaluation-reconnaissance, évaluation comme levier de professionnalisation, certification…). L’évaluation s’inscrit dans un temps, un contexte et est traversée par des enjeux parfois en tension. L’analyse de ce que l’on peut entendre par apprentissage et évaluation par compétences, montre bien que le consensus n’est pas général au sein du système éducatif et que les incantations, y compris les plus officielles, ne dispensent pas d’un travail de mise en confrontation par un dialogue ouvert qui peut trouver un de ses lieux d’existence dans la formation des enseignants.
Propos recueillis par François Jarraud
Le programme
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