Par Bruno Devauchelle
Nouvelle version, simple toilettage ou appel au secours ? Alors que le ministère publie des versions « rénovées » du B2i école et collège qui devront être mises en place au plus tard à la rentrée 2012, Bruno Devauchelle analyse les changements apportés par les nouveaux textes. » Ce qui fait nettement la nouveauté c’est la prise en compte des pratiques du web 2.0″. Reste que le B2i peine à trouver sa place…
Dix ans, presque jours pour jours après sa création, le B2i subit sa quatrième évolution. Créé en novembre 2000, il a d’abord été actualisé en 2006 lors de l’harmonisation école collège lycée et après la loi d’orientation qui l’incluait dans la loi. Il a été ensuite revu en 2010 avec les modifications que le socle commun lui avait fait subir. Voici donc publiée la nouvelle mouture du B2i, école et collège. En fait de nouvelle forme du B2i, il s’agit surtout d’un toilettage dont nous allons essayer de dégager les éléments principaux. Pour ce faire nous nous appuyons sur une comparaison des trois derniers textes parus sur le sujet : le texte de 2006, celui de 2010 et celui qui vient d’être publié (nous nous sommes limités au collège).
En fait le B2i ne change pas en surface : mêmes domaines, mêmes items. Du coup la cohérence globale du dispositif ne change pas, du moins en apparence. Mais en fait les changements sont beaucoup plus significatifs dans les détails, les explications des items. C’est là que résident les véritables changements, c’est à dire ceux qui prennent en compte plusieurs évolutions récentes. Ce qui fait nettement la nouveauté c’est la prise en compte des pratiques du web 2.0, le web social. A plusieurs reprises, bien que parfois de manière détournée, la dimension sociale des pratiques du numérique sont évoquées. Cette extension du référentiel est moins directement technique mais elle est plus complexe sur le plan des usages évoqués.
Que signifient ces deux nouveaux textes, et peut-être prochainement celui sur le lycée ? D’abord la confirmation d’un cadre stable, établi en 2006, qui conforte l’appellation des items du B2i et ceux du socle. Cela présente outre l’avantage de garantir un suivi (on ne change pas tous les quatre matins le texte), l’intérêt de mettre en évidence des constantes dans le domaine des usages des TIC. Outre les cinq domaines, les items de 2006, par leur niveau de généralité sont toujours pertinents car ils ont réussi à se détacher de l’éphémère des techniques. D’ailleurs cela se trouve confirmé par la lecture de la partie changeante, appelée explicitation de l’item et indications pour l’évaluation dans la version de 2010 et simplement explicitation de l’item dans la version 2011.
Le réel souci de clarification qui prévaut dans ce texte montre que l’équipe qui s’occupe du B2i s’inscrit dans la continuité de l’approche initiale centrée sur les usages, Cette approche combattue par ceux qui souhaitent un enseignement de l’informatique au collège, voire au primaire, est pourtant celle qui répond le mieux aux questions posées actuellement par les pratiques sociales de l’outil. Ce sont ces pratiques qu’il est essentiel d’aider les jeunes à maîtriser en premier. Cependant elles ne doivent pas se limiter à celles des habiletés quotidiennes. Le risque de se limiter à celles-ci serait de ne pas permettre aux jeunes de progresser dans la compréhension plus large du monde informatique et de ses évolutions. L’exemple du développement du « Cloud » et d’un certain nombre de techniques qui font disparaître aux yeux de l’usager certaines manipulations matérielles, illustre ce danger. Identifier la circulation d’une information sur le réseau, la situer, et la gérer risque vite d’apparaître comme une nécessité technique, bien plus qu’une nécessité sociale, même si la seconde découle de la première.
Le problème posé au B2i est qu’il n’est pas suffisamment en lien avec les disciplines, de manière explicite. Il suffit pour s’en convaincre de lire les programmes des disciplines pour voir qu’il n’y a pas ou peu de place pour lui, quand il est explicitement nommé en tant que tel (au collège, mais aussi au lycée….) En fait la prise de conscience de la nécessité de développer une véritable « éducation au web » (et pas aux médias… seulement) ne peut être marginalisée, cantonnée dans un référentiel. La légèreté de nombre d’équipes éducatives dans l’attribution du B2i amène à se poser des questions sur la conscience réelle des enjeux. Au moment où l’école pourrait connaître un véritable sursaut à cause et grâce au numérique, il se pourrait que le B2i renouvelé ne soit qu’un appel au secours… et non pas une véritable avancée. Saluons quand même cette actualisation dont le bien fondé est évident. Reste l’éternelle question des moyens… de toutes natures. La question est si souvent mise en avant dans les politiques proposées que l’on se demande si elle n’est pas qu’un prétexte pour ne pas véritablement prendre en compte le numérique, sorte d’équation insoluble dans le monde scolaire. A moins que les décideurs n’aient oublié que l’apparence d’équipement ne suffit pas et qu’il faut réellement promouvoir « une informatique à portée de la main » … sorte de socle commun d’une pédagogique du numérique à l’école !
Bruno Devauchelle
Les B2i renouvelés
http://eduscol.education.fr/cid46073/b2i.html
Sur le Café :
Dossier B2i 2004
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/b2i[…]
Dossier B2i
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/b2i_index.aspx
Mettre en place le B2i au lycée…
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/do[…]
Sur le site du Café
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