La publication par l’Onisep d’une enquête Harris réalisée auprès de 500 lycéens représentatifs de la population française offre un nouvel éclairage sur les attentes et les attitudes des jeunes devant les choix d’orientation. Pascal Charvet, directeur de l’Onisep, éclaire pour nous les résultats de ce sondage.
On sait que l’éducation à l’orientation est difficile. Les jeunes lycéens s’intéressent-ils vraiment à leur orientation ?
On s’aperçoit avec cette enquête que les jeunes savent ce qu’ils veulent. 95% d’entre eux ont déjà réfléchi à leur orientation et 58% en ont une idée assez précise. Le stéréotype du jeune qui ne sait pas ce qu’il veut c’est vraiment dépassé ! En fait les jeunes s’appuient sur leurs parents. Ils se servent des outils mis à leur disposition. Il sont sensibles au fait qu’on essaie de les accompagner. Ils disent qu’ils sont plutôt aidés (57%) et bien informés (59%).
On voit par exemple que les efforts qu’ont menés les universités ces dernières années pour accueillir les lycéens marquent des points. 68% des lycéens ont une image positive de l’université.
Alors tout va bien ?
Il reste deux zones d’ombre. La première c’est la force des stéréotypes sexistes. Les garçons continuent à se projeter dans les nouvelles technologies, les filles vers le sanitaire et social de façon excessive. On est là face à des phénomènes médiatiques qui reflètent un désir sociétal, lié au vieillissement par exemple pour les filles. Les adolescents suivent le mouvement parce que les parents les conseillent. Les stéréotypes des parents se reportent sur les adolescents.
La seconde c’est que l’information reste inégale. Certaines filières restent trop peu connues : la voie professionnelle, le technologique. On a fait beaucoup d’efforts, entre autre avec « Ma voie pro ». Il faut qu’on continue. Il faut qu’on sorte définitivement de l’époque où l’information donnée aux jeunes était différente selon les filières. Il faut les traiter tous de la même façon. c’est ce qu’on a fait avec Ma voie pro. Dans les progrès qui restent à faire il y a par exemple la traduction en termes clairs des noms des filières. Comment voulez-vous qu’un jeune saisisse ce qu’est la filière « STI2D » par exemple ? Cela n’évoque rien ! Il faut aussi mieux expliquer la relation formation emploi.
On m’a soufflé à l’oreille que l’Onisep allait ouvrir un site sur la filière littéraire. Est-ce vrai ?
On y travaille avec l’idée de montrer que c’est une filière diversifiée et de changer là aussi les stéréotypes.
L’enquête montre que les enseignants sont la dernière source d’information sur l’orientation pour les lycéens. N’est-ce pas un problème ?
Comme source d’information, les enseignants apparaissent après les parents (67%) et les informations du lycée ou d’Internet. Les enseignants arrivent ensuite (28%). Mais le rôle du professeur ce n’est pas d’informer. C’est d’accompagner. Dans un entretien d’orientation, ce n’est pas lui qui doit donner l’information mais celui qui aide le jeune à se repérer. Le professeur est un herméneute. Le rôle de l’Onisep c’est de donner à l’enseignant les moyens de guider le jeune. Face à la multiplication des sources, le lycéen a besoin d’un référent. C’est son professeur.
Propos recueillis par François Jarraud
Liens :
L’enquête
http://www.onisep.fr/Toute-l-actualite-nationale/E[…]
Deux nouveaux services pour la voie professionnelle
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