Par François Jarraud
Entre problèmes relationnels, érosion de l’esprit de corps et judiciarisation de la société et de l’Ecole, il y a une zone où se durcissent les conflits qui traversent l’Ecole. C’est là qu’interviennent les Autonomes de Solidarité Laïques (ASL), des associations centenaires créées par les personnels de l’éducation pour défendre leurs intérêts moraux et matériels, qui assurent près de 450 000 enseignants. Le 24 novembre, les ASL présentaient leurs chiffres sur les conflits en milieu scolaire.
Près de 5000 dossiers ont été traités par les avocats des ASL en 2010-2011. Près de 1 300 ont été réglés directement directe sans intervention de la justice. Pour Roger Crucq, président des ASL, ce sont des affaires réglées « en famille ». Restent 3 700 dossiers qui ont été défendus en justice par les ASL. La grande majorité concerne des incivilités et des petits faits de violence (insultes, bousculades, menaces) commis sur des personnels de l’éducation nationale. « Ces chiffres ne sont pas un indicateur de la violence dans els établissements », prévient R Crucq. « Mais ces petits faits s’ils ne sont pas traités créent une rupture de confiance entre l’enseignant et ses élèves et peuvent entraîner des faits graves ». Beaucoup moins importants les litiges entre personnels progressent (341 cas) ainsi que les cas de harcèlement , qu’ils soient commis par des tiers de l’Education nationale ou par des familles (335 cas). Les préjudices informatiques (174 cas) sont stables.
« On ne voyait pas cela avant », explique R Crucq à propos des litiges entre personnels. « Tout se réglait dans l’école. Maintenant on porte plainte ». Pour lui, la hausse de ces litiges entre personnels est significative. Elle marque à la fois l’érosion de l’esprit de corps et la montée des précaires dans l’éducation nationale, une partie de ces dossiers étant des dossiers de prud’hommes.
La judiciarisation de l’Ecole est en marche. Or elle peut se faire contre les enseignants. « Les enseignants connaissent mal la loi », nous confie R Crucq. « Dans la formation sommaire des nouveaux enseignants, la connaissance des textes est à peine abordée. Or l’Ecole n’est plus un sanctuaire ». L’irruption de la justice dans les affaires internes de l’Ecole est souvent vécue difficilement par les enseignants. « Une simple convocation au commissariat est souvent vécue dans la crainte. Alors aller en justice et perdre quand on se sent victime est une terrible humiliation ». Mais les Autonomes sont là…
Les Autonomes
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