Par Antoine Maurice
Nous avons récupéré pour vous deux projets concernant l’évaluation au DNB et au BAC en EPS. Le premier est un projet de circulaire relative aux modalités d’évaluation en Education Physique et Sportive au titre du diplôme national du brevet, le second est un projet d’arrêté relatif aux modalités d’organisation du contrôle en cours de formation et de l’examen ponctuel terminal prévues pour l’Education Physique et Sportive des baccalauréats général et technologique.
Ainsi, nous vous proposons différents regards concernant ces deux projets : En plus du regard du café pédagogique, le Syndicat National de l’Education Physique (SNEP) par l’intermédiaire de Christian Couturier a bien accepté de répondre à nos questions. Nous proposerons également un autre regard, celui de l’AE-EPS (l’association des enseignants d’éducation physique et sportive) qu’on ne présente plus.
Bonne Lecture
SOMMAIRE :
Le projet de circulaire concernant le DNB
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/eps[…]
Le projet d’arrêté concernant le BAC
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lenseignant/eps/[…]
Un projet d’évaluation au DNB rempli de paradoxes …
Une nécessité
Tout d’abord, nous tenons à souligner dès le début de nos propos, que ce projet concernant l’évaluation au DNB montre une grande volonté d’harmonisation des différents programmes EPS, et sont, en cela, une nécessité et un pas en avant pour la lisibilité de la discipline, notamment concernant le DNB ou le dernier texte daté de 1987. Ainsi, l’analyse que nous vous proposons est consciente du travail qui a été effectué par les rédacteurs de ce projet, cependant un certain nombre de points soulève des interrogations, en espérant que la discussion reste ouverte…
Quoi de neuf ?
Voici un petit tour d’horizon des nouveautés du texte applicable pour la session 2013 du DNB. Première nouveauté, désormais la note de l’élève au DNB sera le fruit de quatre évaluations dans quatre activités physiques et sportives (APSA), provenant de quatre compétences propres différentes. De plus, autre nouveauté, pour chaque APSA, un référentiel de notation national de 0 à 20 sera défini. L’équipe enseignante aura pour mission de choisir pour chaque classe ou groupe, les APSA retenues et les modalités de contrôle adapté.
Le projet pédagogique EPS a t’il encore un sens ?
Le premier constat que nous faisons concerne le projet pédagogique EPS. En effet, nous n’avons eu de cesse, au fil des différents cafés, de relayer le grand nombre de propositions des différentes académies concernant la mise en place et le rôle du projet EPS. Véritable outil, mais surtout catalyseur de l’équipe EPS et de sa dynamique, pour décliner localement les programmes de l’EPS, en l’adaptant aux besoins spécifiques des élèves dans un contexte d’enseignement singulier.
Il va de soi que, depuis quelques années, le projet pédagogique EPS est le fer de lance de l’inspection ; En témoignent les concours de recrutement et l’omniprésence pour les candidats de proposer une EPS qui prenne en compte les exigences nationales en les adaptant aux besoins spécifique des élèves. Hors, désormais, il semblerait que la seule adaptation réside dans le choix des 4 activités physiques ou dans les modalités du contrôle adapté pour les élèves en situation d’inaptitudes ou d’handicaps (« L’équipe enseignante formalise un protocole d’évaluation dans lequel apparaît notamment, pour chaque classe ou groupe, les APSA retenues et les modalités du contrôle adapté. »)…
Ainsi, premier paradoxe, pourquoi annoncer la mort du projet pédagogique EPS alors même qu’on n’a eu de cesse de se battre pour son existence… Quelle place reste t’il au projet pédagogique EPS ?
4 APSA dans 4 compétences propres différentes… concrètement on fait comment ?
L’argument a déjà été relayé par le SNEP, mais concrètement, il y a, ou plutôt il risque d’y avoir, un grand malaise et de grandes difficultés pour les collègues de respecter ce cadre. Et il est évident de se rendre compte que dans de nombreux établissements, respecter ce cadre sera tout simplement impossible. De plus, il risque d’y avoir des perdants… notamment la Danse… En effet, nous avions rencontré il y a quelques mois Marielle Brun, présidente de l’association « passeurs de Danse », qui nous avait montré que les nouveaux programmes avaient eu un impact positif sur l’enseignement de la Danse, notamment pour un niveau 2, du fait de l’exigence d’atteindre un niveau 2 dans chacun des 8 groupements. Hors, si nous passons l’objectif à 4 compétences, c’est évidemment baisser les exigences ou plutôt consacrer l’effort sur seulement 4 activités. On peut alors assez facilement imaginer que certaines activités vont être moins choisies par rapport notamment à d’autres plus communes et plus évidentes à enseigner. Combien d’équipes feront le choix de la Danse, ou de l’atteinte d’un niveau 2 en canoë kayak ou bien encore au regard des installations, l’atteinte d’un niveau 2 en natation ? Il semble que la question mérite d’être posée…
Enseignant concepteur ou exécutant
« Pour chaque APSA de la liste nationale, un référentiel de notation de 0 à 20 est défini » Il va de soi que les programmes sont là pour créer un cadre, pour délimiter ce qui doit s’évaluer, encore plus dans le contexte d’une évaluation certificative nationale. Toutefois, proposer un référentiel de notation de 0 à 20 national revient à minimiser le rôle de l’enseignant d’ EPS (fonctionnaire de Catégorie A, concepteur et non exécutant) et encore plus l’équipe (voir partie sur le projet EPS), en minimisant son travail, son rôle, ses compétences d’enseignant concepteur novateur… Faites nous confiance…
Noter une compétence !?
Autre point tout aussi important, la question de la note pour l’atteinte d’une compétence… Paradoxe important mais aussi révélateur d’un problème quotidien des collègues et le besoin d’avoir des réponses claires. En effet, l’élève est compétent ou pas ! Il valide ou non un niveau de pratique et ainsi comment lui proposer une note ? Pour ma part, si l’objectif est l’atteinte d’un niveau 2 de pratique dans une compétence donnée et que l’élève atteste un tel niveau, il mérite un 20/20. L’évaluation d’une compétence est binaire, et de ce fait, elle ne peut pas être justifiée par une note entre 0 et 20. Ainsi, le concept de compétence peut être une chance et marque un virage dans le système éducatif actuel, proposer un référentiel de notation de 0 à 20 reviendrait à habiller ce que nous faisions avant, sans véritable changement, et en ce sens, l’occasion serait ratée…
Pour conclure : Faites nous confiance ! Oui nous respecterons les programmes et nous serons encore plus pertinents car la démarche des équipes sera centrée sur les besoins des élèves, dans le but de les transformer, de les faire apprendre et de les rendre compétents. Et oui, nous avons besoin de choix importants mais pas de choix restrictifs et d’ un positionnement national, notamment sur les compétences.
Christian Couturier secrétaire national du SNEP, a bien voulu répondre à nos questions concernant les projets de textes sur l’évaluation au DNB et au BAC.
L’inspection EPS présente de nouveaux projets de textes concernant l’évaluation à la fois au baccalauréat et au DNB. Une nécessité par rapport aux nouveaux programmes de la discipline ?
De nouveaux textes (Bac et brevet des collèges) sont en préparation. D’après l’Inspection Générale, ils viennent boucler le dernier cycle de refonte des programmes. Effectivement. Mais ils viennent surtout boucler un cycle, pas très glorieux, où, sans doute pour la première fois dans l’histoire, l’Institution s’est tellement éloignée de la profession et de la réalité que ces textes ne pouvaient aboutir qu’à un déphasage complet avec les préoccupations des enseignants autour de la réussite des élèves. Jusqu’à présent, les échanges et controverses, notamment avec le SNEP, créaient au bout du compte des compromis acceptables. Ça a été encore le cas en 2008 pour les programmes collèges. Mais cette idée même semble insupportable aujourd’hui à l’Institution qui, par les choix de certification au brevet des collèges par exemple, veut remettre en cause ce « compromis » pourtant récent (j’y reviendrai plus loin), en s’appuyant sur un accord explicite entre l’Inspection Générale, le Ministère, et les syndicats ultra minoritaires qui ont le but explicite est de « s’éloigner des APSA ».
Vous évoquez l’éloignement par rapport au terrain, c’est-à-dire ?
Au SNEP, nous avons fait le choix du terrain, en partant de ses réalités, de ses contraintes, et de la profession, en nous appuyant sur son extraordinaire capacité historique à construire au quotidien l’EPS de demain. La politique officielle de l’EPS s’appuie aujourd’hui sur 2 piliers : une approche très idéologique des APSA qui se traduit par leur mode de classement (avec notamment le regroupement infondé dans une même classe des sports collectifs, des sports de raquette, et des sport de combat) et une vision très dégradée de la professionnalité. Alors qu’il faudrait investir massivement dans la formation l’institution fait le choix d’une politique basée sur l’imposition et la contrainte pour obliger les profs à mettre en œuvre ce qui est considéré comme des « bonnes pratiques ».
Pourtant, il était nécessaire de réécrire les textes pour le DNB ?
Il était sans doute nécessaire d’écrire un texte qui permette de dépasser l’existant. Au collège, chacun évalue comme il l’entend, ce qui a produit de l’initiative et de la réflexion, de l’activité pédagogique et didactique, mais qui a l’inconvénient de ne pas créer du « commun » dans le cadre d’une certification de fin de cursus. Le SNEP n’a jamais caché, que ce soit pour le BAC ou pour le DNB, qu’il était favorable à la définition d’un cadre national. Mais nous l’avons toujours conçu dans une tension entre le national et le local pour que l’un ne prenne pas le pas sur l’autre, et surtout qu’au lieu d’ouvrir le débat, on le ferme. Il y a un équilibre à trouver.
Les propositions concernant le DNB sont-elles applicables ?
La proposition actuelle qui consiste à demander à tous 4 APSA dans 4 compétences propres différentes est une manière de contourner le texte programmes que l’IG a elle-même produit et soutenu devant le conseil supérieur de l’éducation et qui est en application depuis peu : les groupes d’APSA doivent être supprimés au seul profit des compétences. Or les collègues a juste titre, et en accord avec les textes officiels, sont aujourd’hui organisés autour des 8 groupes d’activités et travaillent à l’acquisition des compétences de niveau 2. La classification opérationnelle est donc constituée par les groupes d’APSA et non ce que l’on appelle abusivement des « compétences » : produire une performance mesurée, etc. Avec un problème pratique de taille, dans de très nombreux collèges (comme du reste au lycée) l’accès aux pratiques telles que l’escalade (même en SAE) ou la course d’orientation (et a fortiori le kayak !) est impossible. Proposer un choix d’épreuves pour le DNB reposant sur les groupes aurait été plus cohérent. Autrement dit, si ce projet de texte était entériné (et comme il s’agit d’une simple circulaire, le Ministère fait ce qu’il veut, la négociation n’étant plus à l’ordre du jour), nombre d’établissements ne pourront répondre aux exigences… la mise en place de règles qui seraient concrètement inapplicables est inconcevable. Le fait que la proposition puisse être faite montre bien que la coupure entre l’Institution et le terrain est réelle, et, il faut le dire, relativement nouvelle. Et la circulaire ne s’arrête pas là. Comme l’institution doit avoir l’intuition que ça risque de ne pas passer pratiquement, on va rajouter des contrôles et validations en permanence. Voici ce que dit un des articles du projet de circulaire :
« 3. Organisation pédagogique
L’équipe enseignante formalise un protocole… Ce protocole est adressé à l’inspection pédagogique régionale d’EPS pour avis de conformité. Il est exposé en conseil pédagogique, validé par le chef d’établissement et présenté pour information au conseil d’administration du collège.
Les élèves et leurs familles doivent être informés de l’organisation et des niveaux de compétences et de connaissances exigés »
Rien que ça ! 4 instances mobilisées. Aucune autre discipline n’est autant « sous contrôle ». On voit aussi qu’il y a une anticipation sur le renforcement du rôle du chef d’établissement qui valide, seul, le protocole. En plus lorsqu’il sera, comme c’est prévu bientôt si on laisse faire, l’évaluateur-notateur du prof, gare à celles et ceux qui n’auront pas le doigt sur la couture du pantalon. Nous demandons le retrait de ce paragraphe. Pourquoi faut-il que l’EPS devance les réformes ? Cela dit, c’est logique, plus on veut légiférer, imposer, contraindre, plus il faut un arsenal de mesure coercitives et une surveillance minutieuse.
Nous avons parlé du Brevet mais concernant le Baccalauréat, qu’en est-il ?
Le problème est un peu de même nature. Il s’agit d’abord d’ajouter une nouvelle contrainte aux équipes avec la même préoccupation : tout faire pour interdire des menus proposant des sports co et des sports de raquettes. Car la théorisation actuelle repose sur l’idée, moralisatrice, que l’on s’affronte ou on s’oppose trop ! Le problème c’est que « l’opposition » n’est ni une vertu ni un défaut. On s’oppose aussi quand on joue aux cartes ou aux échecs, on « s’oppose » dans de nombreuses autres activités que celles de la CP4, et en sports co la coopération est au moins aussi importante, sinon plus, que l’opposition. Comment comparer par ailleurs une opposition réglée, jouée, acceptée, avec une opposition « en général »… Il serait possible de développer largement, mais c’est inutile car les enseignants voient bien, et nous le disent en permanence, que ce mode de classement ne va pas.
Mais là aussi les retombées sur le terrain sont plus importantes que l’idéologie qui génère les choix. Dans la grande majorité des établissements scolaires, la nouvelle imposition (3 APSA dans 3 compétences différentes), combinée à l’obligation de la CP5 au niveau 4 pour tous (seule compétence à bénéficier de l’obligation pour tous) conduit à ne plus permettre de choix de programmation et à imposer la CP5 au Bac : les élèves en ayant obligatoirement fait 2 cycles et étant au niveau 4 (théoriquement), la logique voudrait qu’elle soit proposée à tout le monde au BAC ! Seul les très gros établissements pourront proposer en parallèle beaucoup de menus différents.
L’argument donné repose sur la diversité et les notes. La diversité, difficile aujourd’hui de faire plus divers : 8 groupes au collège, ce qui donne en moyenne pas loin de 10 APSA différentes programmées, autour de 6 différentes au lycée : pour peu qu’il n’y ait pas beaucoup de recoupements entre les programmations des collèges et lycées (c’est le cas par exemple de mon établissement), un élève peut avoir fait pas loin d’une quinzaine d’APSA différentes. On nous répond alors que le problème ce n’est pas les APSA, mais les compétences propres… qui ont été construites arbitrairement pour classer les APSA… on tourne en rond.
Peut-on voir ici une nécessité par rapport aux notes des élèves au BAC ? Avec notamment celle des filles…
Concernant les notes, la moyenne des notes du BAC montre à l’évidence que la discipline ne sanctionne pas. Personne aujourd’hui n’est refusé au Bac à cause d’une mauvaise note en EPS. Alors continuer à agiter et s’appuyer sur les notes pour justifier ces impositions n’est pas un argument très sérieux. Nous sommes en train de reprendre les rapports des commissions académiques, disponibles sur les sites (et nous engageons chacun à le faire) pour montrer que les conclusions et orientations qui en ressortent ne correspondent pas aux faits.
Enfin le dernier argument est celui des filles qui, n’étant pas sportives, devraient avoir des propositions en phase avec leur « culture ». D’où la CP5, etc. Le vrai problème est celui de l’enseignement (et non de l’évaluation/certification) et de la culture commune, pour que filles et garçons puissent avoir, après 8 années d’EPS, de véritables pouvoirs pour agir, ou de véritables compétences pour garder ce terme à la mode. C’est une question incontournable. Mais la solution « différencialiste » qui se dessine ne va pas dans le bon sens. Si les filles ne sont pas assez sportives, le rôle d’acculturation de l’école serait au contraire de les « sportiviser ». A l’inverse, si les garçons n’ont pas de culture artistique, il faudrait leur imposer cet enseignement… Si proposer du STEP aux filles leur permet d’obtenir de très bonnes notes dans l’état actuel des référentiels, on ne va résoudre les problèmes de fond de l’enseignement en l’EPS !
Vous avez évoqué lors de notre rencontre que les collègues avaient d’autres problèmes ! Qu’en est-il ?
Oui, en effet, le Bac actuel pose nombre de problèmes qui ne sont et seront pas résolus. Les collègues sont confrontés à :
L’impossibilité d’accéder à des sites pour la pratique des APPN ; situation qui ne sera pas résolu par le Bac.
Un manque de formation en Danse et encore une fois une classification qui ne permet pas de développer la Danse, lorsque l’on peut à la place programmer aérobic ou gym.
La co-évaluation qui n’est pas possible partout et qui ne crée pas d’égalité sur le territoire. Rappelons pour mémoire que le SNEP a été pour le principe de cette co-évaluation (vote pour le précédent arrêté Bac au CSE). Mais ça pose aujourd’hui des problèmes pratiques et de conscience chez les enseignants. Ce problème aurait pu être réglé si l’institution avait mis les moyens pour la faire fonctionner. Elle l’a fait, pour la certification de la voie professionnelle, sauf pour l’EPS ! Nous avons entendu peu de monde se joindre à nous pour dénoncer cette situation.
Enfin, les référentiels, qui ne sont pas, pour bon nombre d’entre eux, adaptés. L’institution vient de nous informer qu’elle consulte actuellement quelques collègues dans les académies : 15 jours approximativement pour étudier et faire remonter… Évidemment, nous n’avons pas été destinataires des projets…. Et vu le temps imparti, les collègues seront mis devant le fait accompli, sans avoir eu leur mot à dire.
Le Bac va donc répondre à des préoccupations qui ne sont pas celles qui importent au quotidien. Il va contraindre, modifier les programmations, obliger à remettre en cause des cultures et des projets d’établissement, pour un résultat incertain et qui, par endroit peut se retourner contre une certaine cohérence. Sauf à avoir une conception étriquée de la culture, pourquoi serait-il inconcevable que proposer un menu avec Danse et Gym, ou natation et javelot ! Les grands oubliés dans cette affaire sont les élèves, leur offrir le plus de choix possible, pouvoir étudier les menus plus finement et organiser un vrai projet pédagogique autour de ces choix. Plus de choix, plus de débats…
Le site du SNEP
http://www.snepfsu.net/index.php
Regard du SNEP sur le DNB
http://www.snepfsu.net/peda/index.php
Regard sur le Bac
http://www.snepfsu.net/peda/fronteps/13dec11.php
L’Association des Enseignants d’Education Physique et Sportive, par l’intermédiaire de son bureau national, nous propose ici quelques réflexions, faisant suite à la lecture du projet d’évaluation au DNB et au BAC.
La première réflexion porte sur la volonté d’harmonisation de l’ensemble des textes programmatiques et certificatifs de la discipline. En cela, nous ne pouvons que partager cette volonté qui donne une cohérence d’ensemble à l’EPS. Cohérence interne en direction des enseignants, chefs d’établissements, élèves, mais aussi cohérence externe en direction du grand public et des parents particulièrement.
Un chantier important doit être mis en œuvre pour que chacune des équipes EPS des établissements soit à même de proposer une programmation de 4 activités de 4 Compétences Propres différentes de Niveau 2. Ceci implique une nécessaire prise en compte du contexte local d’installations et de formation des enseignants. De ce fait, comment les équipes pédagogiques vont-elles pouvoir satisfaire à la mise en œuvre « d’épreuves organisées conformément au référentiel national d’épreuves » ? Au regard de la difficulté des groupes de travail sur les épreuves du Baccalauréat par exemple, à proposer une épreuve « consensuelle » au niveau national, quels choix de référentiels nationaux seront opérés ? et comment faire si le contexte local ne prédispose pas à la possibilité d’assurer le système de contraintes des épreuves nationales ? (hauteur des murs d’escalade, surface de jeu sur des terrains de sports collectifs)
La problématique de la faisabilité est alors sous-tendue à cette réflexion, notamment en ce qui concerne la Compétence Propres n°2 (c’est à dire « Se déplacer en s’adaptant à des environnements variés et incertains »). En effet, cette compétence nécessite la pratique d’activités de pleine nature (Course d’orientation, canoë Kayak, escalade) ou le reproduisant (Escalade sur structure artificielle, course d’orientation dans parc d’orientation) cela pourrait mettre certains établissements en difficulté (pas de structure appropriée à proximité, financements des déplacements sur un lieu de pratique).
Cette progression dans la validation de 4 CP différentes assure-t-elle le développement harmonieux du collégien cultivé, citoyen et autonome ? Une nécessaire prise de position sur la volonté d’articuler les Compétences Propres avec les Compétences Méthodologiques et Sociales dans chacun des protocoles d’évaluation doit être prise. C’est, nous pensons, ce qui fait le cœur de notre discipline.
Quelle modalité de certification ? La liberté est-elle laissée aux équipes pédagogiques de proposer un Contrôle en Cours de Formation (CCF), un contrôle continu et des examens ponctuels ? Il s’avère plus judicieux de préciser que le contrôle continu permet plus de souplesse et s’accorde avec le sens, spécifique à l’EPS, que l’on peut donner à la notion de compétence. De la même manière, rien n’est précisé quant à une co-évaluation, doit-on penser que la liberté sera laissée aux équipes de mettre en œuvre cette dernière ?
A ce titre, une proposition qui permettrait de valider ce niveau 2 de compétence sur l’ensemble du cursus du collégien de la 6ème à la 3ème, et non uniquement sur la dernière année de scolarité serait plus en adéquation avec les contraintes d’une programmation d’établissement.
La problématique de remontée des notes : si cette idée laisse à penser que cette solution permettra d’avoir un regard exhaustif sur les acquisitions en EPS en fin de collège, la complexité de la gestion des notes du BAC et BAC PRO nous invite à nous poser des questions, là encore, sur la faisabilité et les critères de conformité des protocoles adressés à l’Inspection Pédagogique Régionale. A ce titre, que pouvons-nous envisager quant à la commission d’harmonisation des notes entre établissements ? Le texte laisse trop de déterminants ouverts et non précisés pour garantir une forme d’équité entre les établissements.
La validation par les Inspections Pédagogiques Régionales pose problème. Elle ne pourra se faire qu’avec un temps de retard pour la première session ; s’il y a des corrections de protocoles à envisager par les équipes (notamment en raison de contraintes contextuelles), les élèves devraient en être avertis avant le début du cycle, ce qui signifie que le protocole soit validé au plus tard en juin de l’année précédente. Par exemple, les compétences propres peuvent-elles être validées dans des conditions plus faciles ? Ou selon des formes de pratiques scolaires différentes ou innovantes. Le libellés des compétences dans les APSA ne dit mot du contexte dans lequel on les valide, or les enseignants, pour construire des protocoles, vont travailler sur ces contextes (réalistes du point de vue des élèves, des conditions matérielles…).
Si la certification doit s’opérer conformément au socle commun de connaissances et de compétences, quelle sera la part de chacun des items du socle commun dans les protocoles d’évaluation ?
Si le niveau demandé dans chacune des APSA est le niveau 2 ; à quoi correspond ce niveau ? 10 ou 20 ? A notre sens 20/20.
Le site de l’AE-EPS
Sur le site du Café
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