Par Pierre Gerarni
Comment l’école contribue à l’éducation au numérique ? Telle est la question, centrale, posée lors d’une des conférences au salon Educatice, jeudi 24 novembre …
L’école et son rôle
Faire en sorte que les élèves soient capables d’apprendre dans une société en pleine évolution de façon créative et critique mérite un travail de l’école sur le numérique. Les chercheurs montrent qu’on a tout intérêt à s’appuyer sur les pratiques et les usages hors l’école pour les investir dans l’école. Les élèves ont des lacunes et le savent. Ils perçoivent qu’ils ont abordé des points particuliers mais ont conscience d’être en difficulté pour mettre du sens et du lien entre ces « oasis » explorées. Là entre en scène l’école pour apporter des apprentissages, élargir les domaines de recherche. Il s’agit de former des élèves compétents et responsables.
Sortir des caricatures
Pour l’une des intervenantes, Barbara Fontar, chercheuse en sciences de l’information et de la communication, dès qu’une nouvelle pratique prend de l’ampleur on voit se développer des discours contradictoires. La télévision traite internet et les réseaux sociaux comme un territoire à risque, lieu de tous les dangers (addiction, escroquerie, pornographie …). Beaucoup de parents projettent alors sur leurs enfants ce que les médias, renforçant le fossé générationnel, relaient. Ils en éprouvent de la méfiance à l’égard de la dimension communicationnelle. Pourtant, la jeunesse est une catégorie sociale construite dont la définition ne résiste pas au temps et est très mouvante. Ses modes de communication ne peuvent être résumés de façon caricaturale et simpliste.
Des pratiques qui évoluent selon l’âge
Les pratiques d’internet sont déterminées par l’âge des jeunes, souligne encore Barbara Fontar. L’enfant d’âge primaire s’en sert peu, dans une pièce commune, étant souvent accompagné par un de ses parents. Il a besoin d’aide par manque de compétences. Sa toile n’est pas encore tissée. Ses centres d’intérêt sont plus la télévision, les jeux, les dessins animés, qu’internet auquel il se connecte en pointillé, souvent encore pour jouer. Le pré adolescent, dans un entre-deux, a une pratique plutôt solitaire. Il passe de plus en plus de temps sur internet avec ses copains, écoute de la musique, et effectue des premières recherches scolaires et personnelles. Le lycéen, seul et de sa chambre, est un usager quotidien. Il ne flâne plus et sait où il va, principalement sur les réseaux sociaux. Musique, discussions en ligne, recherche, mails, actualité, téléchargements et achats sont au cœur de son activité internet.
« Digital natives » … mythe ou réalité ?
« Digital natives » et hyper compétence sont des mythes qu’il faut faire tomber. Les jeunes ne sont pas des génies parce qu’ils sont nés avec. Les adultes se sentiraient dépassés mais oublient les rôles joués par l’entourage de l’enfant, par l’école, qui sont déterminants. Ne nous y trompons pas. Les enfants ont de faibles compétences techniques et ont beaucoup de difficultés à mettre de la distance par rapport à la norme.
Cela ouvre un nouveau chantier et investit notamment l’école d’un rôle essentiel
Pierre Gerarni