Par François Jarraud
Malgré les difficultés techniques et les réticences, les outils mobiles, Smartphones, tablettes et autres baladeurs, commencent à connaître nombre d’applications pédagogiques. L’avenir sera-t-il nomade ou bien ces outils resteront-ils dans le domaine de l’expérimentation ? Françoise Solliec animait pour le Café cette conférence le 24 novembre au Salon Educatice. Autour d’elle trois acteurs : deux enseignants expérimentateurs et une responsable en charge de ce dossier pour la Dgesco.
Julien Staub, professeur d’histoire-géographie à Clermont-Ferrand, a utilisé des téléphones portables pour une vaste enquête sur le bruit dans l’agglomération clermontoise. Les élèves ont effectué des évaluations sonores du bruit dans différents quartiers en utilisant la fonction d’enregistrement des téléphones et des applications pour smartphones permettant de calculer l’intensité du bruit. Ils ont géolocalisé ces mesures et ces enregistrements pour obtenir un traitement cartographique du bruit avec des logiciels comme Kinomap ou Noise Tube.
Le résultat est époustouflant. Les élèves ont su synthétiser les résultats et ont pensé les représentations. Ils ont réfléchi aux problématiques d’aménagement urbain. Ils ont aussi fait évoluer leur représentation du téléphone mobile et travaillé sur les usages privés et publics de cet objet.
Avec Philippe Chavernac c’est un autre objet mobile qui est utilisé, en l’occurrence une tablette Samsung. Professeur documentaliste, Philippe Chavernac a fait travailler des lycéens du L.P. Ferrié de Paris sur une comparaison entre presse numérique et presse en ligne et finalement la construction de l’information. Mais il s’est aussi livré à une observation précise des usages de la tablette par les élèves et des retombées sur la pédagogie. Si la tablette soutient la motivation des élèves, elle met en place aussi des postures bien différentes de l’ordinateur. « Quand l’élève travaille », nous dit P Chavernac, « c’est comme s’il travaillait sur un livre. La tablette est posée à plat et il reste en interaction avec l’enseignant.
Michèle Monteil abordait la question sous un angle institutionnel. C’est que les tablettes et autres mobiles perturbent l’ordre informatique des établissements. Ainsi comment assurer la conservation des logs pour ces objets ? Comment assurer le filtrage ? Comment faire la maintenance de parcs qu’on ne peut pas traiter à distance aussi facilement que le parc PC ? Si la tablette « introduit un apprendre ensemble autrement », elle génère aussi des problèmes. Ce n’est sans doute pas le moindre de ses intérêts que sa capacité à remettre en cause et l’enseignement, puisqu’avec le mobile l’accès à la connaissance peut avoir lieu partout, et l’administration du système éducatif.
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