Par Françoise Solliec
Alors que s’ouvre le salon Educatice et que Luc Chatel reparle du grand plan numérique, l’association des régions de France, ARF, rend publique une enquête sur les moyens investis dans ce domaine par les régions et constatent que les progrès de la France sont toujours insuffisants en matière d’usages. Comment dépasser ce blocage ?
Pour François Bonneau, vice président de l’ARF pour l’éducation, le numérique est un levier qui doit être activé le plus tôt possible pour les jeunes qui vont vivre dans une société de la connaissance. Certes, le numérique « n’est pas la panacée, mais il constitue une opportunité extraordinaire » complétant l’enseignement présentiel. Il offre la possibilité de mettre en ouvre des stratégies complexes et performantes pour la construction des jeunes et un support nouveau pour du travail collaboratif ou individuel.
Depuis plusieurs années, les régions n’ont cessé d’augmenter les équipements informatiques dans les lycées (2,7 élèves par ordinateurs en moyenne en LGT aujourd’hui) et les taux continuent à croître. Pourtant, il semble bien que les usages ne soient pas à la hauteur des investissements et que les manuels numériques peinent à trouver leur place.
L’enquête commanditée par l’ARF sur les investissements des régions dans l’accompagnement du numérique éducatif fait part des réponses des 22 régions métropolitaines. Six d’entre elles déclarent ne consacrer aucun moyen à la maintenance des équipements, les seize autres y consacrant l’équivalent de 555 ETP (emplois temps plein). En ajoutant les emplois dédiés de certains TOS et les contrats passés par les régions, on peut estimer cet effort à 1000 ETP. En ce qui concerne l’assistance aux usagers, dont il n’est pas toujours facile de calculer la part dans les investissements, dix régions y consacrent 120 ETP, 13 rectorats 150, mais ces derniers moyens sont en baisse régulière.
En ce qui concerne la formation continue des enseignants, les moyens viennent traditionnellement de l’Etat (les 11 réponses de rectorats font état de 180 ETP, dont 110 en Rhône Alpes), mais deux régions investissent dans des formations ciblées (ENT notamment). Par ailleurs, les régions diversifient de plus en plus les équipements (TNI, portables, tablettes) et ont toutes mis en place un ENT, alors que les crédits et les moyens de l’Etat sont en baisse. Quelques conventions lient cependant rectorats et régions.
Constatant que la France n’a pas rattrapé le retard par rapport aux usages et à la maîtrise du numérique cité dans le rapport Fourgous de 2009, les régions demandent au ministre d’investir davantage dans la formation –initiale et continue – des enseignants et dans l’assistance aux usagers. Bien qu’elles n’aient reçu aucun moyen supplémentaire, les régions ont dégagé 555 ETP sur leurs fonds propres pour la maintenance informatique dans les lycées. Cela montre tout l’intérêt qu’elles portent au développement des TICE. La pédagogie de l’individualisation est importante pour améliorer le niveau et la qualification des jeunes, déclare François Bonneau. Il pense également qu’un travail est à mener sur la place que doivent tenir des échanges et des productions « libres » sur les plates-formes ENT et qu’il y a un dialogue à tenir entre régions, Etat et éditeurs sur la conception d’un manuel numérique.
Henriette Zoughebi, vice-présidente chargée des lycées de la région Ile-de-France, rappelle l’effort important consenti par la région pour le déploiement en 3 ans d’un ENT dans chacun des 469 lycées franciliens, ainsi que le raccordement des établissements au très haut débit. La prise en charge de la maintenance technique représenterait un surcoût de 300 ETP, une décision qui ne se prend pas à la légère, d’autant qu’il faudrait être sûr que l’Etat soit prêt à faire un saut qualitatif pour que les équipements et les outils servent vraiment aux jeunes.