Par François Jarraud
Des Assises organisées par le CRAP, Education & Devenir et l’AFEV les 24 et 25 novembre, on retiendra surtout l’intervention de Bruno Julliard, secrétaire national du PS pour l’éducation, qui a détaillé ce que pourraient être les premières mesures d’un gouvernement de gauche après les présidentielles.
C’est bien pour « peser sur les élections présidentielles », comme l’a annoncé Philippe Watrelot, président du CRAP, que ces 3èmes Assises de la pédagogie avaient été organisées avec Education & Devenir et l’Afev. Sans doute les 170 présents constituaient un effectif trop mince pour cet objectif. Mais la qualité des intervenants et des échanges a suppléé le manque et amené les acteurs à se dévoiler.
Pourtant les désaccords étaient pré programmés pour la première table ronde sur le socle commun. D’un côté les défenseurs du socle : l’historien Claude Lelièvre, le sociologue Bruno Suchaut, Annie di Martino, une formatrice et enseignante. De l’autre les opposants : Pierre Laurent , secrétaire général du PCF et Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU. Mais rapidement les positions sont devenues plus nuancées, un consensus se faisant sur la nécessité de la démocratisation de l’Ecole. Pour B. Groison « on ne peut pas mettre le socle hors du contexte de 2005 ». Du coup la méfiance doit l’emporter envers un socle qui « se réduit à une somme de compétences et de savoirs techniques tel qu’il est porté par le ministère. Si on continue sur cette voie on risque de passer à coté de la réussite d’une bonne partie des élèves ».
Claude Lelièvre a rappelé que Fillion, le père officiel du socle commun, s’était opposé à ce dernier objectif. Du coup lui et ses successeurs ont agi pour saborder le socle commun. « Pour appliquer le socle il faudrait changer le curriculum, les rythmes scolaires, l’école à 36 vitesses, la formation des enseignants ». Il faudrait aussi mettre plus de moyens au primaire et moins au lycée. « On a trop compté sur la hausse du plafond pour relever le plancher » a-t-il conclu.
Mais laissons la conclusion à Bruno Suchaut. Pour le directeur de l’Iredu, « pour appliquer le socle et réaliser de vrais changements dans l’Ecole, il faudrait des moyens pour former et accompagner les enseignants ». Or ils manquent. B Suchaut voit sans le socle tel qu’il existe la possibilité pour les équipes de s’affirmer. Pour la suite « il faudrait penser le changement ».
Nouvelle école, nouveau métier
C’était un peu la tâche de la seconde table ronde réunissant André Ouzoulias, Bruno Julliard, Patrick Gonthier et Jean-Pierre Obin. L’unanimité s’est rapidement faite contre la formation actuelle des enseignants et pour poser les bases d’un nouveau métier. Mais comment ? Il revenait à Bruno Julliard de poser les bases de ce que le PS ferait en cas de victoire de la gauche en 2012. « On ne pourra pas tout faire », a-t-il annoncé expliquant que relever de 10% les rémunérations des enseignants représente un milliard de dépenses supplémentaires chaque année et qu’embaucher 60 000 nouveaux enseignants c’est 2,5 milliards.
Il a annoncé une loi cadre prise très rapidement après l’élection mais préparée par des négociations avant les élections. IL n’y aurait pas de formation initiale rémunérée des enseignants (ce qui pose la question de l’entrée progressive dans le métier) mais un pré recrutement sur critères sociaux. La question de la seconde carrière est posée également. Pour le PS l’urgence c’est le primaire dont il faut relever el budget alors que celui du lycée est plus élevé que la moyenne des pays de l’OCDE. Il faut relancer l’éducation prioritaire. Il envisage aussi une redéfinition du métier enseignants en lien avec une revalorisation. Des objectifs modérés pour construire une école plus juste ? Le débat est ouvert.
François Jarraud