Par Françoise Solliec
Comment se construit pour les académies l’évolution de l’offre de formation ? En Ile-de-France, où trois académies se partagent le territoire régional, un travail conjoint entre elles et avec la région est indispensable, afin de préserver une offre diversifiée qui puisse répondre aux besoins de tous les jeunes et tenir compte des atouts économiques locaux.
Dans la révision du PPI-PPR, les objectifs académiques sont tout d’abord de loger les élèves et d’ouvrir les filières nécessaires, explique Joël Doudement, DAET de l’académie de Créteil. Respectant le schéma régional des formations, un contrat de plan Etat région est à négocier avec la région et le préfet. Le PPI est la mise en œuvre de ce contrat de plan. Il porte sur tous les types de formation, est adapté aux enjeux et aux évolutions et est le fruit de divers groupes de travail.
Les académies ont l’habitude de travailler en réseaux, incluant les districts, mais elles sont très intéressées par le nouveau découpage en zones. En amont des discussions sur le PPI, un document d’orientations conjointes Etat région, OCER, a été préparé avec les branches professionnelles. Il est ensuite envoyé aux chefs d’établissement et directeurs de CFA, en les invitant à transmettre leur projet pour la rentrée suivante. Les 11èmes OCER, transmises en juin pour un retour fin septembre 2011, recommandent par exemple de développer les CAP et les bac pro, mais aussi d’arrêter l’ouverture de formations dans le secteur de la mode. Les établissements retournent leur projet d’évolution à la rentrée 2012 et présentent leurs demandes au recteur, qui les étudie en tenant compte du cadrage interacadémique, notamment « dans le respect d’un maillage territorial pertinent compte tenu de l’ensemble de l’offre de formation initiale existante (toutes voies et tous statuts) », comme il est dit dans le document.
L’évolution des formations répond donc à plusieurs critères, déclare Joël Doudement. Il s’agit à la fois de répondre à la demande des familles et de prendre en compte les besoins économiques. L’ouverture d’options suscite toujours un large débat dans lequel l’existence de réseaux d’établissements montre tout son intérêt. Cette année, la réforme des STI a rendu les choses particulièrement compliquées. Comment mettre en place cette réforme dans laquelle on est sur des maquettes de travail en laboratoire et non pluss en ateliers ? Comment réutiliser les surfaces d’atelier libérées ? Quels sont les élèves qui vont aller dans ces filières ? Comment vont-ils ensuite se partager dans les BTS ? La région pourra-t-elle faire face aux achats de logiciels et aux multiples ajustements nécessaires ?
Que ce soit dans le cas de constructions neuves ou de rénovation, le programme pédagogique du lycée, PPL, est un élément déterminant : il fixe l’offre de formation et le nombre de lycéens accueilli dans chaque filière. Mais parfois la région et les académies ne partagent pas la même opinion. Vaut-il mieux ici un lycée de l’énergie ou de logistique de transports ? Le maintien ou le développement de certaines filières peu prisées des jeunes (productique hygiène) interpellent les académies qui proposent alors de geler les formations. La fermeture de filières est en effet un acte lourd de conséquences : « on sait qu’elle ne rouvrira pas » affirme Joël Doudement, notamment en raison du déménagement des machines. Et dans l’attractivité ou non des filières, l’effet établissement peut être important. Certains remplissent dans une spécialité, d’autres en sont loin.
Dans les évolutions des locaux, on veille à mixer davantage les publics (formation initiale, formation continue, apprentissage), en priorité dans les lycées des métiers. Le CFA académique s’est bien développé. Des spécificités régionales ont été identifiées et des pôles (aéronautique, image) devraient voir le jour. Les structures d’échanges et de négociation entre les 3 académies et la région fonctionnent plutôt bien et la réflexion en zones devrait permettre de faire survivre des formations sans trop de problèmes pour les rentrées suivantes, conclut Joël Doudement.