Par Julie Anne
Entretien avec Géraldine Gosselin, prof-doc, dans le cadre d’une série consacrée à la politique documentaire qui, 11 ans après son lancement, veut en évaluer la réception et l’impact dans notre corporation.
Un peu rude, à sa lecture !
Beaucoup trouveront dans cet entretien, qui revient sur sa formation et ses premières années , un miroir de ce qu’ils vivent ou ont vécu (qui ne s’est jamais senti seul en parlant de « politique documentaire » …?). Et certains trouveront ses propos un poil sombres et pessimistes, mais ils reflètent aussi la réalité du terrain pour beaucoup de profs docs. Et ils changent d’un autre discours, qui invite à faire des projets et des bilans, lesquels mèneraient à une reconnaissance. Car même en présentant un projet CDI, même si ce projet est bien reçu par les collègues et le chef d’établissement, il y a toujours ce sentiment que le CDI est l’affaire de la documentaliste, et uniquement d’elle.
La solution pour associer les collègues serait de monter une politique documentaire ? Pas sûr… Ah, sa présentation du chantier « politique documentaire » devant le conseil pédagogique ! S’il y avait des leçons à en retenir, ce serait de ne jamais trop attendre de la construction collaborative (cad : avec le prof-doc ET les collègues de discipline) et/ou de la présentation du projet de politique documentaire, tant que celle-ci restera inconnue hors des murs du CDI. Il semble que les pistes pour une politique documentaire dans son établissement n’aient pas intéressé beaucoup de ses collègues… mais qui parmi vous a réussi à motiver une petite troupe de collègues pour construire ensemble la politique documentaire de l’établissement ?
En travaillant sur ce projet Géraldine Gosselin pensait que ce serait un moyen d’obtenir une reconnaissance, une légitimité. Après son expérience, elle pense finalement que cette légitimité ne passe pas par la politique documentaire parce que les professeurs documentalistes ne peuvent pas attendre que les collègues s’impliquent (visiblement ils s’en moquent un peu) et les profs-doc ne peuvent pas être dépendants de leur bon vouloir. Sa tentative de politique documentaire a été un « échec total » : le projet a été enterré et personne n’en a plus parlé.
Mais on ne peut qu’applaudir à deux mains quand on lit : « Nous avons besoin d’un texte national qui définisse nos missions d’enseignement et non d’une négociation en interne, trop hasardeuse». Et on sent bien la fébrilité de toute une profession face aux différents projets en cours : circulaire de mission, ECDI, PACIFI… La crainte de Géraldine Gosselin est que notre mission pédagogique ne soit effacée et que notre enseignement ne se réduise qu’à une formation technique.
Dur pour le moral de lire ça ! Mais parce qu’elle soulève de vrais problèmes, rencontrés par bon nombre d’entre nous, parce qu’elle pose des questions pertinentes, ce témoignage mérite tout de même d’être diffusé… et lu. Allez, à côté de ce témoignage dur à digérer mais reflet de quelques réalités de terrain, on a une demande officielle : la pol doc, présentoir et trampoline pour nos projets, qu’on a le droit, voire le devoir, de présenter en réunions plénières. Pourquoi bouder ce menu plaisir ?
L’entretien sur Les Trois Couronnes
http://esmeree.fr/lestroiscouronnes/idoc/blog/retour-sur-la-politique-documentaire-en-milieu-scolaire-1