Les vacances, un temps pour « buller »

A l’heure du Tour de France, un plongeon dans les deux volumes de Christian Lax. Certes ce n’est pas le grand tour, c’est Paris Roubaix. Mais on trouve dans ces deux volumes, dans des dessins subtilement mis en couleur dans les bistres, les tons de terre, une très très belle histoire . Avec ses relents de jeunesse destinée à la mine, de guerre (la première, mondiale), de héros sportifs et de naissance des médias moderne, de mine et de charbon… on voit se dessiner dans la souffrance des pavés, des enfants de la mine, de la perte de ses parents, des orphelinats, etc, la souffrance des gens ordinaires, l’histoire ordinaire en des temps extraordinaires. La volonté de s’en sortir s’exprime ici par l’effort, celui de pousser sur les pédales encore, encore et encore…

Touche sensible, l’angle qui touche : la jeune femme qui veut devenir journaliste, reporter d’un Paris-Roubaix masculin au possible, machiste ; sa bataille, son credo, sa couardise, son talent, et la peinture d’une société qui se métamorphose… un petit peu. De l’espoir en cartouche.

Lax. Pain d’alouette. Futuropolis, octobre 2009

Tome 1 : première époque. Tome 2 : deuxième époque

Comment, vous ne l’avez pas encore lu ? Alors, arrêtez tout et foncez le prendre et vous installez ensuite confortablement, pour en lire d’une traite les 334 pages. Mais non, pas d’un seul souffle ! C’est un ouvrage dense, non pas tant par le scénario que par son dessin, sa texture, ses multiples détails qui font un de ces livres qu’on prend plaisir à lire et à relire pour tâcher de trouver des petites perles qu’on n’avait pas vu la fois précédente.

Déjà, le livre, l’objet : beau. Couverture en carton brut un peu épaisse, violet et gris clair, avec une jaquette en quadrichromie, à l’image de l’oeuvre.

Ensuite, le scénario : l’histoire d’un architecte de papier à succès mais qui, à la suite d’un incendie détruisant son chez-lui (colère céleste ?), part, sans se retourner, le plus loin possible. Et on se retrouve à le suivre dans son road-movie vers l’inconnu, mais aussi dans son passé, où l’on revit avec lui les heurs et malheurs passés.

Enfin, le trait : celui du dessin comme celui du texte. Un trait fluide, façon ligne claire, qui laisse champ libre à de

grands aplats de couleurs – qui varie en fonction des lieux parcourus et/ou (re)vécus. Mais aussi un trait qui signale, au sens premier, les personnages : chacun voit son texte mis en valeur par un lettrage particulier, en fonction de leurs personnalités. Et les rapports entre les gens sont également signifiés par l’adéquation, ou non, entre leurs dessins : la passion amoureuse entre le héros et son Hana voit leurs traits (couleurs et lignes) fusionner.

Bref, si cela aurait pu virer facilement à l’exercice de style – ce qu’il est par ailleurs, assurément : quelle performance !- on se met en empathie avec ce personnage et on se prend à plonger avec le narrateur dans quelques-unes des questions existentielles touchant à des thématiques universelles : la vie, l’art, l’amour.

Un livre qui parle autant à notre intellect qu’à notre sensibilité.