Secrétaire général du Se-Unsa, Christian Chevalier réagit à la remise du rapport sur le réforme des rythmes scolaires. Pour lui les choses peuvent bouger si les acteurs de l’Ecole y trouvent leur compte. Mais ce compte-là est-il ouvert rue de Grenelle ?
Quel regard jetez vous sur la remise du rapport du comité de pilotage sur les rythmes scolaires ?
Le ministère ne prend pas de décision. Il annonce que la réflexion doit continuer avec les partenaires de l’Ecole. Ca ressemble à un enterrement de première classe…
Une mesure importante pour le primaire c’est le retour aux 4 jours et demi.La semaine de 4 jours avait été très critiquée.
C’est le même président de la République qui avait imposé la semaine de 4 jours qui maintenant se rend compte que cette semaine est loin d’être positive ! Toujours le même a impulsé « l’aide personnalisée » pour laquelle on attend toujours un bilan… Si maintenant il faut revenir à 4 jours et demi il faut dire comment on va l’organiser. La journée d’école va-t-elle être raccourcie ? Va-t-on revoir les programmes ? Il y aura aussi la question de savoir si le retour à 4 jours et demi doit être organisé nationalement ou localement. Tout changement dans les rythmes affecte tout le système éducatif.
Evidemment, il faut que l’intérêt des enfants soit entendu. Mais il faut aussi trouver le point d’équilibre avec la vie de la société autour de l’école et celle des collègues. Même si on a le sentiment qu’ils peuvent s’approprier cette nouvelle semaine.
L’autre proposition phare c’est la réduction des vacances. Qu’en pensez-vous ?
Dans le premier degré avec la polyvalence et le volume annuel d’heures dues c’est assez facile d’y arriver. Dans le second degré c’est beaucoup plus compliqué. Parce que là ça veut dire travailler deux fois 18 heures de plus. Chatel est-il prêt à mettre sur la table la question financière ? Elle va se poser. Il y aura aussi l’impact sur le bac. A quelle date se terminera-t-il ? Quand les nouveaux bacheliers feront-ils leurs inscriptions dans le supérieur ? Faudra-t-il rouvrir les universités début août ? Il faut bien dire qu’on est dans l’improvisation…
Les enseignants sont-ils prêts à échanger un revenu supérieur contre deux semaines de vacances en moins ?
Personne ne le sait. C’est vrai que les collègues pourraient y trouver leur compte en terme de conditions de travail. Mais d’un autre coté on est actuellement dans une atmosphère de grande méfiance face à tout ce qui vient du ministère. On n’est donc pas dans la meilleure condition pour avancer sur ces questions. Mais je pense que tout n’est pas complètement fermé à condition que les enseignants s’y retrouvent.
Le pire dans ce rapport c’est que, globalement, il fait peu de propositions pour le collège et le lycée. Pourtant il y aurait à dire sur les conditions de travail des lycéens qui font parfois plus de 35 heures par semaine…
Propos recueillis par François Jarraud