Ethique,
morale et déontologie…
Ca pourrait faire rire si ce
n’était pas si grave. D’abord, les faits, puis le
commentaire : une attachée de presse d’Eric Ciotti,
très zélé pourfendeur des
déviants de tous genre, a bidonné un reportage
diffusé le 23 juin au 13 h de TF1 (vous savez, Jean-Pierre
Pernaut…). Elle y joue une jeune mère BCBG
désemparée par l’absentéisme de son
fils, venant se confier au point d’accueil organisé par le
conseil général des Alpes-Maritimes
(président : Eric Ciotti), en introduction d’un reportage
vantant l’efficacité de la circulaire invitant les
administrations locales à supprimer les allocations pour les
élèves absentéistes. Vous suivez
?
Evidemment,
un élu local d’opposition reconnait la dame et informe la
presse qu’elle n’a pas d’enfant… Service commandé ? Cris
d’orfraie à Nice où E. Ciotti,
« choqué », jure qu’il n’a rien demandé.
Evidemment. Démission de l’attachée de presse,
acceptée illico par son employeur.
C’est
là que l’histoire dépasse le petit bidonnage,
lorsqu’elle permet de comprendre le système de fabrication
de l’information. Si ce n’est pas Ciotti, c’est TFI qui bidonne ? « Pas
du tout, répond TF1, « c’est Nice-Matin qui
réalise pour nous les images de certains reportages locaux
dans le cadre d’un partenariat » explique la directrice de l’information
au Monde.
Ah
! On comprend mieux… Nice-matin, ça sent le
clientélisme, penseront les mauvais esprits… « Pas du tout
» se défend le directeur général
délégué du journal. « C’est une
filiale, NMTV, qui réalise les reportages, pas nous… »
Derrière
l’incident, c’est toute la chaine de fabrication de l’information qui
devient brusquement visible : les urgences, la soustraitance, la
déontologie mise au rancart… Combien de journalistes fiers
de leur carte professionnelle sommés plus ou moins finement
par leur hiérarchie de se plier aux règles du
storytelling ? « La réforme des ZEP ? Non, franchement, coco,
t’as pas plus sexy ? Parce que là, il va te falloir encore
5000 signes pour expliquer un truc auquel personne ne comprend rien…
Du people, mon vieux. Du simple, du vendeur… Tu vois, quand le
ministre dit que les Arabes font les bataillons de l’échec
scolaire, on comprend… ». Caricature ? Pourtant, c’est bien ce que
disent nombre de journalistes lorsque les micros sont
éteints.
Combien
parmi les quelque sept millions de spectacteurs qui ont vu le reportage
au journal télévisé sauront qu’ils ont
été abusés ?
Aux
dernières nouvelles, TF1 ferait des excuses lundi.
Jean-Pierre Pernaut
n’envisage pas d’annoncer sa démission. Il semble que la
« responsabilité » des lampistes soit plus grande que celle
des vedettes. La puissance de l’audimat, comme l’a amèrement
constaté hier le
journaliste de Soir 3 Politique qu’a
décommandé hier Luc Chatel, bien que
l’émission soit programmée depuis des semaines,
pour pouvoir s’exprimer au 20h de TF1 sur les fraudes au Bac… Selon
que vous serez puissant ou misérable…
L’information
révélée par France Info