Par François Jarraud
Différents mais tous unis. La deuxième journée des 1ères Rencontres de l’orientation, organisées à Paris par l’Onisep et Centre Inffo, a concentré toutes les réflexions des Rencontres en deux questions : comment concevoir un portail unique pour l’orientation destiné au grand public ? Comment fédérer (ou confédérer) les multiples réseaux existants dans le futur Service public d’orientation tout au long de la vie voulu par la loi de 2009 ?
Fédérer ou confédérer ? « C’est important que chacun garde ses spécificités. Mais il est important que les autres aient accès à l’information sur l’orientation ». Délégué à l’information et l’orientation, Jean-Robert Pitte a tenté à la fois d’apaiser les craintes des différents acteurs de l’orientation et de mobiliser sur l’enjeu que représente le futur « Service public d’orientation tout au long de la vie ». Basé sur la loi de 2009, son déploiement va se faire. Il est appelé à mettre en réseau tous les organismes qui participent à l’orientation, qu’ils s’agisse des jeunes, des adultes ou des chômeurs. Tous seront labellisés « Orientation pour tous » par les services de l’Etat à condition d’accepter de travailler ensemble et d’échanger des informations. Ainsi seront créés un site web, une plate forme téléphonique qui centraliseront les informations, accueilleront le public et dirigeront si nécessaire vers des services plus spécialisés. Dans chaque région on devrait voir se multiplier des structures, comme la « cité des métiers » de Marseille proposant toute l’information sur l’emploi, l’orientation et la formation. « Il est important de travailler ensemble », souligne Jean Michel Blanquer, directeur de l’enseignement scolaire, qui salue « l’esprit d’unité ».
On devine évidemment les réticences et les craintes des uns et des autres. « Il n’y aura pas de fusion » promet JR Pitte. Et le fait que les Rencontres soient organisées par l’Onisep et Centre Inffo montre que des collaborations fonctionnent. Si elles étaient contenues dans la salle, les inquiétudes attendaient les participants à la sortie. Une dizaine de copsys, militants FSU, dénonçaient « le détricotage du service public de l’orientation de l’éducation nationale ». Interrogées par le Café, les copsys craignent qu’à l’intérieur de ces centres communs les missions qui leur sont propres disparaissent. « Il y aura moins de temps pour les établissements scolaires car nous devrons prendre en charge davantage d’adultes ». Elles en veulent pour preuve ce qu’elles constatent dans la Cité des métiers de Marseille. Elles dénoncent les fermetures de CIO. Pour elles, il est clair qu’Internet ne remplacera pas le contact personnel avec les élèves et les familles.
Comment concevoir des services numériques d’orientation ? Certes l’Onisep, le CIDJ , des missions locales, d’autres encore ont déjà ouvert des sites et acquis une grande expérience dans l’accueil des jeunes sur le web. Pourtant tous garderont le souvenir de la brillante intervention de Vincent Merle (CNAM) qui a déconstruit et rebati le projet de plate forme. « N’ayez pas peur du portail unique », a-t-il commencé, « les utilisateurs n’en veulent pas. Ce qu’ils aiment c’est zapper, naviguer d’un site à l’autre. Ils aiment être acteurs ». Ouvrir un site sur l’orientation c’est « donner envie ». Le problème n’est pas de faire entrer l’utilisateur dans un engagement vers une forme d’excellence. « Comment donner envie si on ne donne pas confiance dans la possibilité de progresser ? » L’information ne doit pas se limiter au métier mais aussi montrer qu’on peut évoluer au delà du métier. « On n’est plus à l’époque où on faisait le choix définitif d’un métier comme on s’engage dans une voie sans issue ». Aussi l’information la plus pertinente « c’est celle que l’on construit ensemble avec un professionnel ».
Ce décryptage sous l’angle des usages sera-t-il porteur d’avenir ? L’onisep qui a déjà largement innové en développant des services numériques d’orientation collant aux usages des jeunes (site web, tchat, géolocalisation) devrait annoncer un nouveau service aujourd’hui. Visiblement Pascal Charvet, directeur de l’Onisep, a engagé sa maison dans la mise en réseau voulue par le Service public d’orientation. S’adressant à Julien Veyrier, co-organisateur de la journée et directeur de Centre Inffo, il s’explique. « Le fait d’être ensemble dément ce que disent les frileux. Ce n’est pas casser l’orientation mais l’enrichir. La formation tout au long de la vie ne sera plus un supplément d’âme mais quelque chose de concret ».
Liens :
La première journée des Rencontres
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2011/06/15Mie[…]