Evaluation
: le diagnostic perd du terrain…
Les évaluations de CM2
repoussées en fin d’année scolaire
Selon le Se-Unsa et le
Snuipp, les évaluations nationales de CM2 seront
repoussées en fin d’année scolaire dès
2012. Un transfert de date qui change la nature de ces
évaluations et pose la question de leur finalité.
Va-t-on vers un examen d’entrée en 6ème ?
Nouveau rebondissement dans la saga des évaluations
nationales du primaire. J.M. Blanquer, directeur de l’enseignement
scolaire, a annoncé au Se-Unsa et au Snuipp le 9 mai, un
changement de cap dans les évaluations nationales de CM2 qui
auront lieu en fin d’année scolaire dès 2012.
Une histoire
mouvementée. Alors que les enseignants
s’étaient habitués à une
évaluation diagnostic qui permettait de déceler
les faiblesses des élèves, Xavier Darcos avait
mis en place en 2007 une nouvelle évaluation qui avait
rencontré une vive résistance. Dans un document
d’orientation, le ministre présentait cette
évaluation comme un moyen « de connaître et de
faire connaître quels sont les acquis des écoliers
français à des moments clefs de leur
scolarité, notamment par rapport aux pays comparables.
C’est pourquoi seront créées deux
évaluations nationales témoins qui serviront
à mesurer les acquis des élèves au CE1
et au CM2… Elles seront construites à partir des
connaissances et des compétences légitimement
attendues à ces niveaux de la
scolarité… Elles seront menées au
milieu de l’année scolaire afin que les
professeurs des écoles aient le temps nécessaire
pour organiser leur enseignement. Leurs constats seront rendus publics
et permettront d’apprécier
l’évolution de la réussite du
système éducatif… Le niveau obtenu
lors de ces évaluations mais surtout les progrès
accomplis par les élèves et mesurés
par ces évaluations constitueront le véritable
indice de réussite de la politique scolaire ». En
même temps était annoncé que
« l’évaluation des professeurs des
écoles doit être redéfinie : pour ne
plus s’attacher seulement à la méthode
pédagogique de l’enseignant mais
intégrer les progrès des
élèves ».
Ont suivi deux
années de troubles sérieux, ponctuées
par des refus massifs de faire passer ces tests et d’en faire remonter
les résultats. Les enseignants ne comprenaient pas
à quoi sert cette évaluation mise en milieu
d’année, mais portant sur le programme de
l’année, dont les résultats
étaient finalement remontés nationalement pour
obtenir des statistiques à la fiabilité douteuse.
Les spécialistes s’interrogeaient aussi. Ainsi Nathalie Mons
en 2011 : « Le Ministère se heurte actuellement au refus d’un
dispositif dont les objectifs politiques ne sont pas clairs. S’agit-il
d’une évaluation diagnostic ? Elle doit alors concerner tous
les élèves en début
d’année. S’agit-il d’une évaluation bilan qui
donne une photo des acquis des élèves
à un palier particulier du système
éducatif ? Il est alors préférable
qu’elle soit conduite en fin d’année et pour des raisons de
coût sur un échantillon représentatif
d’élèves et d’établissement. Le
dispositif actuel est un mélange des deux qui n’a pas de
sens statistiquement parlant ».
Finalement, en 2010, Luc
Chatel avait plaidé l’apaisement et promis une refonte.
Les évaluations passaient du giron de la Dgesco à
celui de la DEPP (direction des études du
ministère). Et des négociations s’entamaient avec
les syndicats et les parents. Malgré elles, en 2011, les
évaluations ont été passées
dans les formes voulues par X Darcos , à la grande
colère des parents de la FCPE. C’est cette
démarche d’apaisement qui est anéantie par
l’annonce, par la Dgesco, du changement de cap.
Pour Christian Chevalier,
secrétaire général du SE-Unsa,
« le ministère n’a nul besoin d’imposer
un système aussi coûteux pour disposer des
informations nécessaires au pilotage du système
éducatif. Les évaluations sur
échantillons représentatifs répondent
parfaitement à cet objectif ». Le syndicat demande « le développement de
banques d’outils d’évaluation des
compétences du socle commun à tous les niveaux,
et le retour à des dispositifs nationaux
d’évaluations diagnostic en début de
CE2 et de CM2 ».
Interrogé par
le Café, le Snuipp s’inquiète des
finalités de ce changement. « Après avoir
longtemps entretenu un double discours sur ce dispositif
présenté à la fois comme diagnostique
et bilan, le ministère vient de lever le voile sur ses
véritables intentions : ces tests ne sont que des
évaluations « bilan » et rien d’autre.
Leurs résultats ne serviront pas aux
élèves mais seulement au ministère
pour disposer d’indicateurs statistiques dans le but unique
de piloter le système éducatif. Le SNUipp-FSU a
toujours affirmé que cet objectif pouvait être
atteint en travaillant sur un échantillon
représentatif ». Du coup , la mise en place
d’évaluations nationales, dont le srésultats
individuels sont traités nationalement, interroge le
syndicat. « Placées
ainsi en fin d’année, ces évaluations ne
seront pas exploitables par les enseignants à
moins que l’intention du ministère ne soit de
rétablir, à terme, un examen de passage en
6éme ».
La victoire de Copé ? C’est qu’à l’UMP,
Jean-François Copé a fait campagne pour cet
examen d’entrée dès le lancement de la campagne
des présidentielles. Accueillie fraichement dans les rangs
mêmes de son parti, cette proposition semblait
enterrée. La décision du ministère
vient de la remettre en selle au risque de lancer une
nouvelle campagne de « résistance » contre ces
évaluations. On n’a pas fini d’en parler.
Communiqué
Se-Unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article3249
L’analyse de N Mons
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01/1901_NMons_EvalCM2.aspx
Pour les parents de la
FCPE
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01/070111hazan.aspx
Le dossier
évaluation de CM2
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/evaluationsCM2.aspx
Le rendez-vous de l’UMP
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2010/117_2.aspx