Par François Jarraud
Depuis 2008, Eis Schoul, Notre Ecole, fait figure d’exception parmi la centaine d’écoles luxembourgeoises. A vrai dire elle ferait exception en France également. Eis Schoul est une école expérimentale, qui fait appel à C. Freinet et F. Dolto, et dont on attend visiblement beaucoup. Dernière caractéristique : l’école croule sous les demandes…
Créée par une loi spéciale en 2008, Eis Schoul est une école publique, gratuite mais dérogatoire puisque c’est une école de recherche pédagogique. Elle réunit des enfants de 6 à 12 ans, c’est « une école fondamentale », répartis en 4 cycles.
« Trois mots définissent l’école », nous confie Marc Hilger, président de l’école, rencontré au 4ème Forum des enseignants innovants. « De par la loi, l’école est inclusive, démocratique et de recherche ». Inclusive parce que l’école a l’obligation d’accueillir 10% d’enfants à besoins spécifiques. Elle doit aussi veiller à la mixité sociale.
Qu’est-ce qu’une école démocratique ? « Tout le fonctionnement de l’école est basé sur la responsabilisation et la participation des élèves sur les questions d’aménagement des classes, des règles de comportement et de l’organisation du temps scolaire ». L’école est dirigée par un comité d’école élu par le personnel, avec droit de véto ministériel, qui décide du fonctionnement administratif. A sa tête le président d’école. L’assemblée du personnel prend des décisions pédagogiques. Le parlement des élèves prend des décisions sur la vie en commun sous contrôle du président d’école. Un conseil d’école, comportant parents, personnel et enfants, émet des avis et suggestions.
La démocratie dans la classe. Au sein de la classe l’élève choisit ce qu’il veut apprendre, sa méthode et ses partenaires. Il peut apprendre seul ou en groupe. Chaque matin, lors d’un traditionnel « quoi de neuf », l’élève fixe son programme. Son degré d’autonomie est défini par une ceinture, venue tout droit de la pédagogie institutionnelle. En fin de matinée, une séance de restitution , dans un cercle de présentation, lui permet de restituer son travail et de le soumettre à l’enseignant. L’école a l’obligation de préparer les élèves aux programmes officiels définis par l’Etat. « Chez nous l’enfant devient acteur de ses apprentissages. Il est accompagné par l’équipe pédagogique ». Un portfolio retient les travaux de l’élève et atteste de ses progrès. Après les enseignements, qui se terminent à 15h30, des éducateurs prennent en charge les enfants. Educateurs et enseignants ont l’obligation de travailler en équipe.
La part de la recherche. « Nous sommes venus au Forum pour nous faire connaître car nous avons l’obligation d’échanger sur ce projet », nous a confié Marc Hilger. L’école est suivie par l’Université de Luxembourg et par celle de Zürich. Elle souhaite élargir el cercle de ses correspondants et le cercle des enseignants innovants avait de l’intérêt pour els Luxembourgeois.
Peut-on innover pour les autres ? On entre là au coeur du projet Eis Schoul. Cette école spéciale a été créée pour être un laboratoire pour améliorer les résultats de l’école luxembourgeoise. Si innover a toujours l’objectif d’apporter des résultats éducatifs, le transfert des bonnes pratiques est toujours quelque chose de délicat. On enseigne toujours par rapport à un cadre donné et une équipe donnée. Il faudra suivre l’école durant quelques années pour savoir quelles pratiques ont su quitter Eis Schoul pour se banaliser.
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Eis Schoul