Par François Jarraud
Premier syndicat d’enseignants du primaire, le Snuipp est directement interpellé par l’étude de l’Unicef sur les harcèlements à l’école primaire. Pour Sébastien Sihr, son secrétaire général, « si le ministère renforce la formation des enseignants et prend des mesures concrètes pour améliorer le climat scolaire, le Snuipp y participera ».
La publication de l’étude de l’Unicef sur le harcèlement à l’école vous semble-t-elle opportune ?
Il n’y a pas de bon ou de mauvais moment pour étudier cette question. Surtout que cette recherche est descriptive, elle fait un état des lieux des micro violences à l’école primaire. Elle ne vise pas à donner des solutions. Elle va permettre une meilleure prise en compte ce phénomène qui d’ailleurs n’est pas en augmentation.
Neuf élèves sur dix sont bien à l’école. Par contre un sur dix a été victime de harcèlement ou de discrimination. C’est ni général, ni marginal. C’est forcément trop. Cela engendre une souffrance physique et psychologique chez l’enfant et parfois le décrochage scolaire. Il faut porter une attention toute particulière à ce phénomène, dans la conduite des apprentissages scolaires et de l’apprentissage de la citoyenneté.
L’étude révèle qu’il y a encore des élèves battus par leur enseignant. Comment réagissez-vous à cela ?
Il faut regarder l’évolution. L’école d’aujourd’hui n’est plus l’école d’il y a 20 ans où, semble-t-il, ces actes étaient plus courants. Aujourd’hui les enseignants font bien davantage attention à l’intégrité physique des élèves.
L’étude ne propose pas de solution. En voyez-vous ?
Les enseignants dans leur globalité travaillent à ce que les élèves se sentent bien dans la classe. On peut leur demander d’être plus vigilants pour identifier ces phénomènes. On peut faire de la prévention à travers un travail sur le respect de la règle, des sanctions éducatives quand des violences ont lieu. Avant 2008, on avait en classe une heure de débat en éducation civique qui permettait de travailler cela. Elle a été supprimée. On pourrait la rétablir. On peut dire aussi que l’Ecole ne porte pas assez d’attention à la formation des enseignants. Il faudrait une formation véritable à la gestion des conflits entre élèves. Dès la maternelle on pourrait travailler sur les stéréotypes à travers la littérature de jeunesse. Il faudrait aussi faire travailler sur l’empathie, la gestion de l’émotion. Au Québec par exemple on forme les élèves à la pacification de la cour de récréation. Si le ministère renforce la formation des enseignants et prend des mesures concrètes pour améliorer le climat scolaire, le Snuipp y participera.
C’est une enquête publiée par une ONG et soutenue par une entreprise privée qui interpelle le ministère. Que pensez-vous de cette situation ?
L’Unicef y travaille car c’est dans ses compétences. La question maintenant ca va être de connaître les suites que le ministère entend donner en termes de formation et de contenus d’enseignement. Il ne faudrait pas que ce rapport finisse dans un tiroir…
Propos recueillis par François Jarraud
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