Par Françoise Solliec
Les 30 et 31 mars, les Netjournées, organisées par ITOP à Sophia Antipolis étaient pour les plus de 300 participants l’occasion de nombreux échanges et discussions. Les produits évoluent de manière satisfaisante, mais les usages pédagogiques sont-ils au rendez-vous ?
Pour les enseignants présents dans les différents ateliers, l’ENT semble maintenant avoir l’âge de la maturité, notamment dans les collèges des Alpes Maritimes, tous équipés de l’ENT ITOP, ainsi que pour l’académie de Nancy-Metz où l’installation de PLACE se poursuit dans les collèges après avoir été effectuée dans tous les lycées.
Mais la question des ressources numériques perdure et les possibilités de stockage des ressources personnelles dans l’ENT semblent encore un peu frustes. Les enseignants souhaitent pouvoir ne pas être contraints par des produits « inertes » et se fabriquer leurs scénarios à partir des multiples possibilités offertes, ce qui pose aussi la question des droits et des capacités de modifications. Afin de répondre aux besoins importants des enseignants à ce sujet, un groupe de travail a été mis en place par le ministère sur l’intégration des ressources dans l’ENT. Dans la dynamique du grand emprunt, un cahier des charges devrait être rédigé pour la construction d’un connecteur universel et transparent.
Depuis 2 ans 69 collèges, suivis par le ministère, expérimentent les manuels numériques en 6ème et 5ème. Quelques départements, dont les Alpes Maritimes, ont pris à leur charge la fourniture de manuels numériques dans d’autres collèges volontaires.
Un coordonnateur TICE des Alpes Maritimes estime que la première question, c’est le choix du manuel. Ensuite, l’accès à la ressource peut être compliqué, car les éditeurs numériques ne sont pas forcément réactifs aux problèmes de maintenance ou de fonctionnement. L’utilisation des ressources de Sesamath ou de Livrescolaire.fr semble néanmoins poser peu de problèmes, en dehors de l’obligation de création d’une base de données élèves, gérée par l’établissement. Les manuels, parfois personnalisables et toujours video projetables apportent à l’enseignant une plus-value certaine. Ils regrettent néanmoins que l’on ne puisse faire de lien direct vers une page dans le cahier de textes. Ils expriment aussi le besoin de davantage de personnalisation, de paramétrage et d’exercisers. Enfin, ils aimeraient que les connecteurs tiennent compte de la structure de l’établissement.
Au collège Bertone d’Antibes, différents test ont été effectués avec des manuels interactifs, interactifs enrichis et des retours de travaux des élèves sur l’ENT. Dans certains cas, les manuels papier ont été utilisés en parallèle.
Les enseignants ont tous bénéficié de 4 demi journées de formation. Cela semble constituer une bonne entrée vers les usages, bien que les éditeurs aient longs à fournier les version spromises. Les élèves participent bien et sont assez séduits par les quizz. Seul bémol, les élèves travaillant plusieurs heures de suite dans l’obscurité se plaignent de fatigue oculaire, et ceux qui sont dans les derniers rangs ont beaucoup de difficultés à lire le manuel.
Les parents, de leur côté, émettent un avis assez nuancé car le travail régulier à la maison avec les manuels numériques suppose de pouvoir disposer d’un ordinateur par enfant.
Pour une utilisatrice lorraine, le choix du manuel est effectivement hyperimportant. Les relations avec les éditeurs ne sont pas toujours faciles et il importe d’avoir certaines garanties sur les produits : par exemple d’une année sur l’autre, certains liens deviennent obsolètes ou pointent sur d’autres sites.
L’utilisation avec les élèves en salle informatique permet de travailler de manière individualisée.
Pour Pascal Faure, CTICE de Nancy-Metz, les manuels d’aujourd’hui ne sont pas ceux qu’il y aura demain. Les manuels disciplinaires répondent à des cultures très différentes. Il faut laisser le temps aux éditeurs d’élaborer des produits plus satisfaisants et de définir un modèle économique stable.
La réunion de janvier à Lyon entre les participants à l’expérimentation a dégagé des conclusions également nuancées. « Le travail d’amélioration des conditions d’expérimentation doit se poursuivre, tant sur le plan des équipements et de la mise en œuvre technique que sur le plan pédagogique en renforçant les échanges avec les éditeurs de manuels scolaires » est-il précisé sur Educnet. Le manuel numérique a encore beaucoup à évoluer, tant pour offrir aux enseignants un outil conforme à leurs souhaits que pour pouvoir être facilement lu avec les élèves en classe : il devra sans doute se rapprocher de la notion de portail selon les participants au séminaire de Lyon.