Par François Jarraud
Impressionnants les jeunes élèves présents le 23 mars au ministère de l’éducation nationale ! A ceux qui doutent des effets positifs de la pédagogie de projet et de l’efficacité des TIC pour l’enseignement, ils apportaient, grâce aux projets eTwinning, un démenti flagrant.
Le 23 mars, le ministère de l’éducation nationale, représenté par Jean-Michel Blanquer et Jean-Yves Capul, sous-directeur des programmes d’ enseignement, le CNDP et son directeur Patrick Dion, et la Commission européenne, représentée par Sylvie Thomas de l’Agence Europe Education Formation France récompensaient 12 classes participant au projet eTwinning. Ce dispositif invite des enseignants des états européens à mener des projets d’échange entre leur classe et des élèves des 31 états européens en utilisant une plateforme qui a largement démontré son utilité. eTwinning intéresse au premier chef les enseignants de langues mais chaque projet déborde sur les autres disciplines et les entraîne. Ce n’est pas là sa moindre qualité !
Mémorables ! Il parait que « les élèves français ne sont pas les plus mauvais en langues », comme l’assure Jean-Michel Blanquer, directeur de la Dgesco. Mais, à coup sur ils n’ont pas ma réputation d’être les meilleurs ! Pourtant les deux fillettes de l’école élémentaire Tordo de Tourrette-Levens près de Nice vont stupéfier l’assistance. Passant de l’anglais à l’italien, de l’allemand au français, avec un accent remarquable et une aisance remarquable, elles montrent que l’enseignement des langues au primaire peut être une grande réussite. Leur enseignante, Elisabeth Gustovic, utilise la visioconférence pour les faire échanger avec des écoliers européens. Cesjour slà, nous dit-elle , « même les élèves malades viennent à l’école » !
C’est un peu ce que nous a dit aussi Isabelle Lévêque, professeur d’anglais au lycée Edouard Herriot de Sainte Savine dans l’Aube. Avec ses élèves de bac professionnel hôtellerie -restauration et textile, elle a échangé, toujours avec la fameuse plateforme, avec des lycéens de 7 pays différents. Un souvenir les a particulièrement marqués : l’échange d’ingrédients de cuisine parfaitement inconnus et l’invention de recettes pour les mettre en valeur. Les élèves ont travaillé la marjolaine et le Kopr (une forme d’aneth) tchèques pour cuisiner un dos de cabillaud et un millefeuille. L’expérience va bien au delà des langues. Certes les élèves ont apprécié d’échanger en anglais avec de vraies personnes. Ils ont découvert que la culture européenne existe, qu’ils partagent avec de jeunes polonais ou suédois des goûts, des expériences et des projets. Pour les enseignants, nous assure Isabelle Lévêque, eTwinning a considérablement amélioré le climat de classe, pour un groupe jugé difficile en début d’année. Les élèves ont relevé le challenge du projet et les professeurs ont appris à travaillé ensemble , entre disciplines générales et aussi entre le professionnel et le général. En fin de matinée, le directeur du CNDP, Patrick Dion dénonçait « les diviseurs » et vantait les liens : »c’est grâce à eux que la connaissance progresse et que l’on progresse dans les champs des sciences et de la morale ». Peut-être visait-il des diviseurs illustres. Mais il était bien en harmonie avec ce qu’ont vécu les participants à eTwinning.
Des projets qui grandissent. On nous pardonnera de ne pas présenter les dix autres projets, dont on trouvera trace à l’adresse ci-dessous, pour pouvoir aller directement aux enseignements de cette journée. Incontestablement eTwinning fait progresser les élèves, écoliers, collégiens et lycéens; en langues. Cela pour une raison évidente : ils sont mis dans des situations de communication réelles. Et même parfois très stimulantes si l’on en croit les collégiens de Paul Vilar (La Courneuve) qui ont du échanger avec une classe de jeunes filles maltaises… eTwinning apprend aussi aux élèves à utiliser une plate forme d’échanges, à envoyer des mails à des personnes inconnues, à utiliser un ning et donc à valider le B2i « pour de vrai ». Les projets ont presque toujours une dimension citoyenne. Ainsi les lycéens de Yourcenar (académie de Versailles) ont réalisé des contes en commun avec des jeunes de trois pays, ce qui n’est pas la façon la plus anodine de découvrir l’altérité. Ailleurs c’étaient de stravaux sur le développement durable ou le handicap. Mais l’apport peut-êtrele plus important se voyait dans l’aisance et la tenue de ces jeunes, fiers de leur école, de leurs enseignants et d’eux-mêmes. eTwinning sert aussi à faire grandir, à penser les plaies de l’école et à créer du communautaire. Un travail vraiment européen.
Liens :
Il y a forcément un projet eTwinning près de votre école ou établissement