Par Françoise Solliec
Comment les médaillés d’or des finales nationales en sont-ils arrivés là ? Comment vont-ils vivre les prochains mois jusqu’à la compétition de Londres ? Deborah Teinturier, médaille d’or Services en salle, nous fournit quelques réponses.
C’est après un parcours quelque peu original que Déborah Teinturier, 22 ans, ici sur une photo prise par le photographe de la région Ile-de-France, a acquis sa médaille d’or Services en salle. Titulaire d’un baccalauréat STL, elle s’est engagée d’abord dans une CPGE avec la perspective d’une carrière d’ingénieur chimiste. Mais elle a vite réalisé que ce n’était pas pour elle et, atavisme familial aidant (sa famille est dans l’hôtellerie depuis 6 générations et elle a eu largement l’occasion de participer à différentes fonctions pendant ses vacances), elle a choisi de suivre une remise à niveau au lycée Jean Drouant de Paris, puis un BTS option arts culinaires.
C’est moi qui ai décidé de me présenter à des concours et les Olympiades m’ont très vite attirée, explique-t-elle. Mais j’ai été très bien encadrée, tant dans mon établissement que dans mes lieux de stage. Le lycée m’a accordé tout ce que je souhaitais et au niveau des fournitures et m’a permis un entraînement quotidien.
Les épreuves ont mal débuté : nous avons été informés tardivement de la dimension réelle des tables que nous devions dresser et ce n’étaient pas celles qui nous avaient été transmises auparavant. J’ai passé la soirée d’avant à recomposer les croquis avec un de mes professeurs, mais heureusement notre solution était bonne.
Dans l’ensemble le niveau était assez difficile, notamment au niveau du service gastronomique. Il y avait beaucoup d’éléments à dresser au guéridon, vinaigrette, filetage, découpe, en veillant à ce qu’il n’y ait pas d’arêtes et à ce que les plats se gardent chauds. Il fallait ensuite commenter un plateau de fromages en pratiquant sur chacun une découpe adaptée. Enfin, il a fallu réaliser un flambage. Le bruit aussi était assez gênant, encadrés comme nous l’étions par les scies des jardiniers et les sèche cheveux des coiffeurs.
Finalement, j’ai réussi à rester concentrée sur ma tâche : j’ai appliqué mon entraînement et ça a bien marché. Pendant l’annonce des résultats, j’étais extrêmement stressée, je ne savais pas où je me situais, même si j’étais contente de moi, mais quel soulagement ensuite de savoir que j’avais gagné.
Dès dimanche matin 8 h 30, Déborah et ses camarades se sont retrouvés après une bien courte nuit pour une première réunion de l’équipe de France, avec les encadrants et les anciens lauréats qui vont assurer le support. Pour elle, l’entraînement reprend très prochainement à Deauville, où réside son expert technique, qui sera membre du jury international. Elles sait déjà que pour Londres les attentes sont un peu différentes, notamment sur des techniques de service. Les normes internationales vont désormais guider le travail, alors que le sujet posé sera probablement assez similaire à celui de Paris. L’entraînement physique et sportif se réalisera cette année à Vincennes, en deux fois une semaine.
Et ensuite ? D’abord attendre Londres et voir. Après, j’ai l’intention de travailler dans des maisons prestigieuses (j’ai déjà fait un stage dans un 3 étoiles parisien et au Ritz) et peut-être suivre une licence professionnelle qui sera très utile pour une carrière au niveau international. Le BTS, lui, se présente bien malgré tout le temps qu’a consacré Déborah à son entraînement.