Par Françoise Solliec
Physique, biologie, histoire, littérature, réflexions sur la société … il y en a pour tous les goûts dans cette exposition de la Cité des sciences que le Café a visitée pour vous en compagnie d’Evelyne Hiard, l’un de ses commissaires.
Construite sur 2 plateaux, « Traverser l’espace et le temps » et « Imaginer d’autres sociétés », l’exposition, qui occupe 1600 m2, poursuit et élargit les thématiques déjà abordées du croisement entre la science et la fiction de l’exposition Star Wars d’il y a 4 ans. Réalisée en collaboration avec la BnF et bénéficiant du prêt de nombreux objets de la collection d’Arnaud Grunberg, président de ScienceFiction.Archive.com, l’exposition joue sur l’alliance entre objets, documents, vidéos et animations multimedia et une excellente mise en scène pour offrir au visiteur « une balade immersive » dans les interactions science et fiction.
La science et la science-fiction ont toujours entretenu des rapports étroits, explique Evelyne Hiard. Les agences spatiales emploient souvent des consultants qui sont des auteurs et certains auteurs de science-fiction ont de très bonnes connaissances scientifiques. Nous avons tenté de mettre cet aspect en valeur avec la chronologie croisée qui met en relation grandes avancées scientifiques et ouvrages ou films de fiction.
Dans le premier niveau de l’exposition, consacré à la conquête de l’espace, ce sont tout d’abord les voyages dans la Lune qui sont à l’honneur, avec des références littéraires déjà anciennes (Cyrano de Bergerac, Voltaire, Jules Verne), et des extraits de film balayant le 20ème siècle, ainsi qu’un jeu multimedia, Ralliez la Lune.
On passe ensuite aux aventures spatiales, avec une galerie de combinaisons spatiales, les costumes de Star Tek, la maquette de la sonde Viking, un simulateur d’arrimage (très difficile à faire réussir du 1er coup, précise Evelyne Hiard) et plusieurs jeux multimedia. Le space opera est en vedette avec de nombreux ouvrages (F. Carsac, P. Bordage et magazines de pulp fiction) et films (Star Wars, Dune, 2001, odyssée de l’espace …)
C’est sur l’exploration du temps que se conclut cette première partie et notamment le rapport temps espace introduit par Einstein en 1905. Mais malgré les avancées théoriques, le fantasme du voyage dans le passé ou le futur reste bien présent chez les auteurs de science-fiction (La machine à explorer le temps de Wells, Le voyageur imprudent de Barjavel, La vie sur Epsilon de Ollier, etc.) ou les réalisateurs de films (notamment la série Retour vers le futur).
Le plateau 2, « Imaginer d’autres sociétés » nous fait tout d’abord rencontrer robots et cyborgs, y compris dans leurs applications industrielles, avant de nous confronter à « l’enfer de la ville », symbolisée par des extraits de Métropolis de F. Lang ou les objets de Blade Runner, écrasant l’individu. De même les visions de la société du futur (même depuis longtemps passées) sont plutôt pessimistes et méritent bien leur qualificatif de « dystopies ». Les grandes références sont ici 1984 d’Orwell, Fahrenheit 451 de Bradbury, Le meilleur des mondes d’Huxley, …
L’informatique et les réseaux, le clonage et les progrès de la génétique sont présentés ensuite en points de référence où la réalité rejoint et dépasse la fiction. Un jeu sur monde virtuel et réalité augmentée, un quiz de bioéthique permettent aux visiteurs de réfléchir un peu plus à ces grandes problématiques.
A partir de La planète des singes de Boulle (manuscrit autographe prêté par la BnF), on passe aux conflits des sociétés imaginaires. Ressemblant parfois fortement aux sociétés humaines, elles interpellent sur des conflits religieux, politiques ou environnementaux. Enfin, les extraterrestres sont évoqués au travers de nombreuses œuvres, notamment dans les magazines des années 50. Le cinéma leur a prêté des traits divers avec ET, Aliens, Star Wars, Gremlins et bien d’autres. La rencontre avec ces extraterrestres, amicaux ou non, conclut l’exposition en posant la question de la place de l’homme dans l’univers et celle de son identité.
Dans le parcours de l’exposition, deux salons de lecture sont proposés où les visiteurs peuvent se poser et consulter librement de très nombreux ouvrages prêtés par les grands éditeurs de SF, tels Denoël ou Gallimard Folio SF.
En accompagnement, un site web très riche résume les grandes thématiques de l’exposition et donne accès à différentes ressources dont une chronologie interactive d’événements, de 1865 à 2010 et un ensemble de références (pour approfondir). Un dépliant sortie scolaire et un itinéraire de visite, téléchargeables sur le site, décrivent les activités supplémentaires offertes et peuvent appuyer les enseignants dans la réalisation d’un projet, pluridisciplinaire ou non, utilisant la visite.
L’exposition, inaugurée le 21 octobre, sera ouverte jusqu’au 3 juillet 2011.