Par François Jarraud
La revue pédagogique de l’Université Lille 3 consacre son numéro 47 à un couple qui fait ravage dans les débats sur l’école : celui de la culture et de l’expression. D’ailleurs on a envie d’écrire « culture ou expression ». Car, et Spirale le rappelle, c’est bien dans cette alternative que le débat s’est longtemps enfermé, les traditionnalistes défendant la transmission culturelle et jugeant misérables les efforts de certains enseignants pour encourager l’expression de leurs élèves.
De ce conflit, Sophie Statius nous dit que nous ne sommes plus dans l’après 68 qui valorisait l’expression. « Le soupçon pèse sur les droits à l’affirmation pure de l’individu : nouveaux programmes en France comme au Québec, révision des pratiques vont dans le sens d’une expression plus conforme à la définition deweyenne c’est à dire d’une expression canalisée, encadrée, rendue possible par lamaîtrise ».
Mais pour arriver à cette conclusion, le numéro enquête sur les origines de la culture de l’expression et en trouve davantage les traces dans les pratiques artistiques que dans Dewey, souvent accusé par les traditionnalistes. Plusieurs articles se penchent sur les rapports entre culture et expression dans les pratiques pédagogiques. Ainsi Eric Dumaître analyse en sociologue la culture des professeurs du secondaire et met en doute que l’expression y soit valorisée. On relèvera aussi un intéressant article de Pierre Sémidor sur les rapports entre expression et culture dans l’enseignement d el’orthographe. La thèse de P Sémidor c’est que la volonté que l’on a de faire écrire précocement les enfants nuit à l’acquisition orthographique. Il montre qu’il est possible de penser ensemble la production d’écrit et l’acquisition des graphies : il faut viser la constitution d’un « habitus orthographique » et non l’apprentissage de règles. Voilà un nouveau débat en perspective…
Spirale n°47, Le culture de l’expression.
Le sommaire
http://spirale-edu-revue.fr/spip.php?article1064
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