Par François Jarraud
Les résultats de PISA accusent la politique éducative menée de ces dernières années. Comment inverser les tendances à l’explosion du système éducatif ?
Voilà le graphique qui résume la politique éducative de ces 10 dernières années. On y voit la part des élèves en échec scolaire grave progresser et atteindre 20% en même temps que celle des élites augmente lentement. Autrement dit le système éducatif est en train d’éclater entre un système élitiste accueillant les enfants des bonnes familles et des écoles populaires où les difficultés s’accumulent.
Il accuse les dernières réformes. A quoi ont servi les réformes Robien et Darcos au primaire au vue des difficultés en lecture d’une partie croissante des jeunes français ? Pour B Hugonnier, directeur à l’éducation de l’OCDE, la réforme Darcos est le modèle d’une décision improductive. Si réduire la durée de la semaine scolaire s’imposait, la réforme a abouti à donner aux écoliers français probablement la plus lourde semaine de classe au monde. Si l’aide personnalisée était une bonne idée, sa mise en place alourdit encore la semaine scolaire aux dépens des enfants déjà en délicatesse avec l’école. Elle rend cette aide inopérante. Les 10 années des quinquennats Chirac et Sarkozy ont dégradé en profondeur l’Ecole. Comment s’étonner de voir l’Ecole se couper en deux quand on supprime la carte scolaire ? La politique scolaire apparaît en gros cohérente avec la politique sociale. La « fracture sociale » que prétendait empêcher Chirac apparait au grand jour dans Pisa. Le « Tout est possible ! » s’accompagne très bien du « que rien ne bouge »…
Luc CHatel est-il parti pour remédier à ce déclin rapide ? Pour diminuer l’écart entre classes d’élite et classes populaires il faudrait une politique d’enseignement prioritaire. N’en déplaise à Luc Chatel, le dispositif CLAIR qu’il met en avant a été présenté par lui-même comme un outil pour lutter contre la violence scolaire , pas comme un programme d’enseignement prioritaire. En remettant en question sa survie, le ministre va dans le sens du séparatisme scolaire. La disparition des Rased également : elle renforcera le nombre d’élèves en échec scolaire. L’aide personnalisée au primaire a de telles contraintes de fonctionnement que son efficacité est interrogée. L’accompagnement personnalisé du secondaire est impulsé sans réelle formation. Le Café demandera bientôt à ses lecteurs de l’aider à faire le point sur ce dispositif.
Va-t-on continuer et repartir pour 10 ans de déclin et d’éclatement du système scolaire ? Il devient urgent de bloquer cette évolution. Plus que l’application des modèles de l’OCDE, il faut reconstruire un projet partagé pour l’Ecole. Quelque chose qui aide à « faire société » quand on s’acharne à la détruire.