Par François Jarraud
Dès le 7 décembre, plusieurs syndicats ont réagi, de façon pas toujours convergente, à la publication du rapport PISA.
Pour le Snuipp, « les politiques éducatives susceptibles d’avoir des effets relativement rapides et efficaces sur les résultats des élèves ne peuvent être ni guidées par des objectifs de restriction budgétaire, ni orientées par la mise à mal de la formation des enseignants comme c’est le cas actuellement en France. Au contraire, les leviers identifiés par l’OCDE pour relever le défi des inégalités scolaires sont tout autres. Ils s’appuient sur des parcours scolaires sans redoublement, sur des classes hétérogènes avec un effort particulier en matière de prise en charge des élèves en difficulté, sur une formation professionnelle des enseignants digne de ce nom… Ils impliquent aussi un effort tout particulier là où les les difficultés sont concentrées. Le dernier rapport de la Cour des Comptes faisait état d’un sous investissement de l’école primaire de 15% par rapport à la moyenne des pays de l’OCDE. 15%, c’est 15000 enseignants supplémentaires affectés en priorité en éducation prioritaire pour baisser les effectifs élèves, développer le travail en équipe et le « plus de maitres que de classe » ».
Le Snes met en doute les résultats de l’étude. « Telle qu’elle est construite, l’évaluation PISA ne peut être qu’un élément parmi d’autres d’une évaluation des systèmes éducatifs et de leur comparaison. En effet, elle porte et favorise certaines conceptions de l’éducation dans lesquelles les compétences de bases et leur évaluation sont à la fois le cœur et les indicateurs de la « productivité » du système éducatif. Le système français plus ambitieux et plus complet n’est pas à ce titre privilégié. Plus largement, les enquêtes internationales posent d’importants problèmes méthodologiques qu’il ne faut pas sous estimer… La réponse ne peut pas être une adaptation de l’école aux conceptions de l’éducation portées par PISA. Elle ne peut donc pas se traduire par un pilotage du système guidé par le seul objectif d’un meilleur classement. »
La FSU estime qu' »il faut reposer sérieusement la question de la prise en charge des élèves en difficulté, sur les temps d’apprentissage, dans des conditions (effectifs, encadrement, …) en prise avec les besoins réels. Il faut revaloriser le rôle de la scolarisation en maternelle, réhabiliter la recherche en éducation et la formation initiale et continue des enseignants. Il faut revenir sur l’assouplissement de la carte scolaire. Il faut reposer sérieusement la question des moyens accordés à l’Education nationale et de la part du PIB qui lui est consacré ».
Le Se-Unsa « demande une autre politique qui donne aux enseignants les moyens de faire réussir tous les élèves, à commencer par une formation professionnelle solide alors que la masterisation l’a mise à sac. Il demande que la scolarité obligatoire soit effectivement organisée autour de l’objectif de l’acquisition du socle commun par tous les élèves, ce qui signifie refus de la sélection précoce, continuité éducative entre école et collège et développement des moyens au service de l’individualisation au sein de classes hétérogènes ».