Par François Jarraud
Attendus impatiemment , les résultats de l’évaluation internationale PISA mettent le doigt sur la plaie principale de l’école française : la montée des inégalités. Ce sont elles qui pèsent sur les résultats globaux qui restent moyens.
Dévoilés ce mardi matin, les résultats de PISA tiennent en 5 gros volumes. Le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) évalue les compétences des jeunes de 15 ans dans les domaines de la lecture, des mathématiques et des sciences depuis 2000. L’enquête dirigée par l’OCDE couvre une soixantaine de pays dont une trentaine de membres de l’OCDE. Cette croissance du nombre de pays participant montre l’importance que revêt cette étude pour le pilotage des systèmes éducatifs nationaux. Pisa 2009 a encore deux autres particularités importantes. L’enquête a étudié en détail les capacités en lecture des élèves de 15 ans, y compris la lecture sur écran. Enfin un volume est entièrement dédié à l’évolution des systèmes éducatifs depuis PISA 2000. Concernant le système éducatif français, on retiendra quelques traits principaux.
L’école française obtient la moyenne. La France se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE aussi bien en lecture (496), maths (497) que sciences (498). Ces résultats la mettent à égalité avec des pays comme l’Allemagne, la Grande Bretagne, ou encore les Etats-Unis. Si la Finlande reste en haut du tableau, ce sont le spays asiatiques qui cette année emportent la palme. La région de Shanghai (Chine), la Corée du Sud, Hong Kong, Singapour, le Japon prennent les meilleures places. Le modèle éducatif asiatique semble ainsi le plus performant alors même que certaines de ces régions ne font pas partie des pays les plus développés.
La France face à ses inégalités. L’école française se singularise par de fortes inégalités. En lecture, la France fait partie avec Israël, la Belgique et l’Autriche, des pays où l’écart est le plus fort entre les élèves les plus forts et les plus faibles. A peu près 20% des élèves sont au niveau 1 (le plus faible) et presque 40% aux niveaux 1 et 2. Moins de 10% sont aux niveaux 5 et 6. C’est à peu près la même chose en maths. Socialement, les résultats des élèves favorisés sont supérieurs de 50 points à ceux des élèves défavorisés : cela représente plus d’une année d’école ! Une autre inégalité saute à la figure : l’écart entre les jeunes d’origine étrangère et les autres. Les immigrants de première génération sont à environ 420, ceux de seconde génération à 448 et les indigènes à 502. 420 c’est à peu près la Thaïlande ou Trinidad. 448 renvoie au Chili et 502 la Norvège. L’Ecole française abrite donc trois systèmes différents ! Mais le pire c’est peut-être que l’écart le plus fort est entre les élèves issus de l’immigration et les autres. Tout se passe comme si l’école n’avait aucun effet et était incapable d’effacer la « tache » originelle !
Lire fréquemment et avec plaisir. PISA montre l’impact déterminant de la fréquence de la lecture sur la réussite scolaire. Celui qui lit 30 minutes par jour est a 510, avec 2 heures il est à 550 alors que celui qui ne lit pas est à 450. Or on retrouve en lecture également l’écart entre les milieux sociaux. L’étude montre aussi que le plaisir de lire est un élément déterminant.
Une évolution inquiétante. Depuis le premier PISA en 2000, la France a légèrement décroché. Quelques pays ont plongé (l’Irlande, la république tchèque). Mais d’autres ont amélioré leurs résultats comme l’Allemagne. PISA montre l’évolution par catégorie d’élève entre les plus faibles (niveaux 1 et 2) et les plus forts (niveaux 5 et 6). Ce léger décrochage s’explique par l’augmentation de la proportion d’élèves très faibles (niveaux 1 et 2). L’école française n’arrive pas à diminuer leur nombre. Bien au contraire la part des élèves les moins performants a doublé (8%). On a là le défi majeur pour les années à venir. Si ce défi est éducatif, il est clair qu’il renvoie aussi à la situation sociale dans le pays.
Un climat scolaire plutôt meilleur. Quand on regarde ce que les élèves déclarent sur la vie des établissements et les rapports avec les enseignants, on est plutôt agréablement surpris. Ils trouvent que leurs enseignants ne se soucient pas assez de leur bien-être mais ils pensent pouvoir compter sur eux pour les aider (en France plus que dans la plupart des pays).
Les solutions de l’OCDE. L’OCDE ne se limite pas à établir des statistiques. L’étude PISA les analyse et montre ce qui marche. Le rapport fait des recommandations dont on sait que certaines seront reprises par les politiques. D’autres, non. L’OCDE vante un modèle d’école : pas de redoublements, une large autonomie, y compris dans les curricula, mais sans concurrence sauvage; pas de sélection précoce. Luc Chatel fera savoir dès aujourd’hui ce qu’il entend reprendre.
Liens :
Le dossier du Café sur PISA 2006
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2007/Pisa[…]
Sur le site d el’OCDE
http://www.oecd.org/department/0,3355,en_2649_35845621_1_1[…]
Des indicateurs pour lutter contre les inégalités
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2007/12/PI[…]
Un système éducatif qui doit s’améliorer