Par Gérard X., professeur des écoles
Au revoir les « orphelins de 16 heures » ! Fleuron du plan ‘Espoir Banlieues » de 2008, l’accompagnement éducatif est en train de disparaître tout doucement du paysage, en catimini. Créé en 2007 par Xavier Darcos, l’accompagnement éducatif a pour objectif, nous dit le site ministériel EduScol, de « changer le rapport à l’École et à la connaissance et de contribuer à l’égalité des chances en offrant à tous les conditions qui permettent une scolarité réussie ». Un enseignant du sud-ouest nous montre concrètement comment se passe l’escamotage.
Vendredi 22 octobre 2010, veille des vacances de la Toussaint ; sortie de réunion entre un inspecteur de circonscription et une équipe enseignante d’une école girondine de RRS (Réseau de Réussite Scolaire, ex ZEP) ; chacun rejoint ses pénates lorsque l’inspecteur prend à part le directeur et lui glisse à l’oreille, un peu gêné, qu’il va falloir arrêter le dispositif d’accompagnement éducatif, faute de crédits…
Qu’est-ce que cela représentait ? La moitié des élèves de l’école, du CP au CM2, pouvaient accéder trois soirs par semaine à des ateliers de sculpture, arts plastiques, danse, contes, fabrication de jeux de société, activités d’EPS, musique, jeux de société, jeu de dames. Ces ateliers étaient lancés depuis le début du mois d’octobre après un long et fastidieux travail de mise en place par le directeur pour la troisième année consécutive.
Les familles ne comprennent pas ce qui se passe. Certaines d’entre elles avaient réaménagé l’emploi du temps hebdomadaire pour que leur enfant participe à l’accompagnement éducatif. Les intervenants sont lâchés par leur employeur (l’Inspection Académique) sans préavis. Avec un sentiment global de mépris, de gâchis.
Chez le voisin. De fil en aiguille, on entend dire qu’une école d’un RRS voisin subit le même sort (avec la même désinvolture de la part de l’administration) et, en fin de compte, on apprend de façon un peu plus officielle dans une réunion de RRS 15 jours plus tard que « l’attribution des heures supplémentaires effectives (HSE) par l’Inspection Académique de la Gironde parvenue au début du mois d’octobre pour l’ensemble de l’année est de 406 heures pour la circonscription » ; en clair, la majorité des écoles participant au dispositif ont déjà épuisé leur quota d’heures ! Il faut donc cesser l’accompagnement éducatif séance tenante…
Pourquoi avoir lancé le dispositif à la rentrée ? Mystère. Pourtant, un article de Libération du 24 septembre 2010 par Véronique Soulé témoignait de la baisse des trois quarts du budget de l’accompagnement éducatif en Seine-Saint-Denis, pour preuve que l’on est bien une fois encore dans une dynamique de démantèlement du dispositif cher à Xavier Darcos qui pensait avoir si bien répondu à la mission du président qui désirait que l’Education Nationale prenne en charge « les orphelins de 16 heures ».
Un dispositif reconnu. Pourtant le rapport du député Reiss « Quelle direction pour l’école du XXIème siècle » publié en septembre 2010 valide le dispositif. « Pourquoi l’accompagnement éducatif soulève-t-il parfois l’enthousiasme ? », écrit-il. « Pourquoi fait-il quelquefois figure de révélation ? Parce qu’il contribue aux bons résultats des élèves en conjuguant les efforts de deux parties* qui ne se côtoient pas toujours assez et parviennent à cette occasion à se comporter en partenaires. En outre, […] il semble que quand un directeur d’école, soutenu par sa hiérarchie, s’implique avec vigueur, des progrès soient au rendez-vous. » (* Éducation Nationale et Collectivités Locales – NDLR).
L’Éducation Nationale si gourmande d’évaluations en tous genres ne semble pas cette fois désireuse d’entendre les principaux concernés, enfants et familles, s’exprimer sur l’efficacité d’un dispositif qui semblait pourtant les satisfaire au vu de leur participation importante.
Gérard
Professeur des écoles en Gironde
L’accompagnement éducatif
http://eduscol.education.fr/cid45656/accueil.html
Dossier du Café sur l’accompagnement éducatif
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/20[…]
Une réponse peu opérationnelle