Par François Jarraud
A quelques jours de la publication de l’enquête PISA, le CNDP et la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l’éducation nationale) réunissent leurs forces pour publier une série d’ouvrages présentant les évaluations nationales. Ils les présentaient, en présence des directeurs du CNDP et de la DEPP, le 26 novembre au Salon de l’éducation. Cet investissement soudain dans les évaluations prépare-t-il un contre-feu à PISA ou marque-t-il au contraire la montée d’une culture d’évaluation ?
Les disciplines auscultées. Une nouvelle collection du CNDP, « Evaluations Elèves », publiera les résultats des évaluations nationales du dispositif CEDRE qui chaque année font le point sur les acquis des élèves dans une discipline à la fin de l’école et du collège. Trois ouvrages sont attendus en décembre. Ils porteront sur le bilan des compétences en histoire-géographie et en SVT à la fin du collège, et sur les évaluation en histoire-géographie à l’école. Le tiré à part montre que les ouvrages proposent des analyses thématiques des résultats de l’enquête. Elles montrent l’influence des caractéristiques socio démographiques et scolaires dans les résultats et étudient les résultats par compétence et par groupe d’élèves. L’ouvrage montre par exemple les parties de programme qui restent mal maitrisées. Il ne fait pas l’impasse sur les inégalités entre établissements.
Vendredi 26 novembre, Patrick Dion, directeur du CNDP et Michel Quéré, directeur de la DEPP, étaient accompagnés de Thierry Rocher, un expert de la Depp, Ginette Bourny et Jérôme Krop, chargés d’étude. François Perret, ancien doyen de l’Inspection générale et maintenant directeur du CIEP, apportait l’expérience de l’Inspection en matière d’évaluation.
Donner des compétences. Pour Patrick Dion, la nouvelle collection du CNDP soit « donner des compétences aux enseignants, aux parents, aux politiques pour que les évaluations soient tempérées par un jugement plus scrupuleux et plus fidèle ». C’est aussi l’objectif poursuivi par la Depp. Pour Michel Quéré, « l’intérêt envers les évaluations doit beaucoup aux évaluations internationales. La tendance au classement est un passage obligatoire ». D’où l’objectif de cette collection qui permettra « en complément de PISA » de mesurer les objectifs atteints par le système éducatif. L’idée devait être développée par Ginette Bourny et Jérome Krop qui signalent les apports des études incluses dans les ouvrages. Ainsi, en SVT collège, G Bourny montre que si les résultats aux questions écrites sont corrélés à l’origine sociale des élèves, ceux des expérimentations ignorent ce critère. Un résultat qui mérite d’être diffusé alors que « learning by doing » est peu à peu expulsé de l’éducation nationale.
Faire émerger une culture de l’évaluation. Pour François Perret, si l’influence des évaluations internationales comme PISA est pour beaucoup dans le développement des évaluations françaises, le climat international y pousse aussi. La recherche de compétitivité met l’accent sur les acquis des élèves et impose d’améliorer les évaluations. D’autant que « certains errements » entachent l’évaluation dans les établissements. « Il faudra bien un jour faire des choixé entre les évaluations de nature différente qui coexistent : par exemple en langue les certificats du cadre européen, le TOFL sont toujours sans rapport avec l’évaluation du bac.
La french touch. Qua faut-il évaluer demande une inspectrice ? Quel lien entre les évaluations du programme CEDRE et l’évaluation du socle commun ? Evalue-t-on des connaissances ou des compétences ? Pour G Bourny, les évaluations CEDRE « sont traduites en jargon du socle ». Pour François Perret, « aucun pays au monde n’a réussi à faire passer une approche par compétences qui fasse l’impasse du mode traditionnel d’évaluation. Il faudra donc trouver un compromis ». Et il se réfère à « la tradition humaniste » de l’école française.
La publication de ces ouvrages à quelques jours des résultats de PISA, n’a rien d’anodin. Le CNDP et la DEPP qui dépendent de l’éducation nationale s’apprêtent à donner leur vision des acquis des élèves. Une approche qui aura le mérite de nuancer et d’éclairer les apports de PISA. Et peut-être d’en atténuer l’exploitation médiatique et politique, souvent bien décalée avec la réalité des statistiques. Elle aura par contre le défaut de signaler qu’en France (et cela tend à devenir rare) on ne supporte l’évaluation que si elle est faite par l’Ecole elle-même. officielle. Ce sont les pairs qui expliqueront les résultats à leurs pairs enseignants. Mais c’est aussi le ministère qui décidera de publier et d’enquêter.
Annonce de la collection
http://www.cndp.fr/actualites/article/evaluer-des-outils-po[…]