Introduction
Quid du Web 2.0 ou Web participatif ?
L’expression « Web 2.0 » désigne certaines des technologies et des usages du World Wide Web qui ont suivi la forme initiale du web, en particulier les interfaces permettant aux internautes ayant peu de connaissances techniques de s’approprier les nouvelles fonctionnalités du web et ainsi d’interagir de façon simple à la fois avec le contenu et la structure des pages et aussi entre eux, créant ainsi notamment le Web social.
Source : Wikipedia
On y trouve une interaction poussée avec les utilisateurs devenant créateurs de contenu ; la recension et le classement collectif utilisant des descripteurs (tags) appelé Folksonomy ; le recours au Crowdsourcing (travail en grand nombre) ; l’interopérabilité entre les services et les applications ; la séparation entre le contenu et le contenant (afin d’accroître les capacités de partage d’une même donnée) ; la fin des contenus statiques (le site devient un service, une plate-forme, par lequel transitent les informations).
Le Web 2.0 a engendré ou favorisé ou porté les réseaux sociaux ; le système collaboratif de classification de ressources à l’aide des mots-clés (libellés ou tags, en anglais) ; l’immersion forte dans l’univers numérique et les mondes virtuels ; le « Cloud computing » (« informatique dans les nuages ») qui fait que les applications ne sont plus installées sur le terminal que vous utilisez (PC, portable, etc.), mais directement accessibles en ligne.
Enfin une caractéristique du Web 2.0 est son caractère gratuit et non propriétaire.
Sources diverses.
L’auteur
Je suis enseignant d’histoire-géographie au lycée Marie Curie (Echirolles) ; très ancien utilisateur des Tic (1981) ; cofondateur des Clionautes ; rédacteur pour le Café pédagogique ; Interlocuteur Tic de l’académie de Grenoble… On dirait un extrait de discours pour la remise d’une xième médaille à un général Nord-Coréen 8-)))
Le plan
Quels aspects du Web 2.0 sont utilisables dans le cadre du travail de l’enseignant d’histoire-géographie (typologie partielle – partiale ?)
Quelles analyses de la relation Web 2 – enseignement de l’histoire-géographie peut-on faire ?
Quels aspects du Web 2.0 sont-ils utilisables dans le cadre du travail de l’enseignant d’histoire-géographie ?
L’exhaustivité est impossible… je propose une typologie « bricolée » en 6 usages (tout en sachant qu’ils ne sont pas hermétiques les uns des autres). Attention le Web 2.0 n’est abordée que sur le plan professionnel.
Voir des typologies très élaborées
http://www.1ere-position.fr/blog/plan-web-2-0-cartograph[…]
1- Les réseaux sociaux
L’enseignant s’insère dans des réseaux sociaux pour s’informer ; élaborer ; échanger… Il peut les utiliser pour travailler avec les élèves.
Les grands classiques
Myspace
MySpace est un site Web de réseautage social fondé aux États-Unis, qui met gratuitement à disposition de ses membres enregistrés un espace web personnalisé, permettant de présenter diverses informations personnelles et d’y faire un blog. Il est connu pour héberger de nombreuses pages internet de groupes de musique et de DJs qui y entreposent et présentent leurs compositions musicales. (Wikipedia)
Facebook est un réseau social numérique créé par Mark Zuckerberg et destiné à rassembler des personnes proches ou inconnues. Depuis décembre 2009, il rassemblerait, selon la firme, plus de 500 millions de membres actifs à travers la planète. (Wikipedia)
Twitter est un outil de réseau social et de microblogage qui permet à l’utilisateur d’envoyer gratuitement des messages brefs, appelés tweets (« gazouillis »), par Internet, par messagerie instantanée ou par SMS. (Wikipedia)
TwHistory
http://twhistory.org/ est un projet consistant à développer des scénarios consacrés à la reconstitution d’événements historiques. En été 2009, ils ont procédé à leur première reconstitution : la bataille de Gettysburg. Comme pour la vraie bataille leur reconstitution a duré quatre jours, organisée autour de participants endossant les habits de onze personnages-clés liés à la bataille, dont le président Lincoln. Pour les créateurs de TwHistory, une telle démarche permet aux participants de développer du contenu favorisant la compréhension et la connaissance d’un personnage historique ; de développer leurs connaissances historiques au travers de l’analyse des sources historiques au travers d’une démarche fortement participative et collaborative.
Le blog de Laurence JUIN rendant compte de l’usage de Twitter en classe.
http://frompennylane.blogspace.fr/
Le ning
Permet de créer son propre réseau social.
Un exemple, le ning des Clionautes
… et son groupe lycée
http://clionautes.ning.com/group/lycee
2- Des plates-formes web d’un « nouveau genre »
Les blogs
Un blog ou blogue est un site Web constitué par la réunion de billets agglomérés au fil du temps et souvent classés par ordre antéchronologique (les plus récents en premier). Chaque billet (appelé aussi « note » ou « article ») est, à l’image d’un journal de bord ou d’un journal intime, un ajout au blog ; la blogueuse/le blogueur (personne s’occupant du blog) y délivre un contenu souvent textuel, enrichi d’hyperliens et d’éléments multimédias, sur lequel chaque lecteur peut généralement apporter des commentaires. (Wikipedia)
Blog et histgeo (le labo des Clionautes n°4)
http://www.clionautes.org/spip.php?article1808
Un portail de blogs en histoire-géographie
http://portail-histoire-geo.blogspot.com/
Un exemple, le blog de Julien Blottière
Le webpédagogique : des blogs éducatifs
Les CMS
Un système de gestion de contenu ou, en anglais, Content Management System (CMS) est une famille de logiciels destinés à la conception et à la mise à jour dynamique de site web ou d’application multimédia. (Wikipedia)
2 exemples, SPIP et GUPPY
Un exemple d’usage au collège en Histoire-géographie
http://www.clionautes.org/spip.php?article2699
3- Le partage et la construction collaborative de savoirs et des ressources
Les « wiki »
Un wiki est un site web dont les pages sont modifiables par tout ou partie des visiteurs du site. Il permet ainsi l’écriture et l’illustration collaboratives de documents. (Wikipedia)
Wikipedia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil
En savoir plus
http://www.clionautes.org/spip.php?article2044
http://www.clionautes.org/spip.php?article2138
Le wiki-liens des Clionautes
http://www.clionautes.org/wiki/pmwiki.php?n=Clioliens.Index1
Vikidia
Une encyclopédie junior en français, en wiki, pour des jeunes lecteurs âgés de 8 à 13 ans et tous ceux qui veulent une présentation simple d’un sujet.
Vikidia, par ou pour les enfants ?
http://fr.vikidia.org/wiki/Vikidia:Pour_les_enfants_ou_[…]
Des exemples d’articles sur Vikidia
http://fr.vikidia.org/wiki/Allemagne_nazie
http://fr.vikidia.org/wiki/Shoah
Wikimini, wikibooks, wikiversity
http://fr.wikimini.org/wiki/Accueil
http://fr.wikibooks.org/wiki/Wikijunior
http://fr.wikiversity.org/wiki/Accueil
Wikimedia Commons
Médiathèque en ligne : photographies, dessins, schémas, musiques, textes écrits et parlés, animations et vidéos.
http://commons.wikimedia.org/wiki/Accueil
http://www.clionautes.org/spip.php?article2588
Les podcasts
Le podcasting ou la baladodiffusion est un moyen de diffusion de fichiers (audio, vidéo ou autres) sur Internet appelés podcasts ou balados. Par l’entremise d’un abonnement aux flux, le podcasting permet aux utilisateurs l’écoute ou le téléchargement automatique d’émissions audio ou vidéo. (Wikipedia)
Au collège en classe de quatrième
http://web.me.com/geoffrey.gekiere/podcast4/Podcast_des_4[…]
Le partage de photographies
Deux grands classiques
ClioPhoto : pour l’histoire-géographie
http://cliophoto.clionautes.org/
http://cliophoto.canalblog.com/
Le partage de vidéos
Deux grands classiques
En savoir plus
http://www.clionautes.org/spip.php?article1926
4- Des applications « full web » (1)
Des présentations
Créer et mettre en ligne des présentations
GoogleWave
Il s’agit d’une application web dont le concept mélange les notions de services de courriel, de messagerie instantanée, de wiki et de réseautage social, le tout associé à un correcteur orthographique et un traducteur instantané, lesquels peuvent travailler de concert. (Wikipedia)
Un compte-rendu d’usage en classe de troisième
http://prezi.com/7-idabl9q_ba/google-wave-dans-la-classe/
Diigo
Un organiseur de signets et de ressources trouvés sur le Web.
Google Docs
Création et partage de documents en ligne.
Un exemple
https://docs.google.com/present/view?id=dft6gqt6_105gfrd34f7
Dump Pencil Sketch
Des croquis crayonnés en ligne.
http://www.dumpr.net/sketch.php
Wallwisher
Créer un mur interactif de post-it.
Un exemple
Le déroulement des jeux à Olympie dans l’Antiquité qui permet d’exploiter des sites et de construire un « mur » en utilisant Wallwisher.
http://www.wallwisher.com/wall/jeux-olympiques
Didapages
Construire des livres interactifs en ligne.
http://www.fruitsdusavoir.org/
Les Clionautes recensent des dizaines de livres.
http://groups.diigo.com/group/clio_collge/content/tag/didapages
Un exemple en sixième : étude de cas, habiter la ville, Mumbaï
http://www.ac-reims.fr/datice/hist-geo/college/geographie/g[…]
Des applications « full web » (2) : spécial géographie
Google Maps / Bing maps
Scribble Maps
Créer ses propres cartes
Un exemple en 5°
http://hgv85.free.fr/spip/spip.php?article144
Gapminder
Statistiques – cartographie – graphiques en ligne
Exemple avec le développement Humain (2005)
http://www.gapminder.org/downloads/human-development-trends-2005/
Worldmapper
Le site américain, worldmapper.org met à disposition du public des cartes anamorphosées, originales et séduisantes. Certaines sont rendues encore plus attractives par des animations.
Une animation, le revenu disponible par tête
http://www.worldmapper.org/animations/income_animation.html
Population française
http://www.worldmapper.org/countrycartograms/carto_fra[…]
La macrocéphalie
http://www.worldmapper.org/countrycartograms/carto_civ.htm
Le peuplement de la Russie
http://www.worldmapper.org/countrycartograms/carto_rus.htm
La mégalopole japonaise
http://www.worldmapper.org/countrycartograms/carto_jpn.htm
Le polycentrisme allemand
http://www.worldmapper.org/countrycartograms/carto_deu.htm
Un diaporama en ligne (BBC edu
http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/8284655.stm
Une animation entre carte « réelle » et anamorphose
http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/magazine/8280657.stm
StatPlanet
StatPlanet est un logiciel (en anglais) en ligne de cartographie automatique offrant de nombreuses statistiques. L’interface, très simple à prendre en main, en fait un outil de géographie pédagogique
StatPlanet
http://www.sacmeq.org/statplanet/StatPlanet.html
Découvrir StatPlanet
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1262806665937/0/fich[…]
Les inégalités de santé
http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1265100449033/0/fiche[…]
World Factbook Dashboard
Visualiser des données mondiales, un très beau site de cartographie interactive en anglais. Voir : population, croissance, mortalité infantile, données économiques, inflation.
http://visunetdemos.demos.ibm.com/blogsamples/factbook2[…]
Edugéo
Site qui permet une visualisation des ressources cartographiques de l’I.G.N.
Géoclip
Logiciel qui permet de visualiser de cartographier des indicateurs statistiques à l’échelle locale, régionale ou nationale. Véritable atlas interactif avec plusieurs entrées thématiques.
En savoir plus : cartographie et Sig sur Educnet
http://www.educnet.education.fr/histgeo/ressources-et-outi[…]
Des applications « full web » (3) : spécial jeux et exerciseurs
Serious Games – Green Games
« >Climway
Aborder le développement durable en jouant à ClimWay.
http://climcity.cap-sciences.net/
La cité romaine
Etudier la romanisation de l’Empire en jouant à La cité romaine.
http://www.curiosphere.tv/romains/accueil.html
Halte aux catastrophes
Acquérir des notions sur la prévention des risques naturels grâce à un serious game, Halte aux catastrophe.
http://www.stopdisastersgame.org/fr/playgame.html
Liste de jeux sérieux
Julien Llanas de l’académie de Créteil donne une liste de jeux sérieux pour l’EDD.
http://jeuxserieux.ac-creteil.fr/?p=123
Une recherche est conduite à l’INRP
Une recherche
Une recherche est conduite à l’INRP sur ces sujets.
http://eductice.inrp.fr/EducTice/projets/geomatique/jeu-edd
Le recensement
http://eductice.inrp.fr/EducTice/projets/geomatique/jeu[…]
Exerciseurs et questionnaire en ligne
2 exerciseurs : NetQuizz et Hotpotatoes
http://www.ccdmd.qc.ca/ressources/?id=1119
Un « Qui veut gagner des millions ? » like
http://www.superteachertools.com/millionaire/makegamehtml.htm
Un exemple de quizz
http://missiontice.ac-besancon.fr/hg/grenier/minisite/Q[…]
D’autres exemples (en cinquième)
http://martial.berthot.pagesperso-orange.fr/cinquieme.html
5- Outils de veille et de recensements (agrégats de flux)
Netvibes
Netvibes offre à ses utilisateurs un site web personnel constitué par des pages onglets. Ce site est, à toute fin pratique, un portail web individuel qui donne accès à une multitude de services.
Un exemple, « Mon spoutnik » d’Anthony Lozach’
http://www.netvibes.com/monspoutnik#Accueil
Symbaloo
Les EDU’Bases
Les Edu Bases
ÉDU’Bases recense les pratiques pédagogiques proposées par les académies afin d’accompagner le développement des usages des TICE, en relation avec les programmes des collèges et lycées.
http://www.educnet.education.fr/bd/urtic/histgeo/
Les flux RSS d’EDU’Bases
http://www.educnet.education.fr/histgeo/usages/edubase#rss
6- Deux outils spécifiques : l’ENT et le manuel numérique
Nos enseignements sont touchées depuis quelques années par l’irruption de 2 outils qui, sans être typiquement Web 2.0, s’en approchent. Petit tour d’horizon.
Les Espaces Numériques de Travail
Sur Educnet un dossier complet
http://www.educnet.education.fr/dossier/espaces-numeriqu[…]
Le bilan de plusieurs expérimentations
http://www.educnet.education.fr/histgeo/informations-ti[…]
Un témoignage d’utilisation dans un collège
http://www.agence-usages-tice.education.fr/temoignages[…]
Un point sur le cahier de texte en ligne
http://lemanuelnumerique.fr/2010/09/generalisation-de-l[…]
Un point datant de 2009 (le Labo des Clionautes, n°13)
http://www.clionautes.org/spip.php?article2684
Le manuel numérique
Un exemple
http://www.lelivrescolaire.fr/
(login et MdeP)
Un tableau synthétique (Educnet)
http://www.educnet.education.fr/histgeo/actualites/m[…]
Quelles analyses de la relation Web 2 – enseignement de l’histoire-géographie peut-on faire ?
A partir du constat suivant, dans l’enseignement de l’histoire et de la géographie le Web 2.0 a encore très peu pénétré les collèges et les lycées, on fera une analyse en 3 parties, chacune construite autour d’une problématique :
· Le Web 2.0 a-t-il sa place dans notre enseignement disciplinaire ?
· Le Web 2.0 est-il compatible avec le système scolaire français ?
· Faut-il changer, faire évoluer ou dynamiter le modèle de l’enseignement de l’histoire-géographie dans le secondaire ?
1. Le Web 2.0 a-t-il sa place dans notre enseignement disciplinaire ?
Faisons un tour d’horizon des arguments avancés par les adeptes des usages du Web 2.0 dans l’enseignement.
1- Des arguments anciens : les Tic peuvent faire ce que moi, avec ma craie ou mon rétroprojecteur je ne peux pas faire
En effet sont avancés les arguments classiques, mais solides : l’ordinateur (et ici le Web 2.0) permet de faire ou de faire faire ce qui n’est pas possible humainement : simuler – gérer l’erreur – offrir des ressources inimaginables – etc. N’épiloguons pas…
2- Le Web 2.0 : partage – mutualisation – échanges de pair à pair
« Le Web 2.0 rend le travail et les échanges plus aisés, plus rapides, plus directs, mais il ne change pas la posture des utilisateurs. Les outils d’écriture partagée permettent de publier sans compétence technique particulière et d’intervenir sur les publications des autres. Les enseignants les utilisent donc pour échanger dans un réseau bien plus large qu’une salle de professeurs, avec des enseignants d’autres disciplines, dans d’autres contextes, mais aussi avec des professionnels d’autres horizons. Avec les réseaux sociaux, et notamment Twitter, on parle de sérendipité pour évoquer les heureux hasards, les rencontres qui nous font faire un pas de côté et nous donnent du recul pour envisager notre enseignement sous un angle inhabituel. Il est ainsi plus facile de confronter ses usages avec ceux des autres pour enrichir sa pratique professionnelle, trouver des idées pour varier la forme de son enseignement […] Dans ce contexte, la légitimité n’est plus garantie par l’autorité ou les diplômes, mais par les compétences des uns ou des autres telles qu’elles sont reconnues par leurs pairs, ce qui facilite la prise de contact avec des « spécialistes » pour demander une aide scientifique ou technique et assure ainsi un gain notable en terme de qualité de l’information […] À l’ère du Web 2.0, l’enseignant passe insensiblement d’un mode de travail hiérarchique à un mode de travail réticulaire. La méthode perturbe assurément le système […]L’un des principaux apports du Web 2.0 est peut-être que les enseignants hésitent moins à publier un work in progress pour demander l’aide du réseau afin de le peaufiner, voire même de co-construire une séquence avec des élèves pour aboutir à des activités plus ouvertes qui s’enrichissent de leurs retours.“
Source : Mario Asselin, Cahiers pédagogiques, cf. sources
« Les « profs Web 2.0 » n’hésitent plus à intervenir sur les travaux de leurs collègues. Pendant longtemps, des enseignants déposaient des séquences de cours, les visiteurs approuvaient, et c’était tout. Maintenant, on construit ensemble : un enseignant lance une idée, tous ceux qui le souhaitent contribuent, on expérimente, on rectifie, et vient enfin le temps de la production finale, stabilisée. Nous avons appris à communiquer et interagir de façon positive. L’agressivité, qu’on trouvait notamment sur les forums, a disparu. » […]Et le travail collaboratif oblige à s’améliorer en permanence. Avant, au temps des simples dépôts d’objets, on piquait le cours du voisin, on l’adaptait à sa classe, rien de plus. Depuis que nous construisons ensemble, nous approfondissons les sujets, car les autres sont là, on ne veut pas décevoir ou avoir l’air ridicule ! La collaboration nous oblige à nous améliorer sur les contenus et sur la manière d’enseigner. Ces temps de travail collectif, cette relation régulière via Twitter, sont des mises en relation intimes dans notre univers professionnel. Chacun a accès à la boîte noire de l’autre. »
C. Jouneau-Sion, http://www.cursus.edu/?module=document&t[…]
Sont donc évoqués :
· La souplesse et la facilité technologique (argument bien ancien… est-il valable ?)
· L’échange, le partage, l’enrichissement mutuel
· Le fait que l’échange soit de pair à pair et que les compétences ne reposent pas sur des diplômes (certifié / agrégé) ou de la hiérarchie (IPR – formateur…) mais sur l’avis d’une communauté
· Le fait que la “parole“ soit libérée, l’erreur admise et l’échange apaisé.
-> Le Web 2.0 serait-il libertaire : le Web citoyen ?
3- Le Web 2.0 : l’interactivité avec les élèves
A propos du travail à distance avec les élèves…
« On a donc identifié plusieurs utilisations :
· Mise à disposition des documents ou des ressources déposées dans l’ENT pour découvrir, consulter, sélectionner, préparer un exercice ou un échange pour la classe (Edugéo, SIG de la ville, images, vidéos, …) selon des consignes claires et limitées.
· Le numérique permet une démarche de mutualisation et de collaboration, la production collective ainsi que l’enregistrement, comme avec le TNI, du travail effectué pour un réinvestissement ultérieur.
· Echanges d’informations, d’idées pour préparer une argumentation ou discuter des opinions (EC-ECJS), entraide des élèves. »
Source : Educnet, http://www.educnet.education.fr/histgeo/informations[…]
« Cela favorise une plus grande interactivité entre l’enseignant et les élèves. Les participants sont unanimes pour affirmer que le travail à distance s’inscrit dans l’articulation avec le travail réalisé en classe et que cette pratique ne peut être envisagée en dehors de tout encadrement de l’élève. Ce travail à distance, même s’il facilite une individualisation des apprentissages, ne doit pas conduire à un effacement du groupe classe. Le recours à des pratiques numériques nouvelles avec l’ENT continue d’interroger sur le temps de travail des élèves et des enseignants, ou bien sur l’impact de la fracture numérique. »
Source : Educnet, http://www.educnet.education.fr/histgeo/informatio[…]
Sont donc évoqués :
· L’échange, le partage, l’enrichissement mutuel
· Une autre gestion du « temps de travail », en classe, hors classe…
-> Mais tous mettent l’accent sur le nécessaire « encadrement » de l’élève.
Conclusion
Qu’ils soient anciens ou nouveaux les arguments mis en avant évoquent toujours la nécessaire articulation entre l’activité Tic et le cadre « habituel » de l’enseignement. Alors, y a-t-il compatibilité ?
2. Le Web 2.0 est-il compatible avec le système scolaire français ?
1- Le paradoxe du IN / OUT (F. Jarraud)
On se doit de constater d’abord un paradoxe : le IN (des usages massivement répandus chez les jeunes) s’opposerait au OUT (des professeurs en retard ; une institution dépassée et des équipements insuffisants).
Vidéo (un peu moralisatrice)
http://www.youtube.com/watch?v=opjnLmwzV-E&fea[…]
2- Le Web 2.0 crée une nouvelle économie de la connaissance et de nouvelles conditions d’apprentissage
« Le marché quasi monopolistique des gros producteurs traditionnels s’est fait rattraper, voire dépasser, par une multitude de petits producteurs ou de relayeurs de contenu […] Les pressions que subit l’éducation sont énormes dans ce contexte où il est devenu plus facile de produire du contenu numérique, de le diffuser sur le Web et de contribuer ainsi, de façon originale et performante, à sa formation […] Si l’enseignant demeure une voie importante de diffusion du savoir et si son expertise demeure essentielle pour contextualiser tout ce qui circule directement vers les apprenants, les autres canaux sont accessibles et il n’est plus possible pour un pourvoyeur de connaissances de faire comme s’ils n’existaient pas. Un enseignant voulant absolument que tout passe par lui va droit dans le mur, alors que les dispositifs de production de contenu et les rétroactions qu’elles permettent offrent à l’apprenant de grandes possibilités d’apprentissages. »
Source : Mario Asselin, Cahiers pédagogiques, cf. sources.
Les canaux de la connaissance tendent à échapper à l’enseignant. Il s’agit d’une certaine remise en cause. L’argument n’est pas ancien, il est né avec l’informatique pédagogique… mais il prend une dimension inconnue jusqu’alors.
3- Web 2.0 et enseignement : irréconciliable ?
Web 2.0… Cette expression mystérieuse envahit les médias, et maintenant même une couverture des Cahiers pédagogiques. Elle sonne pourtant comme un logo publicitaire, comme un gadget dédié à la futilité, une mode qui passera très vite dans un monde de consommation. Le Web 2.0, c’est une jungle : un enchevêtrement de sites et de réseaux, gratuits, mais pleins de publicité, un écosystème foisonnant, mais superficiel et volatil, un monde dangereux aussi peut-être, pour nos données personnelles collectées au fil de la navigation, pour nos enfants qui y font des rencontres malsaines, pour notre vie qui pourrait s’écouler devant l’écran d’un ordinateur dont on ne saurait décoller. Qu’a donc à faire l’école avec le Web 2.0 ? […] Le Web 2.0 fait sortir les apprentissages du cadre purement scolaire et fait entrer d’autres espaces, dans la sphère éducative.
Caroline Jouneau-Sion et Caroline Atabekian, Cahiers pédagogiques, cf. sources.
Le Web 2.0 est entaché d’une image pas toujours positive auprès des enseignants. En vrac sont mis en avant la violation des libertés (les données pillées et offertes au « privé ») ; l’addiction destructrice ; la volatilité et l’ultra rapidité, incompatible avec l’enseignement ; les mensonges et les manipulations (« la wikipedia n’est pas fiable scientifiquement ») ; publicité omniprésente ; etc.
4- Le Web 2.0 accentue la fracture entre « les initiés » et « les autres » ?
« Les zélateurs des TIC au sein même du système éducatif ont probablement réussi largement à épuiser les enseignants « ordinaires ». Cette impression d’innovation permanente pourrait même avoir causé une mise à l’écart, voire un rejet qu’il ne faudrait pas minimiser, voire mépriser. La réalité de la mise en œuvre des TIC dans les classes par leurs promoteurs cache la difficulté réelle de ces activités. Il suffit de voir comment sont réellement utilisés (quand ils le sont) des outils dits « nouveaux » pour comprendre que la difficulté de mise en œuvre pédagogique est souvent proportionnelle à la difficulté de mise en œuvre technique, mais que l’inverse n’est pas vrai. Autrement dit la simplicité de mise en œuvre technique ne suffit pas à simplifier la mise en œuvre pédagogique. Or les promoteurs internes et externes des TIC ont beau faire, il y a une barre qu’ils ont beaucoup de mal à faire franchir, à moins qu’ils ne soient déjà dans un autre monde. »
Bruno Devauchelle, cité par L. Kaufmann. Cf Sources.
En effet, en surfant sur les réseaux sociaux afférant à l’histoire-géo enseignée on est frappée par le petit nombre de contributeurs « actifs », la minorité agissante… Alors que dans la « vraie » salle des profs on est frappé par la vigueur des réticences et des doutes face aux Tic en général et au Web 2 en particulier.
Il est à noter, par contre, que « l’histoire savante » semble de plus en plus intégrer les évolutions imposées par le Web interactif : « Il s’agit des évolutions en cours : connaissance des sources numériques (de leurs avantages – de leurs inconvénients) ; le travail collaboratif à l’aide des technologies des réseaux numériques ; la culture de l’Open source (libre accès et examen (on-line) des résultats par les pairs ».
Source : colloque consacré aux médias numériques et les sciences historiques,
septembre 2009, Peter Haber, http://weblog.histnet.ch, Cité par L. Kaufmann
Conclusion
Il semble que le Web 2.0 se heurte de façon « structurelle » à l’organisation de l’enseignement de l’histoire-géographie. S’il n’y a pas à priori d’incompatibilité insurmontable reconnaissons que le fossé est profond. Alors peut-on, et si oui, comment, le combler ?
3. Faut-il changer, faire évoluer ou dynamiter le modèle de l’enseignement de l’histoire-géographie dans le secondaire ?
1- Web 2.0 et pratiques de classe
De nombreux enseignants utilisateurs actifs du Web 2.0 avec leurs élèves évoquent des pratiques et des situations de classe ou des postures pédagogiques aux antipodes de la frontalité ou du cours dialogué. Ils évoquent aussi largement la « pédagogie de projet » et le travail hors de la salle de classe.
« Une partie des enseignants s’est laissée prendre par l’illusion technique, nous avons cru naïvement que les outils allaient tout changer. Autrefois, je passais des nuits à préparer de magnifiques diaporamas, et les élèves n’avaient plus qu’à cliquer… C’était du cours magistral avec des images, rien de plus ! Aujourd’hui, ceux qui réfléchissent à la place des technologies éducatives dans l’enseignement sont souvent dans le « bricolage » de leur posture pédagogique. On sait bien que l’enseignant doit sortir de son rôle transmissif, mais on tâtonne pour trouver la bonne posture, la manière d’accompagner les élèves dans la découverte et la consolidation de leurs savoirs. » […] Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus nombreux à chercher à accroître l’autonomie des élèves. […] Nous abordons les tâches dans leur globalité, demandons aux élèves de produire des choses, pour donner du sens aux enseignements. Les apprentissages trouvent leur sens dans la production finale. […] Dans tous les cas, l’utilisation des ressources et outils numériques apporte beaucoup de souplesse. »
C. Jouneau-Sion, http://www.cursus.edu/?module=document&type=1[…]
La remarque précédente est à prendre avec précaution. Par exemple les Blogs ne semblent pas avoir modifié ou ne semblent pas reposer sur des pratiques très « innovantes » :
« Un numéro de la revue Distances et savoirs (2009/3) est consacré aux « Information scientifique et pratiques numériques académiques ». Il contient en particulier un article sur l’ « Etude d’un blog pédagogique, le blog d’une enseignante en histoire-géographie » avec la problématique suivante : le blog pédagogique comme un outil innovant en matière de diffusion de contenus pédagogiques en ligne ? Si l’étude a permis d’observer que ces blogs sont difficilement réductibles à une seule pratique pédagogique, il n’en demeure pas moins, sur cet échantillon certes limité, que les blogs tenus par des enseignant-e-s en histoire-géo privilégient fortement le modèle magistro-centré. »
Lyonel Kaufmann, cf. sources.
Mais il semble y avoir un lien très étroit entre les pratiques pédagogiques et les usages du Web 2.0 : en gros, et en reprenant un vocabulaire « années 70 », le Web 2.0 s’accommoderait surtout des « méthodes actives » et de la « pédagogie de projet ».
« Pour leur part, les résistances des enseignant-e-s dans l’emploi des réseaux sociaux (Twitter ou Facebook) ne seraient-elles pas notamment dues du fait que ceux-ci s’intègrent plus difficilement aux pratiques enseignantes établies ? Si oui, les partisans de l’utilisation des technologies — parce que celles-ci seraient des agents pour le développement de nouvelles pratiques pédagogiques — ont du souci à se faire pour réussir à les généraliser. »
Bruno Devauchelle, cité par L. Kaufmann. Cf Sources
On peut donc estimer que les usages du Web 2.0, qu’ils soient entre professeurs ou avec les élèves dépendent très largement de conceptions et de visions sur l’école. Attention, il ne s’agit pas de réinventer la querelle des anciens et des modernes ! En effet j’y vois plutôt deux formes d’adaptation à une institution et un modèle scolaire que je juge inadapté à certaines évolutions actuelles, en l’occurrence ici le Web participatif.
2- Tic et Web 2.0 : une certaine incompatibilité avec le modèle d’enseignement français
Pascal Boyries constate que les Tic n’ont pas modifié les pratiques de classe fondamentalement. Par exemple, le Power Point se développe, mais il optimise la pédagogie frontale (cours magistral ou cours dialogué). Ou encore, le travail en salle informatique est mené régulièrement par les enseignants qui ont déjà une pratique d’individualisation ou de travail de groupe.
D’après l’interview de P Boyries, cf. sources.
Si l’on observe les pays où les Tic se sont largement développées (y compris le Web 2.0) ce sont des pays (Scandinavie – monde anglo-saxon) où l’enseignement, et plus particulièrement l’enseignement de l’histoire-géo, est le plus éloigné du modèle français : moins magistral, moins accès sur les savoirs, plus orienté sur les projets et les mises en situation. Ce sont dans ces pays également où les rigidités sont moindres : horaires ; emplois du temps ; groupe-classe… A partir de ce constat et des remarques faîtes tout au long de cet article on peut avancer l’idée (pas nouvelle, reconnaissons-le) que l’usage des Tic et plus largement encore du Web 2 s’accommode très mal de certains fondements de l’enseignement en collège et lycée : les horaires fragmentés et rigides ; des programmes encyclopédiques ; des enseignants formés à cette encyclopédisme ; des groupes-classes rigides ; des effectifs chargés ; des lieux clos ; etc.
Ce qui me frappe c’est, qu’en temps qu’ancien militant pour des pratiques pédagogiques « différentes » (pédagogie de l’autonomie, travail par objectifs, pédagogie différenciée, etc.) je me retrouve à formuler dans cette analyse du Web 2 en classe les mêmes revendications que 25 ans plus tôt (programmes moins encyclopédiques ; annualisation ou du moins globalisation du temps de travail ; éclatements du triptyque prof – salle – classe ; remise en cause du groupe-classe ; etc.). Rien de nouveau sous le soleil ? Si… peut-être qu’avec les potentialités offertes par le Web 2 on pourrait plus facilement mettre en œuvre à la fois des parcours différenciés et mieux gérer l’hétérogénéité ? Voilà 2 belles pistes à creuser…
En guise de conclusion
Le Web 2 est une évolution sociétale majeure dont les citoyens s’emparent progressivement… Se pose alors la question, passée quasiment sous silence dans cet article : que véhicule le Web 2 ? Est-il la « vraie vie » ? Quelle type de culture ? Quelle(s) connaissance(s) ? L’école, en générale, et l’enseignant d’histoire-géo en particulier, se doit de participer à ces débats et à ces questions. Alors n’hésitez pas à réagir sur le forum du café pédagogique…
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