Par François Jarraud
« Les effets de la précarité ont des conséquences lourdes sur la construction psychique et le devenir des enfants », affirme Dominique Versini, Défenseure des enfants, dans un rapport sur la précarité et les droits des enfants.
On lira avec intérêt le chapitre qui concerne l’école où sont référencés de nombreux faits concernant les élèves de la grande pauvreté. » La pauvreté a-t-elle une incidence sur le parcours scolaire ? Oui, elle a une incidence. Tous les chiffres le montrent. Il existe encore un déterminisme social important dans le système scolaire français. Selon la catégorie sociale d’appartenance des enfants, le parcours scolaire n’est pas le même. Il est plus long ou plus court selon qu’ils font partie des catégories dites « favorisées » ou « défavorisées ». On ne trouve pas les mêmes catégories sociales dans les mêmes filières », explique par exemple Maryse Esterle. « Les enseignants se font en général un certain nombre de représentations à propos des élèves, mais pas seulement sur la catégorie sociale. Les études sociologiques montrent qu’ils ont un regard plus favorable sur les élèves de milieux favorisés tant en termes de comportement, d’ambition pédagogique que l’on peut avoir pour eux que de résultats scolaires. Les enseignants solliciteront davantage ces élèves et s’intéresseront moins aux élèves de niveaux faibles qui se trouvent, par les corrélations dont j’ai parlé, appartenir de façon plus importante à des milieux défavorisés. De la même façon, au moment des orientations en fin de classe de troisième, à niveau égal, ce regard porté sur la famille, l’entourage social du jeune, fera que, à niveau scolaire égal, il sera plus orienté vers les filières technologiques ou professionnelles selon que la famille peut soutenir ou pas – dans l’idée que l’on peut s’en faire – la carrière scolaire de cet élève. On note chez ces familles et ces jeunes des aspirations scolaires moindres ».
Dominique Versini dénonce la situation des 2 millions d’enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté en France. » Les effets de la précarité ont des conséquences lourdes sur la construction psychique et le devenir des enfants », écrit-elle. « L’absence de logement, le logement surpeuplé ou insalubre, l’hébergement d’urgence ont des conséquences directes sur leur scolarité, leur vie sociale et leur santé. Les expulsions en hausse (10.000 par an) produisent chez les enfants des effets comparables à ceux de la guerre. L’hébergement d’urgence fait éclater la cellule familiale. Les difficultés d’emploi des parents sont un frein au logement et fragilisent d’autant la vie sociale et familiale…- La peur du regard des institutions et des travailleurs sociaux par rapport au risque de placement des enfants… La pauvreté a une incidence indiscutable sur le parcours scolaire des enfants pris dans une sorte de déterminisme social », ajoute-elle. «
Elle demande des efforts concrets en matière de logement social, de prévention et d’accompagnement des familles, de « refuser les conséquences de la précarité sur le parcours scolaire des enfants », et souhaite des campagnes de sensibilisation pour développer la solidarité directe entre els citoyens ».
Le rapport
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/104000603/0000.pdf
Une étude du Secours catholique montre la montée de la pauvreté chez les jeunes
En un an le nombre de pauvres aidés par le Secours catholique a augmenté de 100 000 personnes pour atteindre 1,5 million. L’étude présentée par el Secours catholique montre une nette progression des moins de 25 ans qui sont passés de 10 à 11% du total des personnes aidées. L’autre aspect de la dégradation c’est, en plus de son impact statistique, sa profondeur. « Ce qui frappe en ces temps de crise, c’est le moral des personnes que nous aidons. L’absence de perspectives d’amélioration de leur situation dans un avenir proche fait que la confiance en soi s’amenuise tout comme celle dans les dispositifs sociaux ».
De plus en plus les personnes en difficulté ne demandent pas les aides sociales auxquelles elles ont droit. Le Secours catholique pointe deux difficultés : la complexité des dispositifs mis en place par le gouvernement, comme le RSA ou la CMU « difficiles à comprendre pour les ayants droits potentiels et même parfois pour les intervenants sociaux » ; la disparition des services sociaux de proximité qui rend l’accès à ces services de plus en plus difficile. Prudemment, le Secours catholique admet que « l’agenda politique ne prend pas suffisamment en compte les attentes des 8 millions de personnes victimes de la pauvreté »…
L’étude
http://www.secours-catholique.org/IMG/pdf/DP-Statistiques-accueil-2009.pdf
RESF veut mobiliser les établissements en faveur des élèves majeurs sans papiers
En appui aux efforts de plusieurs conseils régionaux, RESF lance une campagne pour obtenir la régularisation de jeunes étrangers majeurs.
« Plusieurs conseils régionaux (Auvergne, Picardie, Corse, Ile de France, Aquitaine) ont voté des résolutions par lesquelles ces assemblées se solidarisent des élèves sans papiers, les prennent sous leur protection et demandent leur régularisation », rappelle RESF. « Le Conseil régional d’Ile de France demande à ses représentants dans chacun des 471 conseils d’administration des lycées de proposer un vœu inspiré de sa résolution, la tenue des CA nouvellement élus débutant dès la rentrée scolaire de novembre ».
RESF veut profiter de ce soutien pour mener campagne. « Il propose de mener des actions collectives au sein des établissements pour amener les élèves sans papiers à se faire connaître (réunions, pétition de soutien) et à l’ensemble des communautés éducatives, de les soutenir jusqu’à la régularisation ( mobilisations en préfecture , parrainages ) ». Des propositions seront faites en ce sens dans les conseils d’administration. RESF met dès maintenant à disposition des modèles de tracts et de lettre au chef d’établissement.
Il propose aux élus enseignants et parents des CA de faire voter ce vœu inspiré de la résolution du Conseil régional et de faire prendre explicitement les élèves sans papiers de l’établissement sous la protection du CA.
La campagne
http://www.educationsansfrontieres.org/article32224.html
Les documents
http://www.educationsansfrontieres.org/rubrique593.html
Sur le site du Café
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