Par Françoise Solliec
L’année 2010 est, au niveau européen, celle de la lutte contre l’exclusion sociale. En lien avec cette thématique, l’agence Europe éducation formation France, 2e2f, chargée en France de la gestion des programmes de mobilité européenne (Comenius, Erasmus, Leonardo, …) a choisi, pour sa conférence annuelle de valorisation des porteurs de projets, de poser la question de la place de la mobilité dans la lutte contre le décrochage scolaire.
Les 18 et 19 novembre, ce colloque rassemblait à Paris plus de 150 personnes venus de tous les horizons de l’action éducative : personnels de l’éducation nationale, représentants d’associations, de collectivités, d’organisations à vocation éducative … L’introduction aux conférences et ateliers effectuée par Sébastien Thierry, , Hélène Clark, direction générale éducation et culture de la commission européenne et Renaud Rhim, DGESCO, a mis en lumière les grandes orientations européennes et françaises en matière de lutte contre l’échec scolaire et l’effet levier de la mobilité internationale. Le temps de mobilité apparaît en effet très souvent aux jeunes comme un moment privilégié, révélateur de compétences linguistiques, comportementales et professionnelles. L’agence 2e2fa d’ailleurs décider de mesurer plus précisément ces effets en lançant dès l’an prochain une étude longitudinale (suivi de cohortes).
Pour Hélène Clark, directrice du programme éducation et formation tout au long de la vie, des objectifs très ambitieux en matière d’éducation et de formation viennent d’être fixés dans le cadre de la stratégie économique Europe 2020. Le taux d’abandon scolaire devrait être ramené au-dessous de la barre des 10% (il est de 14% actuellement en moyenne européenne) et au moins 40% des jeunes générations devraient obtenir un titre ou un diplôme de l’enseignement supérieur.
Dans un parcours de réussite personnelle et scolaire, la mobilité offre bien des avantages : 58% de ceux qui ont effectué un stage professionnel à l’étranger se voient immédiatement proposer un emploi et les retombées pour les jeunes les plus défavorisés sont importantes.
Dans le programme, il est aussi question de garantir une cohésion économique, sociale et territoriale en aidant les personnes en situation de pauvreté et d’exclusion sociale. Ainsi, il a été décidé de mieux connaître les causes de l’échec scolaire et de lutter spécifiquement contre l’illettrisme. Dès janvier un groupe d’experts de haut niveau sera réuni sur cette question.
Ce programme finance, outre les actions de mobilité des jeunes, de nombreuses autres actions concernant par exemple la lutte contre les discriminations, ou l’égalité des sexes. Il offre enfin des opportunités de rencontres et d’échanges aux personnels
La France s’inscrit pleinement dans les objectifs d’Europe 2020, affirme Renaud Rhim, adjoint au directeur général de l’enseignement scolaire. Cependant la DGESCO est au moins aussi préoccupée d’affirmer l’accès à l’excellence que de lutter contre le décrochage scolaire, au travers des deux exemples présentés. La mise en place des internats d’excellence offre à des jeunes volontaires des quartiers défavorisés, sous réserve de l’accord des familles, un autre lieu de travail, mais aussi de vie. Les micro-lycées sont ouverts à des jeunes qui ont quitté un certain temps le système scolaire et souhaitent reprendre des études à ce niveau. L’implication de l’équipe éducative, l’accompagmenement très personnalisé des élèves, les relations étroites avec les familles sont autant de facteur de succès de ces petites structures (80 élèves environ), dont chaque académie devrait se doter à très court terme.
La DGESCO est prête à participer à différentes initiatives européennes dans la lutte contre le décrochage scolaire et envisage de promouvoir un programme de mobilité spécifique pour des jeunes en difficulté.
Dans la suite du programme figuraient les interventions d’acteurs déjà très engagés dans la lutte contre l’échec scolaire. Ainsi Marie-Thérèse Geffroy, directrice de l’agence nationale de lutte contre l’illettrisme, ANLCI, a présenté les missions, l’organisation et les productions de l’agence, toutes visibles sur son site. Elle a souligné l’importance du problème, puisqu’en France, plus de 3 millions de personnes sont considérées comme relevant de l’illettrisme. Ces personnes sont plutôt d’âge mûr et vivent pour moitié en milieu rural, d’où l’importance de l »implication des échelons régionaux et de la coordination des associations locales.
Les autres intervenants, dont Dominique Besnard des CEMEA, Jean-Michel Schmitt, IGEN, Frédéric Lefret, Office franco-québécois pour la jeunesse, Jean Vanoye, fondation des régions européennes pour la recherche, l’éducation et la formation, ont fait valoir les atouts de la mobilité pour une réinsertion scolaire : estime de soi, confrontation à d’autres, valorisation d’éléments personnels non perçus comme tels … Ils ont aussi souligné l’importance de la coopération et des échanges entre personnels qui permettent souvent d’apporter des solutions novatrices à des problèmes communs.