Par Jeanne-Claire Fumet
« Ce que nous demandons, c’est le retour au tiers temps, un dispositif pédagogique complet pour tous les stagiaires, avec une aide particulière pour ceux qui sont en difficulté, et une clarification des procédures de titularisation ». Collectif de nouveaux recrutés, « Stagiaire impossible » commence à faire parler de lui dans les média : dernier appel en date, un rassemblement devant le Rectorat de Créteil, mercredi 17 novembre à 14h, pour accompagner une demande d’entrevue avec le Recteur. Nommés sur le terrain à la rentrée sans formation professionnelle, parfois sans tuteur, astreints à des services presque complets, ces jeunes professeurs s’insurgent contre les conditions qui leur sont imposées. Ils revendiquent des conditions de travail acceptables et protestent contre la dégradation globale du système de l’Éducation nationale. Soumis à des pressions constantes, incités à la démission lorsqu’ils tombent malades ou avouent leurs difficultés, les stagiaires on décidé de ne plus subir en silence. Romain Geffrouais, jeune professeur d’histoire géographie, porte-parole du Collectif, a choisi de rompre avec l’anonymat et de répondre à nos questions.
Comment s’est formé le collectif Stagiaire impossible ?
R.G.: Au terme d’une discussion entre stagiaires rattachés à l’IUFM de Torcy, peu après la rentrée. En faisant le constat de nos situations et des difficultés que nous rencontrions, nous avons résolu de monter ce collectif pour nous faire entendre. Nous avons établi nos revendications et lancé une liste de diffusion en direction de tous le stagiaires. Le mouvement a rapidement gagné : il compte actuellement près de 300 personnes, autour des 20 personnes du Comité de mobilisation.
Vous parvenez à vous faire entendre ?
R.G.: Par les collègues, les syndicats et les médias, de plus en plus, mais pas vraiment par l’institution. Nous avons fait transmettre, par l’intermédiaire des syndicats, une demande d’audience au Recteur pour ce 17 novembre, mais nous il a fait répondre qu’il n’était pas disponible. Nous devons être reçus par son secrétaire général, mais apparemment, il n’est pas au courant. D’où l’importance d’une présence nombreuse autour de nous, lors de ce rassemblement. Ce que nous demandons, c’est le retour au tiers temps, un dispositif pédagogique complet pour tous les stagiaires, avec une aide particulière pour ceux qui sont en difficulté, et une clarification des procédures de titularisation.
Quels sont vos rapports avec les syndicats ?
R.G.: Ils nous accompagnent dans nos revendications. Pour cette action régionale, tous nous soutiennent : nous serons assistés par une délégation intersyndicale qui représente 10 d’entre eux – moi-même, au titre du syndicat SUD. A l’échelle nationale, c’est plus compliqué puisque nous exigeons du ministère l’abrogation de la masterisation, ce qui crée des tensions avec la CFDT, le SNES et le SNALC.
Quelles actions envisagez-vous pour le développement de votre action ?
R.G.: Nous allons lancer un nouveau mot d’ordre et l’appel à une coordination nationale pour le 1er décembre, à la Bourse du Travail à Paris. Nous demanderons alors une audience au Ministère. Nous invitons tous les stagiaires à contacter Stagiaire Impossible et à se joindre à nous : plus le mouvement s’amplifie et moins nous sommes vulnérables. Déjà, nous sommes plusieurs à renoncer à l’anonymat que nous avions adopté pour limiter les risques de pressions et de sanctions. Je voudrais aussi lancer un appel à tous les collègues titulaires : la situation des nouveaux recrutés les concerne aussi. Si on admet qu’un débutant sans formation peut assurer 18h de service, que demandera-t-on demain à un enseignant chevronné et expérimenté ? Notre combat est celui de tous les enseignants, pour l’Éducation nationale.
La suite du reportage : Entretien avec Rebecca, jeune néo titulaire
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Liens :
http://stagiaireimpossible.org
Pour voir le texte de l’appel :