JP Gallerand – E Jourdan
Sommaire : L’inrp, Davantage de sciences au lycée, Nagoya, Cinemasciences, Réchauffement climatique, Banque de situations expérimentales …
Bienvenue à l’Institut Français de l’Éducation ?
« Rendre tout son éclat à la recherche française en éducation » telle est l’ambition affichée par Yves Winkin dans le rapport sur l’avenir de l’Institut National de Recherche Pédagogique (INRP) [1] qui a été remis le 15 novembre à Luc Chatel et Valérie Pécresse. Ce rapport propose un scénario qui décrit l’intégration de l’INRP dans l’ENS de Lyon (ENSL) et sa refondation sous la forme d’un « institut majeur en France pour intervenir dans les multiples débats sociétaux sur l’éducation ». L’Institut Français de l’Éducation (IFE), c’est la nouvelle dénomination retenue, aura alors pour mission de développer « une conception pragmatique de la recherche éducative, appuyée sur l’expérience et pensant d’emblée les implications pratiques des concepts qu’elle développe »`.
L’avenir de l’INRP semble donc se sceller à un rythme soutenu. C’est lors du conseil d’administration du 17 juillet dernier que B. Bigot, Président des conseils de l’INRP, présentait la décision des ministres. Le 3 septembre, J. Samarut, Président de l’ENSL, missionnait Y. Winkin pour la conduite du projet d’intégration. Depuis, des voix se sont élevées soit pour exprimer leur inquiétude de voir un mauvais coup porté à la recherche en éducation [2] soit pour dire leur opposition à ce projet d’intégration [3]. Ce refus a été réaffirmé lors de la conférence de presse qui, le 5 novembre, a conduit à la diffusion d’un communiqué signé par de nombreuses associations de chercheurs et d’enseignants [4]. Le jour de la remise du rapport aux ministres, les membres élus du conseil scientifique refusaient de siéger à un conseil où l’avenir de l’Institut n’était pas à l’ordre du jour. Ce refus faisait suite à la démission de dix des douze conseillers extérieurs. L’intersyndicale a depuis exprimé ses réserves sur le budget qui sera prochainement soumis au vote.
Dans ce contexte, le rapport préparé par Y. Winkin vient d’abord réaffirmer la nécessité de stopper le processus de dégradation de la recherche dans le domaine éducatif en France. Il vient également souligner le rôle de premier plan que l’INRP doit jouer pour « éclairer les politiques publiques d’éducation ». Il s’agit alors de développer le potentiel de l’INRP pour fonder L’Institut Français de l’Éducation qui, en synergie avec l’ENSL, « a pour objectif de construire à Lyon une plateforme nationale et internationale de recherche en éducation ». Ce projet repose sur trois principes stratégiques qui font appel à l’ouverture (« cultiver l’extraversion »), l’expertise (« devenir incontournable pour les partenaires ») et la gouvernance (« développer une culture du projet et de l’anticipation »). On aimerait voir ajouter à ces trois principes stratégiques un quatrième qui serait la mobilisation des personnels pour s’assurer de l’acceptabilité et de la réussite de la refondation. Par ailleurs, d’un point de vue plus général, on pourrait ajouter que l’avenir de la recherche en éducation en France dépend de ce que nos politiques voudront bien en faire. Nos décideurs trouvent naturel de solliciter l’expertise de chercheurs pour prendre des décisions dans les domaines de la santé, du développement des infrastructures ou de l’économie mais, en matière d’éducation, c’est souvent le sens commun qui prévaut et la Cour des Comptes faisait récemment le constat accablant de l’incapacité du ministère à évaluer les politiques qu’il met en œuvre [5].
Le rapport esquisse également les grandes lignes d’une politique scientifique pour l’IFE. Cette politique réaffirme la nécessité d’un ancrage sur le terrain et donc le maintien du détachement d’enseignants du secondaire avec l’élargissement de cette possibilité aux professeurs des écoles. Elle reprend certaines des thématiques déjà portées par l’Institut et propose de les fédérer sous la forme de « programmes transversaux, sur des questions innovantes ». Elle propose également l’ouverture de nouveaux chantiers comme celui de la pédagogie de l’enseignement supérieur. Le R d’INRP a disparu dans le nouvel acronyme mais, à la lecture du rapport, c’est bien l’affirmation d’une ambition renouvelée pour la recherche qui est affichée.
D’un point de vue organisationnel le rapport prévoit que l’absorption de l’INRP s’accompagne d’une réorganisation en « pôles », « recherche et formation » , « patrimoine scientifique » , « diffusion des savoirs », « agence de valorisation », et un pôle « fonctions supports » qui, « croisé avec les services administratifs de l’ENSL », signe la perte d’autonomie de l’Institut. Le rapport prévoit également de ne conserver que trois implantations sur les six actuelles. Le sort du Musée National de l’Éducation de Rouen est suspendu aux résultats d’un rapport de l’IGAENR et de l’IGAC. Plusieurs scénarios sont envisagés pour le Service d’Histoire de l’Éducation et c’est la disparition du site de Marseille qui est programmée. Enfin, du point de vue de la gouvernance, un nouvel organigramme devrait se mettre en place autour d’un directeur entouré d’un conseil de direction.
La réussite d’un tel projet dépendra de la motivation des différents acteurs et en particulier des personnels concernés. Quels sont les leviers sur lesquels agir pour renforcer cette motivation? C’est d’abord la question de l’autonomie, le sentiment à développer chez les personnels qu’ils ont la possibilité de peser sur les décisions qui seront prises et d’être responsables de leur avenir. C’est aussi l’importance de renforcer une culture d’établissement et le sentiment d’appartenance à une communauté qui œuvre dans la même direction. « L’INRP était un rassemblement d’intelligences individuelles ; l’IFE sera une intelligence collective au service de tous » écrit Y. Winkin. C’est enfin cultiver l’idée que le projet est réalisable et porteur d’avenir, pour l’institution comme pour les individus, et que les tutelles s’engagent fermement sur ce processus de refondation.
E. Sanchez, Université de Sherbrooke, QC
[1] De l’INRP à l’Institut Français de l’Éducation, au sein de l’ENSL une identité retrouvée, une ambition renouvelée, rapport présenté à Luc Chatel, Ministre de l’Éducation Nationale et à Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche par Jacques Samarut, Président de l’ENSL, préparé par Yves Winkin, Professeur à l’ENSL.
[2] Communiqué de l’AECSE du 15 novembre 2010
http://sauvonslinrp.blogspot.com/2010/11/…
[3] Communiqué Europe Écologie Rhône-Alpes des 21 et 22 octobre 2010
http://sauvonslinrp.blogspot.com/search/label/…
[4] Communiqué intersyndical du 5 novembre 2010 http://sauvonslinrp.blogspot.com/search/…
[5] Rapport de la cour des Comptes : l’Éducation Nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves (mai 2010)
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000222/
Corinne Fortin sur le Forum de SVT
Corinne Fortin est professeure de SVT en lycée. Elle est aussi professeure associée à l’INRP au sein de de l’UMR Stef ENS Cachan-INRP et son domaine de recherche est l’enseignement de l’évolution dans le secondaire.
Elle est l’auteur d’une thèse en didactique de la biologie (1993) :
« L’évolution : du mot aux concepts. Étude épistémologique sur la construction des concepts évolutionnistes, et les difficultés d’une transposition didactique adéquate »
Pendant les mois de novembre et décembre, elle pourra répondre aux questions que vous lui poserez sur l’enseignement de l’évolution au collège et au lycée.
Voici une liste de ses publications les plus récentes :
Livres destinés au public enseignant :
– FORTIN C. (2009). L’évolution à l’école : créationnisme contre darwinisme ? A. Colin
– FORTIN C. GUILLOT G, LECOINTRE G, BONNET ML (2009). Le guide critique de l’évolution, (Lecointre G. dir.), Belin
Articles scientifiques en didactique de l’évolution :
– FORTIN C. (2009). L’enseignement de l’évolution au lycée : entre description et explication, in Evolution du vivant : un enseignement à risque ? COQUIDE.M, TIRARD,S. (dir.), Vuibert/Adapt, pp 15-34
– FORTIN C. (2009). La métaphore de la parenté est-elle un obstacle à l’idée d’évolution ? in Evolution du vivant : un enseignement à risque ?
COQUIDE.M, TIRARD,S. (dir.), Vuibert/Adapt, pp 129-134
– FORTIN C. (2009). L’enseignement de la théorie de l’évolution dans le
secondaire : quelques enjeux didactiques, in Les mondes darwiniens, Heams Th, Huneman P., Lecointre G, Silberstein M. (dir), Syllepse, pp1045-1060
Forum de SVT
http://garonne.ac-toulouse.fr/svt/phpBB/
Des scientifiques demandent davantage de sciences au lycée
Dans une pétition diffusée par Le Monde, des associations d’enseignants en CPGE et des scientifiques de renom demandent davantage d’heures de cours en sciences en série S du lycée et aussi en L et ES. » L’occasion était donnée de renforcer l’enseignement en sciences au lycée afin de former les professionnels et les scientifiques dont la France a besoin pour garder sa place dans la compétition mondiale. Or moins de la moitié des horaires en première S est consacrée aux sciences : ce n’est pas raisonnable », écrivent-ils.
Luc CHatel n’arrive pas au même calcul. » La série S reste bien scientifique : désormais, l’emploi du temps des élèves est formé de 39 % à 46 % d’enseignements scientifiques en classe de première, de 66 % en terminale, soit de 53 % à 56 % sur le cycle première-terminale. Les enseignements scientifiques sont donc bien majoritaires en S », affirme-t-il. Le ministre met aussi en avant le nouvel enseignement d’exploration « méthodes et pratiques scientifiques » en classe de seconde et l’accompagnement personnalisé de deux heures par semaine pour chaque élève qui « contribueront puissamment à la formation scientifique de nos élèves. Sans oublier les travaux personnels encadrés qui sont maintenus ».
Le texte des scientifiques
http://medias.lemonde.fr/mmpub/edt/doc/20101104/1435260_3f47_[…]
La réponse du ministre
http://www.lemonde.fr/societe/article/2010/11/04/luc-chatel-les-[…]
Une pétition a été rédigée par la CGE, la SFP, l’UdPPC, l’UPA et l’UPS.
Elle est hébergée sur le site de l’IREM de Lille.
Après recueil des signatures, elle sera remise au Ministre de l’Education Nationale.
http://irem.univ-lille1.fr/PetitionLycee/index.php
Eviter les naissances prématurées en ciblant des microARN ?
Une actualité de Futura-Sciences présentant de nouvelles données apportées par une équipe de recherche américaine, qui indiquent que les microARN sont impliqués dans le mécanisme régulateur de l’accouchement. Ces connaissances ouvrent la voie vers un meilleur contrôle des naissances prématurées.
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/medecine/d/eviter-les-naissances
Nagoya
Le Japon héberge du 18 au 29 octobre 2010, à Nagoya, la dixième Conférence des Parties (COP10) de la Convention sur la diversité biologique. Toutes les biodiversités dont l’objet de débats. La conférence s’intéresse aussi à l’éducation et la sensibilisation du public.
Le site de la Convention internationale
http://www.cbd.int/
En direct dans Sciences et avenir
http://www.sciencesetavenir.fr/actualite/nature-environnement/[…]
Cinémasciences
Science, cinéma et imaginaire ont à nouveau rendez-vous du 30 novembre au 5 décembre 2010 à Bordeaux pour Cinémascience. Dédié à tous, petits et grands, ce festival international de films explore des longs-métrages de fiction venus du monde entier, et pour certains inédits en France, avec un éclairage scientifique. Organisé pour la troisième année consécutive par le CNRS, cet événement initie des échanges inédits entre le grand public, les cinéastes et les scientifiques. Avec une compétition de longs-métrages inédits en France, des avant-premières, des conférences avec des chercheurs…, le festival est une nouvelle façon de parler de science via le 7è Art.
Cinémasciences
http://www.cnrs.fr/cinemascience/
Le Royaume Uni ouvre un site sur le changement climatique
Utile pour une approche en DNL, ce site officiel du gouvernement britannique veut apporter une dimension scientifique à la question du changement climatique. Il présente de façon claire les domaines d’études concernés pour lesquels il interroge les experts.
http://www.bis.gov.uk/go-science/climatescience
L’Académie des Sciences prend position sur le réchauffement
« Plusieurs indicateurs indépendants montrent une augmentation du réchauffement climatique de 1975 à 2003 », écrit l’Académie des sciences dans un rapport de synthèse sur le changement climatique. « Cette augmentation est principalement due à l’augmentation de la concentration du CO2 dans l’atmosphère. L’augmentation de CO2 et, à un moindre degré, des autres gaz à effet de serre, est incontestablement due à l’activité humaine. Elle constitue une menace pour le climat et, de surcroît, pour les océans en raison du processus d’acidification qu’elle provoque ».
Le rapport
http://www.academie-sciences.fr/publications/rapports/pdf/climat[…]
Banque de situations expérimentales 2010
L’évaluation des capacités expérimentales (ECE), partie de l’épreuve de sciences de la vie et de la Terre du baccalauréat de la série scientifique (S), évalue des compétences acquises tout au long du cursus secondaire pendant les activités pratiques. Vous retrouverez sur le site éduscol, la banque des sujets de l’année 2010.
http://www.eduscol.education.fr/cid53690/sciences-de-la-vie-et-de-la[…]