Par François Jarraud
A l’initiative du réseau des villes éducatrices, avec une quarantaine d’organisations d’enseignants, de parents, d’association périéducatives, de mouvements pédagogiques, de lycéens et d’étudiants, l’Appel de Bobigny veut mettre l’éducation au centre du débat des présidentielles.
« Il n’y a pas de précédent historique », affirme l’historien de l’éducation Claude Lelièvre. « Ni par le nombre de participants, ni par la forme non revendicative mais prospective, ni par la méthode de travail » lors de son élaboration. Ce monument c’est l’Appel de Bobigny, une série de propositions élaborées sur 3 ans par une quarantaine d’organisations en lien avec l’Ecole qui était présentée mardi 19 octobre à l’Hôtel de Ville de Paris.
C’est tout le champ éducatif qui est représenté.
Mis en route par le réseau des villes éducatrices, un mouvement qui réunit environ 80 municipalités et qui est présidé par Yves Fournel, l’Appel de Bobigny est co-signé par tout ce qui compte en matière éducative. Il y a des représentants des collectivités locales, comme l’Andev ou le RFVE, les syndicats d’enseignants (FSu, Unsa, Cfdt),les parents de la Fcpe, les lycéens de l’Unl et les étudiants de lUnef. Mais aussi les associations complémentaires de l’école (Afev, Dei, Céméa, Prisme, Pep, Aroeven, la Ligue de l’enseignement etc.) et les mouvements pédagogiques (Gfen, Crap, Icem, etc.). Tous ont travaillé plusieurs années pour construire cette plate-forme qui n’est pas un catalogue de revendications mais plutôt un éventail de propositions et de questions.
« Ce n’est pas une liste de revendications, une compilation », confirme Yves Fournel. « C’est des valeurs, des méthodes, une identification des changements nécessaires. L’appel veut « un grand projet national pour l’enfance et la jeunesse ». Elle demande « quelle place et quels moyens veut-on donner à l’éducation dans notre pays ? Quel citoyen veut-on préparer ». Des questions qui renvoient évidemment aux débats à venir des présidentielles.
L’Appel fixe 5 priorités et 18 propositions.
Il demande une « loi d’orientation et de programmation pluriannuelle pour l’enfance et la jeunesse ». Il s’agit de garantir le droit à l’éducation pour tous, et donc de garantir une équité effective et non « l’égalité des chances ». Il veut promouvoir « la coopération de tous les acteurs », « mobiliser les ressources des territoires et d el’école », « définir un projet éducatif global ambitieux ».
Mais les partenaires de l’appel ont décliné cela en quelques points plus concrets. D4abord pour les 0 à 6 ans, qui sont vraiment prioritaires dans la perspective de l’appel. Il demande la création d’un service public de la petite enfance, reliant différents acteurs associatifs et publics, doté d’une charte à valeur réglementaire. L’Appel estime qu’il est possible de créer 300 000 places supplémentaires pour ces petits enfants en réutilisant les crédits des aides publiques existantes.
Autre grand objectif : celui des résultats.
L’Appel revendique 0 sorties sans qualification reconnue, 50% d’une tranche d’âge diplômée du supérieur. Il souhaite aussi modifier profondément l’Ecole. Il n’esquive pas la question des rythmes scolaires mais revendique d’appliquer les recommandations de l’Académie de médecine avec une semaine de 5 jours au primaire. Dans le secondaire il demande une réforme de l’évaluation, la fin des redoublements, la démocratisation du lycée. Enfin il adopte systématiquement une vue intégratrice, associant les collectivités locales et les associations au travail éducatif.
Quelles suites ?
Loin d’être le premier ou le seul appel sur l’éducation, l’Appel de Bobigny veut apparaître comme un levier du débat politique. « On veut imposer un débat national sur l’éducation », avoue Yves Fournel qui souligne l’importance des acteurs impliqués dans ce projet. Une discussion qui ne soit pas réservée à la gauche. D’ailleurs Luc Chatel, à travers la ville de Chaumont dont il est maire, participe à l’Appel… Claude Lelièvre relève que déjà certaines propositions se retrouvent dans le nouveau projet socialiste pour l’Ecole. « L’appel donne des bases au débat », souligne Thierry Cadart (Sgen Cfdt). « Les difficultés du système éducatif pèsent lourdement dans les difficultés économiques de la France. L’Appel pose des questions brûlantes. Il donne au débat ses conditions de développement ». C’est donc à vous maintenant d’y participer…
Liens :
L’Appel de Bobigny
http://www.villeseducatrices.fr/page.php?page_id=20
Le blog de l’appel
http://www.pourleducation.net./
Sur Mediapart
http://www.mediapart.fr/club/edition/appel-de-bobigny/article[…]
Sur le Café :
Les assises nationales de l’éducation 2009
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2009_Assis[…]
20 organisations appellent à des assises nationales