Par François Jarraud
Trois nouveaux programmes en 5èm,, 2de et 1ère pro.
Le programme de 5ème
Il s’appuie sur des œuvres très différentes : au moins une œuvre du Moyen-Age et de la Renaissance parmi La Chanson de Roland, Chrétien de Troyes, Lancelot ou le Chevalier à la charrette, Yvain ou le Chevalier au lion, Perceval ou le Conte du Graal, Tristan et Yseult , Le Roman de Renart , un fabliau ou une farce : par exemple La Farce de Maître Pathelin. On doit aussi étudier un récit d’aventures (Le Livre des merveilles de Marco Polo ; Robinson Crusoé de Daniel Defoe ; L’Ile au trésor de Robert Louis Stevenson ; un roman de Jules Verne ; Croc-Blanc, L’Appel de la forêt de Jack London ; etc. Une poésie comme Jean de La Fontaine, Hugo, Musset, Apollinaire etc. Enfin il y a l’étude de la comédie : « Le professeur fait lire, intégralement ou par extraits, au choix : une comédie de Molière, choisie par exemple parmi les pièces suivantes : Le Bourgeois gentilhomme, Les Fourberies de Scapin, Le Malade imaginaire ; une comédie courte choisie par exemple parmi celles des auteurs suivants : Georges Feydeau, Georges Courteline ou Jules Renard ».
http://media.education.gouv.fr/file/special_6/21/8/programme_franc[…]
Le nouveau programme de seconde n’entrera en application qu’à la rentrée 2011
Les nouveaux programmes de Seconde et de Première étaient en consultation sur le site Eduscol. Ils ont été adoptés au CSE du 1er juillet. Ils seront applicables en septembre 2011 (non, pas d’erreur, les professeurs en charge de Seconde et de Première auront une rentrée 2011 plutôt épique).
En résumé :
– L’enseignement de Littérature se fera désormais en Première et en Terminale
– Pour chaque objet d’étude est suggéré un corpus mettant en lien l’histoire des arts ou l’enseignement du latin
– L’étude de la langue doit trouver sa place, autant qu’au collège, avec l’objectif (réalisable ?) de remettre à niveau tous les élèves et de combler les lacunes grâce à des leçons ponctuelles de langue et au développement de la grammaire de texte et de la grammaire de l’énonciation (morpho-syntaxe, cohérence de l’énoncé, modalisation)
Classe de Seconde
Quatre objets d’étude :
– Le roman et la nouvelle au XIXe siècle
– La tragédie et la comédie au XVIIe : le classicisme
– La poésie au XIXe : du romantisme au symbolisme
– Genres et formes de l’argumentation : XVIIe et XVIIIe siècles
– Acquisition et renforcement favorisant l’expression d’une pensée abstraite
– Multiplication d’exercices « codifiés » pour vérifier l’acquisition des compétences (minimum 3 évaluations sommatives chaque trimestre)
Classe de français en Première générale et de littérature en Première L
Quatre objets d’étude :
– Le personnage de roman, du XVIIe à nos jours
– Le texte théâtral et sa représentation, du XVIIIe à nos jours
– Ecriture poétique et quête du sens, du XVIe à nos jours
– La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation du XVIe à nos jours
Deux objets d’étude spécifiques à la Première L :
– Vers un espace culturel européen : Renaissance et humanisme
– Les réécritures, du XVIIe à nos jours
L’étude de la langue se poursuit en classe de Première, mettant l’accent sur la compréhension et l’analyse approfondie des faits de la langue et de la grammaire de texte.
L’histoire des arts
« Au lycée les professeurs de Lettres doivent apporter leur contribution à l’enseignement de l’histoire des arts ». La culture antique retrouve, dans ce cadre, ses lettres de noblesse.
L’éducation aux medias
[Les élèves] sont encouragés à pratiquer des activités utilisant différents médias (radio, presse écrite, audio-visuel principalement) […].Ils sont encouragés à pratiquer des activités utilisant différents médias (radio, presse écrite, audio-visuel principalement).
Devenir des citoyens responsables, suite logique du B2i niveau collège en somme.
Le futur programme de seconde et de première
http://media.eduscol.education.fr/file/consultation/94/0/se[…]
A la rentrée 2010 le programme de français reste celui de 2002
http://www.education.gouv.fr/botexte/bo021107/MENE0202333A.htm
Document d’accompagnement
http://www.cndp.fr/archivage/valid/35183/35183-7043-7010.pdf
Première professionnelle
Un nouveau programme entre en application à la rentrée 2010. Il s’intéresse à l’imaginaire, aux philosophes des Lumières, au progrès technique.
http://media.education.gouv.fr/file/special_2/24/5/francais_44245.pdf
Les programmes des concours 2011 du secondaire
Agrégation, Capes, Capet, CaPLP, Cop, Cpe : tous les programmes des concours 2011 viennent de paraître au B.O. spécial n°7.
Le B.O. fixe précisément les programmes de toutes les disciplines du secondaire et des épreuves des conseillers d’orientation psychologue (Cop) et des conseillers principaux d’éducation (Cpe). Rappelons que la date limite d’inscription est le 20 juillet . Le calendrier des épreuves est paru au Journal officiel du 6 juillet. Pour le Capes, les épreuves d’admissibilité auront lieu du mardi 9 au mercredi 24 novembre 2010, pour l’interne le mardi 1er février 2011 ; pour le Capet ce sera le jeudi 4 et le vendredi 5 novembre 2010, à l’exception des épreuves de la section arts appliqués qui auront lieu le jeudi 25 et le vendredi 26 novembre 2010 pour l’externe, le 3 février pour l’interne; pour le CaPLP les épreuves du concours externe auront lieu le jeudi 25 et le vendredi 26 novembre 2010 et le concours interne le mercredi 2 et le jeudi 3 février 2011. Les épreuves d’admissibilité du concours de Cpe auront lieu pour l’externe le mardi 2 et le mercredi 3 novembre 2010 ; pour l’interne le lundi 31 janvier 2011.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/pid24222/special-n-7-du-8-juillet-2010.html[…]
5ème : Essayez un manuel numérique !
Par Adeline Buisson
Il est temps de songer à la récolte des nouveaux manuels de 5e qui fleurissent dans nos casiers depuis deux semaines. Les nouveaux programmes de 6e ont été l’occasion pour les éditeurs de s’essayer au numérique. L’offre est désormais plus importante cette année avec le niveau 5e. De la simple numérisation (pages scannées) au véritable manuel numérique, voici un petit tour d’horizon de ce qui nous est proposé pour la rentrée.
Tous les éditeurs – ou presque – offrent deux types de manuel numérique : simple et enrichi. Le manuel numérique simple est, en fait, la version projetable du papier (avec quelques outils d’écriture au tableau, comme le surligneur ou le crayon). Le manuel enrichi, véritable travail numérique, contient des ressources multimédias supplémentaires et des options de personnalisation du manuel. Plus qu’un manuel lambda, il peut devenir le manuel du professeur.
Avantages et inconvénients sont ici présentés de façon succincte pour vous inviter – ou non – à découvrir dans les détails certaines potentialités du numérique. Les offres sont multiples et variées,du plus simple au plus évolué.
Quand le clavier se frotte à la plume…
L’œil et la plume, Belin
Voilà un bel exemple de contenu numérique réussi et justifié, intitulé Lib’… La pégagogie n’est pas laissée pour compte et les technophiles trouveront surement quelques réponses à leurs attentes.
Avantages :
– Le manuel est personnalisable à souhait : le professeur peut ajouter ses propres documents (audio, texte, image), créer des dossiers documentaires dans sa médiathèque
– Possibilité de créer des onglets pour repérer facilement les pages et les contenus pour chaque classe lors de ses préparations de cours
– Tous les textes peuvent être travaillés à la manière d’un TBI avec des outils fournis clés en main (écrire sur l’écran, surligner, zoomer, masquer une partie du contenu…) ; le zoom est d’excellente qualité et permet une lecture aisée depuis le fond de la classe
– Multisupport : avec son compte, on peut synchroniser le manuel en ligne, les modifications effectuées à la maison ou en classe. La synchronisatio nest possible et facile entre les différents supports (en ligne, usb, local)
– Une navigation simple, dynamique, typique du web avec un sommaire interactif qui reprend les thèmes au programme
Inconvénients :
– l’installation prend un peu plus de temps en ligne (compter environ 10 minutes avec une bonne connexion)
– les pages sont parfois longues à charger (en particulier lorsqu’elles sont complexes)
– pour les non-technophiles, la navigation et les manipulations du manuels pourront paraître malaisées car elles se rapprochent du web (notamment le glisser-déposer qui peut exaspérer les béotiens)
Entretien avec Sébastien Leplaideur, responsable du projet Lib’
Le manuel numérique Belin a de quoi faire rêver. Pour autant, cs prouesses technologiques doivent-elles faire craindre une disparition du papier ? Rien de tel dans l’esprit de Sébastien Leplaideur, responsable du projet, pour qui « il faudrait un continuum sérieux pour aller vers le numérique : de la maintenance, de la formation d’enseignants, des crédits pour acheter des contenus, etc. Aujourd’hui, les manuels numériques sont principalement utilisés pour la vidéoprojection en classe, les élèves ont le papier sous les yeux. Dans les familles défavorisées, les manuelss sont souvent les seuls livres de la maison. Et la connexion internet n’existe pas ou de façon très restreinte, entre 18h et 20h par exemple ».
Aucun risque de voir le papier disparaître des étalages de Belin. Pourtant, les possibilités du numérique ont été largement exploitées et le résultat est… époustouflant ! « On a joué sur la modularité du manuel : on peut tout modifier sur les pages, sauf les textes pour des raisons de droit évidentes. ». En clair, le professeur peut rédiger lui-même l’intro, les légendes, les questions, les synthèses. Il peut aussi ajouter ses propres documents (son vidéo, image) et même créer sa propre page en piochant de-ci de-là les éléments qui lui conviennent dans le manuel.
Il n’est pas non plus question de spectacle. L’enseignant n’utilise pas le manuel pour faire le show. La pédagogie prime. Ainsi, la qualité de numérisation des textes a été soignée, afin de répondre à une « demande forte des enseignants d’avoir la possibilité de lire des textes en grand au fond de la classe ».
Le manuel est au service de la pédagogie et de l’enseignant, qui reste maître à bord de son outil de travail : ajouter des documents, collaborer avec d’autres enseignants partout en France par le biais du manuel, transférer d’un simple clic le travail enregistré de la maison à la salle de cours.
L’idée est ingénieuse, le principe novateur en France – c’est normal, elle est un subtil mélange entre la tradition du numérisé et le manuel en flux des Etats-Unis. Au final, le manuel allie mise en page et contenu dynamique.
Le résumé du manuel est formule avec justesse par Sébastien Leplaideur : « Il s’agit plus d’un bureau virtuel que d’un manuel numérique ».
N.b.Version numérique Lib’ gratuite jusqu’au 31 décembre 2010 sur simple inscription
Site internet :
http://www.belin-francais-college.com/votremanuel
Manuel numérique :
http://www.libtheque.fr/index.php
Fleur d’encre, Hachette Education
Souvent cité comme référence lors des conseils pédagogiques, Fleurs d’encre édite à son tour un manuel numérique à l’occasion des nouveaux progreammes de 5e. Pour le moment, seul un échantillon est consultable sur internet. Les contenus pédagogiques numériques sont à la hauteur des contenus papier, à une réserve près. Sortie annoncée le 15 juin 2010.
Avantages :
– Les dictées audio (enregistrées par un acteur) sont fournies sous deux formes : une première lecture intégrale, puis une seconde formatée pour la dictée
– Les textes lus (par un acteur) peuvent être téléchargés (et ils sont au grand nombre de 30)
– Des outils d’analyse de l’image intéressants
– Des grilles de mots croisés téléchargeables et interactives
– Une chronologie littéraire et historique interactive
– Des fiches de méthode à télécharger
– Des grilles pour travailler les compétences du socle commun
– Lisible sous Mac
Inconvénients :
– Les contrastes pour l’analyse de l’image ne sont pas suffisamment marqués (c’est un détail mais qui peut avoir son importance) et les indices sont peu visibles. Dans une salle trop lumineuse, l’étude du tableau projeté s’avère difficile.
Entretien avec Dominique Sylvie CORMIER, Responsable de projets multimédias chez Hachette Education.
A.B. Manuel papier, manuel numérique : les deux ont-ils été pensés en complémentarité? ou préconisez-vous au contraire le choix de l’un ou de l’autre?
D.C.Ils sont bien sûr complémentaires. (…) Même quand ils sont utilisateurs du manuel numérique vidéoprojeté utile pour la visualisation d’une image par exemple ou, par le biais du TNI, pour la mise en évidence de certains aspects des textes, les enseignants restent très attachés au manuel papier. Ce dernier permet en effet une appropriation en profondeur des savoirs et offre une vision structurée. Il reste aussi indispensable pour la lecture des textes et pour gérer l’hétérogénéité des classes. C’est un outil de travail individuel. Enfin la lecture plus linéaire que permet le manuel papier est indispensable à certains élèves.
Comment l’éditeur d’un manuel numérique envisage-t-il l’obstacle de la fracture numérique?
Les collectivités investissent beaucoup dans ce domaine, les exemples sont nombreux, et le déploiement des ENT devrait contribuer à donner un accès à tous aux ressources numériques que nous produisons.
Quid de l’obstacle de la dotation matérielle des établissements?
Il faut distinguer l’équipement de l’établissement, celui de l’enseignant et celui des familles. Les réponses apportées par les collectivités sont multiples, diverses et certainement pas homogènes. D’où le frein que constitue cet équipement disparate au développement des pratiques. Mais il faudrait aussi parler de l’accompagnement des enseignants et de la formation…
En quoi le manuel numérique peut-il être un atout pour l’enseignant de français?
Le manuel numérique enrichi Fleurs d’encre 5e est un atout précieux sous plusieurs aspects (…). Les textes enregistrés par les comédiens sont plébiscités par les élèves en classe et les motivent pour l’apprentissage du français. Ils permettent une entrée en lecture aussi bien qu’un travail sur la lecture expressive. Ils aident à travailler l’oral pour lequel les enseignants sont souvent démunis.
De même, les exercices interactifs proposés (Faire le point et mots croisés) sont conçus pour un apprentissage actif et ludique, en classe, ou en autonomie à la maison après téléchargement par l’enseignant. Ils sont un outil de pédagogie différenciée.
En tant qu’outil pour le professeur, il lui permet d’imprimer et de diffuser aisément des fiches-méthodes et des grilles d’auto-correction fort utiles pour le travail par compétences.
Site :
http://www.fleursdencre-prof.hachette-education.com/
Pour tester le manuel enrichi gratuitement (à partir du 15 juin 2010) :
http://www.mnp.hachette-education.com/views/site-prof/index.php
Sont en accès libre sur leur site, pour la classe de 5e, le chapitre 2 (Des aventuriers au mythe) et le dossier 5 (Tristan et Iseult).
Le livre scolaire.fr
Un OVNI dans le paysage du manuel scolaire : Le livre scolaire. Vous ne connaissez pas ? Rien d’étonnant à cela car ce manuel de Français 5e est en quelque sorte le faire-part de naissance de cette nouvelle maison d’édition. La conception du manuel est fondée sur le principe du travail collaboratif dont l’association Sesamath a déjà démontré l’efficacité chez nos confrères scientifiques. 60 enseignants de Français des quatre coins du pays ont collaboré à la rédaction de l’ouvrage. Si l’éditeur a fait le choix de maintenir la double version, papier et numérique , l’atout de ce manuel est à coup sûr son interactivité. Contrairement à d’autres manuels numérisés, nous avons enfin entre les mains (ou plutôt sous les doigts) un véritable outil numérique.
Avantages :
– Les pages du manuel sont interactives : l’enseignant peut annoter une image, ajouter du contenu, et la navigation dans la manuel se fait comme sur une page web (création possible de favoris, menus déroulants)
– Une fonction intéressante permet d’ajouter soi-même des définitions dans tous les textes littéraires
– L’enseignant peut ajouter son propre contenu au manuel (références de sites internet, images, textes, vidéos) qu’il diffusera à ses élèves, au choix, par internet ou sous format PDF après impression
– des logiciels intégrés de création d’exercices (type hotpotatoes) réduisent les manipulations entre le support de cours et la préparation des évaluations et exercices
– des exercices – enfin ! – raisonnés de validation du B2i, autres que les barbantes recherches documentaires (Qui est Molière ?)
Inconvénients :
– la navigation web peut dérouter les enseignants non rompus aux pratiques informatiques
– l’accent a été mis sur les manipulations numériques, mais le traitement pédagogique des textes reste encore limité
– il manque encore quelques outils de manipulation du texte et de l’image
– les compétences travaillées ne sont assez clairement mises en évidence
– le socle commun n’apparaît pas encore (prévu pour le prochain manuel de 4e selon l’éditeur)
– le contenu Histoire des arts reste encore à développer, notamment en ce qui concerne les images mobiles, les arts du spectacle
Raphaël Taïeb, responsable pédagogique du Livre scolaire a accepté de répondre à nos questions après une longue présentation détaillée de l’ouvrage.
A.B.Comment envisagez-vous la conciliation du numérique et de la culture papier ?
R.T.Nous avons conçu nos deux manuels dans un esprit de complémentarité : en 2010, les pratiques pédagogiques, les infrastructures, l’équipement mais aussi les mentalités ne sont pas prêtes au tout numérique. (…)Nous sommes dans une phase de transition vers le numérique et cela se manifeste par différents aspects : volontarisme public (plans d’équipement, expérimentations, etc.), offre éditoriale et technologique (manuels numériques, TBI, ENT, etc.), évolution des mentalités (rajeunissement des effectifs enseignants, prise d’assaut des réseaux sociaux par les professeurs, etc.).(…) Il est évident que le papier ne disparaîtra jamais. La complémentarité perdurera, mais le rapport de force entre les deux supports va évoluer sans aucun doute vers une priorité au numérique (plus pratique, plus léger, plus fonctionnel, moins cher).
Que peut apporter le collaboratif pour un manuel scolaire ?
Cela fait des dizaines d’années que l’écriture collaborative fait ses preuves dans différents domaines. Ca a commencé par Linux qui a vu une poignée d’informaticiens défier des géants comme Microsoft ou Apple. Plus récemment, ce sont des Internautes comme vous et moi qui ont causé la disparition d’encyclopédies comme Universalis en concevant Wikipédia de façon collaborative (NDE : en fait les éditions Universalis viennent de publier l’édition 2010 de leur encyclopédie de référence).
Travailler avec 120 professeurs de toute la France nous a permis de concevoir des manuels faits par les professeurs, pour les professeurs et leurs élèves. C’est une grande nouveauté. Les professeurs nous font souvent remarquer que « ça se voit que ce livre a été écrit par des collègues ». Ce sont des manuels adapté à la réalité du « terrain » des enseignants. Cela étant dit, le collaboratif représente un défi humain considérable.
Comment abordez-vous le travail par compétences (histoire des arts, B2i, socle commun) ?
Le travail par compétence a été placé au centre de la conception des manuels. (…)L’objectif était d’aborder l’Histoire des Arts dans toute sa richesse (peinture, sculpture, mais aussi gastronomie, spectacle, art militaire, etc.) et de permettre à l’élève d’en retirer une substance. Trop souvent, l’Histoire des Arts se limite à l’analyse d’un document au milieu d’un chapitre. (…) On retrouve des activités B2i dans chaque chapitre de nos manuels. Des sommaires interactifs vont permettre aux utilisateurs, pour une compétence B2i ou socle commun donnée, de se référer aux pages des manuels qui permettent de s’exercer. Enfin, nous avons décidé de profiter de la souplesse d’Internet pour aborder ces différents aspects de façon transdisciplinaire. B2i, socle commune et Histoire des Arts se retrouvent dans nos deux manuels et le numérique permet de passer d’une matière à l’autre en toute simplicité. (…)
Bref, vous l’aurez compris, le recours au numérique est ici bien justifié et met l’eau à la bouche des enseignants acquis aux nouvelles technologies. Reste cependant bon nombre de fonctionnalités purement pédagogiques qui mériteraient développement et sur lesquelles les développeurs du livre scolaire ne manqueront pas de se pencher l’année prochaine.
Le site du manuel :
http://www.lelivrescolaire.fr/
Un specimen peut être envoyé gratuitement sur simple demande.
Le petit plus pour les adeptes de la toile : suivre la réalisation d’un manuel scolaire, c’est possible grâce aux photos publiées sur Facebook (impression, mur de bouclage) :
http://www.facebook.com/#!/pages/Lelivrescolairefr/108287225859696
Jardin des Lettres, Magnard
Que de noms à échos en première page de ce manuel ! Les abonnés à la liste de diffusion de Weblettres en reconnaîtront sans doute quelques-uns. L’ouvrage papier est de grande qualité. Quant au manuel numérique « enrichi », il reste encore un peu de chemin à parcourir dans le Jardin des Tice, notamment en terme de ressources.
Avantages :
– des lectures de textes expressives (au nombre de 17 exactement), exploitables en classe
– une fonction très astucieuse : des textes tout prêts à copier/coller dans son traitement de texte, fournis en .doc (donc aucun problème de compatibilité avec OpenOffice, par exemple)
– Les outils d’analyse de l’image fixes sont efficaces car très visuels (clair-obscur, flèches de lignes de force)
– Transportable sur clé USB
– Création de favoris
– Possibilité d’envoyer des pages par mail (facilite la collaboration entre enseignants)
– Une barre d’outils proche des possibilités du TBI
Inconvénients
– on aurait aimé davantage de dictées audio, d’autant que la diction est claire et permet un usage en classe sans crainte
– la ressource d’histoire des arts présentée dans la version de démonstration paraît bien faible et se contenter de traditions
– Le support numérique aurait pu supporter un plus grand nombre de vidéos
Entretien avec Florence Comblat, responsable du développement numérique Magnard-Vuibert.
A.B. Quelle est la position de Magnard à l’égard du manuel numérique? Effet de mode ou avenir réel du manuel scolaire?
F.C. (…) C’est plus qu’un effet de mode, car le numérique sous toutes ses formes ne doit plus aujourd’hui rester à la porte de la classe. Maintenant, nous sommes nombreux à penser qu’il s’agit sûrement là d’une étape. Les études semblent montrer qu’une fois passée une première période enthousiaste de découverte et d’appropriation, enseignants et élèves ont souvent envie d’aller plus loin. Et là, les formes souhaitées du manuel numérique peuvent être différentes d’un enseignant à l’autre : l’un souhaitera personnaliser les ressources, un autre travailler de manière collaborative avec ses élèves, un troisième voudra disposer de plus de documents. (…)
Quels ont été les axes principaux de travail lors de l’élaboration du manuel numérique?
Les équipes d’auteurs enseignants et les éditeurs pensent maintenant à la dimension numérique du manuel dès sa conception. Cela permet d’introduire des ressources multimédia complémentaires qui semblent maintenant évidentes mais qui ne l’étaient pas il y a encore deux ans. Nous proposons par exemple de très nombreux enregistrements audio en latin (avec la prononciation correcte) ainsi qu’en français, des poèmes et des textes littéraires interprétés par des comédiens. Des extraits vidéos originaux ou en partenariat avec l’INA complètent le dispositif. Le numérique nous donne également la possibilité d’approfondir l’histoire des arts et Magnard propose systématiquement des études d’œuvres où il est possible d’agrandir le moindre détail d’un tableau et d’appréhender directement à l’écran la composition ou l’interprétation de l’œuvre. (…)
Le manuel numérique évincera-t-il, à terme, la version papier?
Probablement pas. Un manuel ne tombe jamais en panne, n’a pas besoin d’être rechargé, ni d’être compatible avec tel ou tel matériel informatique ou telle ou telle tablette. Il peut être lu dans toutes les conditions. L’attachement des élèves, des parents et des enseignants au manuel est aussi très fort : il représente la trace indispensable du travail de toute une année scolaire pour une discipline donnée.En revanche, le manuel papier va continuer d’évoluer, comme il l’a toujours fait et bien sûr, il tiendra compte des évolutions de son double numérique, qui lui apportera des dimensions complémentaires. (…) A quoi bon proposer le tout numérique si techniquement, l’établissement ne dispose pas d’un débit internet suffisant, ni du matériel adéquat pour les enseignants et les élèves ? Il faut aussi se poser la question de la pertinence pédagogique de ces dispositifs : les élèves apprennent-ils mieux ? Les résultats de l’expérimentation nous en diront certainement plus. Il faudra aussi évoquer la question du financement car le travail numérique représente un coût supplémentaire non négligeable.
Quelle utilisation du manuel numérique préconisez-vous à un professeur de Lettres (vidéoprojection, complémentaire du papier), sachant qu’il existe de grandes disparités de dotation matérielle dans les établissements?
(…) Nous proposons bien sûr des manuels numériques enrichis pour la vidéoprojection en classe. Cette année, notre proposition comprend des outils pour mieux tirer parti de cet usage : il est par exemple possible de vidéoprojeter sur un même écran deux éléments distincts du manuel (comme une image et un exercice ne figurant pas sur la même double page). Il est également possible de sauvegarder ou d’échanger ses annotations. Afin de favoriser les usages, tous les utilisateurs qui adoptent le manuel papier pourront faire la demande d’une version test gratuite pour une année scolaire complète. Ainsi, les enseignants pourront apprécier en situation nos manuels.
Il faut aussi savoir que nos manuels numériques sont utilisables sans connexion internet et peuvent être transportés sur une clé usb : nous essayons autant que possible qu’il y ait le moins de problèmes techniques possibles.
Enfin, pour ceux qui ne disposeraient pas encore de matériel pour la vidéoprojection, une partie des ressources proposées sont des textes ou exercices à copier/coller dans le traitement de texte de son choix. Ainsi, des activités d’expression écrite avec l’ordinateur utilisé en séance sont également possibles, de même que des activités B2i en lien avec le manuel. (…)
N.b. : Magnard a édité la Grammaire en ligne, de la 6e à la 3e, à la rentrée 2009, qui est une grammaire numérique entièrement personnalisable pour le professeur.
Site compagnon :
Sont en accès libre sur le site, pour la classe de 5e, le chapitre 8 (De la farce à la comédie) et l’unité de langue 2 (L’histoire des mots).
Pour tester le manuel enrichi gratuitement (pendant une année scolaire complète pour les adoptants)
http://www.5e.jdl.magnard.fr/numerique/demo
Fil d’Ariane, Didier
Il s’agit là d’un manuel numérisé avec un prolongement numérique enrichi (sans oublier le Cd-rom encarté avec le manuel papier). La démonstration ne sera disponible sur internet qu’au mois de juin. Pour patienter, voici une brève présentation des fonctionnalités promises.
Avantages :
– l’élève peut créer son propre espace personnel pour stocker les fiches d’exercices effectuées (autocorrection possible)
– manuel feuilletable : les pages du manuel papier ont été numérisées et peuvent être exploitées en projection avec des outils proches du TBI (annotations, cache, spot, surligneur)
– manuel personnalisable (création de marque-pages pour les pages favorites)
– des fiches de langue bien conçues, interactives, avec des exercices et un recours possible à la leçon d’un simple clic
– le plus de ce manuel : l’import/export de dossier, par clé USB ou internet (qui permet l’échange de fiches avec les élèves, notamment)
Inconvénients :
– les pages du CD-Rom ont l’air parfois un peu vide
– le CDRom fourni avec le specimen ne laisse pas présager d’un réel intérêt du numérique pour la pédagogie ; il ne faut donc pas s’y arrêter et attendre la démonstration en ligne du manuel numérique
– le CD-Rom annonce des lectures d’images animées et détaillées mais seul l’affichage des explications est animé ; l’image reste figée et aucune interactivité ne vient prendre le relai pour aider les élèves les plus faibles ; ces fonctionnalités seront assumées par le manuel numérique
– on regrette l’absence de DVD pour le niveau 5e (le DVD fourni avec le manuel de 6e l’année précédente était pourtant d’une grande utilité et d’une grande qualité)
Le nouveau manuel de 5e paru chez Dider résulte d’une « réflexion de fond autour du manuel numérique » selon Sébastien Rodelet, responsable multimédia chez Didier. Manuel numérisé, CD-Rom, manuel numérique… trois entités pour un même projet au service de la pédagogie et d’une unité de sens. Le contenu du CD-Rom est redéployé avec pertinence au gré des pages du manuel numérique, par exemple. Et le manuel numérique permet de projeter à l’identique les pages papier qui se trouvent sous les yeux des élèves. La boucle est bouclée et il paraît difficile de perdre les élèves dans ce maillage pédagogique serré.
A la question – délibérément provocatrice – posée sur la disparition prochaine du manuel papier, Sébastien Rodelet répond ceci : « Pour moi, aujourd’hui, il n’y a pas de substition – à moins d’une directive officielle qui verrait le jour, mais j’en doute. La bonne réflexion consiste à se demander ce que chacun- manuel papier et manuel numérique – peut apporter de spécifique à l’enseignement. Les questions à se poser sont : Quel outil pour la classe ? Pour l’élève chez lui ? Pour travailler un texte en classe ? (…) Le manuel numérique est une évolution du manuel papier, mais il peut aussi révolutionner les termes, notamment en terme d’échanges et d’accès aux données ».
Les couleurs du Français
Second manuel des éditions Hachette éducation, celui-ci se distingue de son homologue par sa simplicité. Il n’est question ici ni d’interactivité, ni de personnalisation mais d’une simple vidéoprojection. Ce manuel allie littérature, histoire des Arts et langue ; le tout en un manuel unique compact et vidéoprojetable (utile pour les analyses de tableau, par exemple). Leur point fort ? L’étude de la langue, avec les nombreuses fiches récapitulatives en fin d’ouvrage.
Rives bleues, Hatier
Des promesses pour la version numérique, mais pas encore de démonstration en ligne pour le moment (à part pour le niveau de 6e). Il est annoncé que les enseignants pourront l’essayer gratuitement jusqu’au 31 décembre 2010
Avantages
– un manuel accessible pour les non-technophiles avec le simple recours au Dvd-Rom
– des outils d’animation et d’écriture (cache, rideau, fléchage, formes pré-dessinées …) permettent de mettre en scène les documents, de les annoter, de corriger collectivement des exercices
– options de personnalisation: insérer des enregistrements audio, poser de liens vers des sites ou des fichiers personnels
– création d’espace personnel : les pages peuvent être marquées, les annotations conservées.
– Les ressources image et vidéo sont de très bonne qualité, vidéoprojetable sans souci de visibilité pour les élèves du dernier rang
Inconvénients
– l’offre d’Hatier est plurielle : manuel papier avec Dvd-Rom, dossier de transparents, manuel numérique, manuel enrichi… et on s’y perd
– le Dvd-Rom est une bonne solution en cas de très faible dotation matérielle, mais son contenu reste limité, notamment pour l’histoire des arts
– le sommaire est simplifié au maximum, et aurait peut-être mérité une entrée par compétence
Présentation du manuel numérique de 5e par Pascale Gallou, Directrice éditoriale multimédia chez Hatier
« Pour le Rives Bleues 5e, nous avons opté pour un manuel numérique simple répondant ainsi aux demandes de vidéoprojection, stimulées par les expérimentations en cours avec les ENT, même si nos études révèlent une faible appétence en Français pour une version numérisée des manuels. En revanche, ces études ont montré le fort intérêt des enseignants de Français pour des extraits vidéos (théâtre, cinéma…), pour des images fixes (les « transparents » sont toujours beaucoup utilisés en classe) qui permettent le travail sur la lecture d’image […]. Notre choix a donc été de faire un « DVD-Rom Rives bleues 5e » dont les contenus multimédias s’inscrivent dans la démarche pédagogique du manuel. […] Ce DVD-Rom a de plus été conçu pour être utilisé aussi bien avec le matériel le plus moderne (vidéoprojecteur, tableau numérique interactif…) que le plus courant (lecteur DVD et télévision). »
La réalité du terrain l’a emporté sur l’innovation pédagogique, donc.
« Nous avons bien conscience qu’aujourd’hui encore, les équipements et le manque de formation sont des freins à une utilisation plus massive du numérique, sans même parler de numérique qui remplacerait le papier. Notre métier est de pédagogiser les ressources, de les inscrire dans une progression répondant à un programme scolaire. Nous continuerons à le faire même si à l’avenir les supports et les modes de diffusion sont amenés à évoluer. »
Entretien avec Emmanuelle Farrenq, responsable éditoriale
Postulat de départ chez Hatier : « le terme manuel numérique peut faire peur. Commençons déjà par un Dvd-rom ». Le manuel papier s’accompagne d’un Dvd-Rom, lisible sur les ordinateurs, avec un contenu multimédia. Il est un outil complémentaire du manuel : certaines ressources sont en lien total avec le manuel (un extrait de Scapin dans le manuel, et le même extrait en mise en scène dans le DVDrom par exemple), d’autres sont pensées comme des prolongements : des extraits de L’Île au trésor de Stevenson dans le manuel, face au film Pirates de Polanski dans le DVDrom, ou des extraits de romans d’aventures avec un animal pour héros dans le manuel et un film plus récent dans le DVDrom (Deux frères, de Jean-Jacques Annaud). C’est le même principe qu’un manuel numérique enrichi en termes de ressources complémentaires, sauf que c’est le choix du support qui change. Certaines images des transparents se retrouvent sur le Dvd-rom, mais pas seulement.
30 minutes de vidéos en prime sur le DVD : des extraits de théâtre (Scapin, Bourgeois gentiçlhomme) avec exploitation pédagogique , un extrait de mise en scène façon XVIIe à regarder comme un documentaire et un travail sur la mise en scène dans le vaudeville. Le cinéma n’est pas en reste avec des extraits originaux comme le Pirate de Polansky, et un extrait – moins original – du Nom de la Rose.
« Le Dvd-Rom peut tourner sur un ordinateur. Nous l’avons choisi car il correspond plus à l’équipement des enseignants aujourd’hui », poursuit Emmanuelle Farrenq.
Le papier reste le fer de lance de cette maison d’édition proche de la réalité : « il y a des familles où il n’y a pas de livre autre que le manuel scolaire ; le papier est primordial ».
La version de démonstration du Dvd-Rom est disponible sur le site. A noter : seule une démonstration du manuel numérique de 6e est disponible (pas de démo pour la 5e)
http://www.numerique-hatier.com/
L’Atelier du langage 5e, Hatier
Aucun essai n’est encore disponible pour ce manuel à la date de rédaction de ce dossier. Sur leur site, voici les informations fournies :
Pour la version classe :
– des outils d’animation et d’écriture (cache, rideau, fléchage, formes pré-dessinées …) permettent de mettre en scène les documents, de les annoter, de corriger collectivement des exercices
– personnaliser : insérer des enregistrements audio, poser de liens vers des sites ou des fichiers personnels
– les pages peuvent être marquées, les annotations conservées.
– 10 dictées sonores préparées classées par niveau (avec un système d’étoiles), librement accessibles sur leur site :
Terre des Lettres, Nathan
Une alliance réussie d’un contenu pédagogique solide et d’outils numériques simples d’utilisation. A recommander pour un premier pas vers la classe numérique.
Avantages :
Une version numérique simple, téléchargeable ou sur cd-rom, pour obtenir simplement les ressources multimédia, projeter le manuel avec quelques fonctionnalités de base (surligneur, crayon, spot, cache), idéal pour débuter avec le manuel numérique
– L’offre se décline pour le manuel unique, le manuel de grammaire et le cahier d’exercices de langue
– Large panel de ressources multimédias (33 au total, mêlant audio, vidéo), dont certaines font preuve d’originalité (ex. vidéo INA d’une visite de grotte de l’Ariège,
Inconvénients :
– Le chargement de la démonstration est assez laborieux
– La navigation dans le manuel n’est pas très évidente
– La personnalisation du manuel mériterait d’être développée, en permettant notamment l’ajout de documents personnels
– La démonstrationne détaille pas les manipulations possibles sur les pages ; il faut se fier à la bande sonore
Fenêtres ouvertes, Bordas
L’Histoire des arts est sans doute le point fort de ce manuel qui ne perd jamais de vue le prolongement culturel des séquences.
Avantages
– Une boîte à outils très facile d’utilisation, accessible par icônes
– Des exercices de validation B2i qui précisent les items à valider
– Même en zoomant sur les textes, la bonne qualité d’image permet une lecture du fond de la classe
– Le module d’aide est simple à utiliser et, pour une fois, vraiment efficace
– Les exercices interactifs proposent une autocorrection et un indice en cas de première mauvaise réponse. En cas de seconde erreur, l’indice renvoie l’élève à la page du manuel où se trouve la bonne réponse.
– Les ressources proposées sur le site Compagnon peuvent être partagées avec les élèves en créant des dossiers de classe
Démonstration du manuel enrichi :
http://www.editions-bordas.fr/mvp/9782047326688/2010_S_MVPE_DEMO/index.htm
Inconvénients
– Les exercices B2i sont parfois trop dirigistes, trop longs (donc difficiles à mettre en place) et aurait mérité eux aussi un traitement numérique, plutôt qu’une simple retranscription sur traitement de texte
– La palette d’outils ne permet pas de tracer de flèches, pourtant utiles pour l’étude de l’image
– Le socle commun est quelque peu oublié
Entretien avec Laurie Gossein, éditrice multimédia chez Bordas
Une fois encore, la maison d’édition a décidé de miser sur la complémentarité papier/numérique, comme nous l’explique Laurie Gossein : « Les auteurs de l’équipe papier et de l’équipe numérique ont travaillé ensemble pour élaborer des prolongements pédagogiques adaptés à une utilisation en classe. »
La question de la fracture numérique et de la dotation établissement semble avoir été mûrement réfléchie. « Les ressources proposées ont été élaborées principalement pour une exploitation en classe. Ainsi l’élève qui n’est pas équipé chez lui ne sera pas pénalisé. Le travail peut se faire en classe, en salle informatique, au CDI… Par ailleurs nous proposons toutes nos ressources en ligne sur le site compagnon de la collection. Cela permet une utilisation souple et adaptée à chacun. […] En résumé, à défaut d’équiper un niveau à 100 % en manuels faute de moyens, Bordas propose un contenu conforme aux nouveaux programmes pour tous les élèves d’un niveau à un coût d’équipement équivalent à l’achat de manuels pour une seule classe. »
L’apport du numérique consiste principalement dans la richesse des ressources : « Bien entendu cela ne remplace pas le manuel scolaire papier qui reste l’outil scolaire de référence pour l’élève et l’enseignant mais il s’agit d’un support qui apporte une nouvelle dimension à l’enseignement actuel (apport du multimédia, manuel adaptable à chaque enseignement et/ou à chaque élève…) […] ».
Un soin tout particulier a été accordé à l’élaboration des exercices B2i, qui occupent une place très importante en fin de séquence. Les préoccupations du socle commun ne sont jamais bien loin : « [les auteurs] ont pris garde à respecter l’articulation entre les attentes du socle commun et la validation du B2i. Chaque exercice identifie clairement les compétences qu’il permet de travailler. Ils ont été élaborés dans un véritable souci de faisabilité: chaque exercice peut facilement être intégré à une séquence de cours sans être chronophage. »
Pour aller plus loin
Les actes du séminaire de la SD Tice sur les lectures numériques des 23 et 24 octobre 2008 à télécharger :
http://www.educnet.education.fr/dossier/manuel/seminaire-sdtice-2008
Blog sur les manuels numériques (académie de Versailles) :
http://blog.crdp-versailles.fr/mncddp92/index.php/
Présentation de l’expérimentation des manuels numériques dans les ENT par la SNE, « Nouveaux programmes, quelle mise en œuvre ? » (octobre 2009)
http://sne.fr/pdf/Savoir Livre/DP22_10_09.pdf
Innover en français : La leçon de Dax
Parmi les projets présentés au Forum des enseignants innovants de Dax, Viviane Youx, présidente de l’Afef , évoque ceux qui concernent le français.
A l’appel du Café pédagogique et de 13 associations d’enseignants, le forum s’est pour sa 3ème édition déroulé à Dax les et 5 juin. Encore une fois, ces journées ont été l’occasion de célébrer la créativité et l’investissement d’enseignants qui utilisent des moyens très divers pour un seul objectif, l’intérêt et la réussite de leurs élèves.
Retrouvez les projets retenus, les vidéos tournées pendant l’événement et les articles de nos rédacteurs sur le blog du forum
http://cafepedagogique.studio-thil.com/communautes/Forum2010/default.aspx
Pour le français, Viviane Youx, de l’AFEF, membre du jury du forum, a recensé quelques projets : écriture théâtrale, rallye lecture, écriture de contes, poésie, etc.
« Les enseignants de français aussi sont innovants ; ils innovent même beaucoup, avec ou sans nouvelles technologies, si nous pouvons en juger par le foisonnement de projets qui a été présenté au 3ème Forum des enseignants innovants à Dax les 4 et 5 juin. Dans une ambiance chaleureuse propice aux échanges croisés, nous avons pu être temporairement rassurés sur les capacités de résistance des collègues aux attaques régressives qui se multiplient. Certains ont été primés, d’autres non, mais comme se plait à le répéter François Jarraud à chaque ouverture et fermeture du Forum des enseignants innovants, le plus important dans cette manifestation n’est pas de monter sur le podium à la fin, mais d’être là, de pouvoir sortir de la solitude dans laquelle sont confinés un certain nombre d’innovateurs dans leur établissement, de pouvoir écouter, questionner, observer, glaner des idées. Et de rentrer avec le sourire dans les yeux, la tête dans les nuages et de nouveaux projets dans les poches, ou presque.
Pourquoi sont-ils là ? Pourquoi ont-ils si vite répondu présents, même s’ils ont dû s’inscrire et se rendre disponibles en un temps record ? Le souci des élèves revient constamment dans leurs propos : comment ne laisser personne sur la route ? Comment faire avancer même ceux pour qui lire et écrire est une nécessité qu’ils préfèrent regarder de loin, comme une obligation scolaire ?
Et quelle satisfaction pourtant quand, à Angers, ces élèves de CAP issues de SEGPA, en participant au prix Chronos qui les met en relation avec des personnes âgées, sont fières d’avoir lu pour la première fois un roman, et de l’avoir aimé !
Autre prix littéraire, celui créé par six classes de CAP de la région lyonnaise ; quatre ouvrages sont retenus, deux romans, deux bandes dessinées. Après avoir le plus souvent les deux romans (les bandes dessinées leur ayant été paradoxalement plus difficiles d’accès) les élèves des six classes se retrouvent autour des auteurs ; presque tous, là encore, ont lu au moins un livre.
« Transmettre le souvenir », enjeu de taille pour ces classes de 3ème du collège Matisse d’Ostricourt, dans le Nord. Autour d’un projet interdisciplinaire dont l’idée est née d’une représentation théâtrale « Transmission », les élèves ont su s’ouvrir au passé, créer du lien avec leur famille, leur histoire ; ils prennent l’habitude de travailler ensemble, tout en reliant le personnel à l’historique ; à partir de leur généalogie c’est bien le fil de l’Histoire qu’ils déroulent. Livrets autobiographiques, vidéos, productions diverses créent du lien entre ces élèves de 3ème et les personnes âgées de la maison de retraite voisine dans une perspective transgénérationnelle qui traverse toutes les disciplines.
A Beausoleil, près de Menton, ce sont toutes les classes de primaire de la ville qui, dans le cadre d’un rallye lecture, lisent au moins huit livres avant de remplir les livrets numérisés mis à leur disposition sur le site académique.
Autre défi lecture, à partir d’une correspondance entre une classe de 6ème de Limoges et un CM2 de Pont du Château ; mais là, les objectifs différent un peu, s’ils visent bien sûr des progrès en lecture, l’écriture va être aussi moyen d’entrer en relation, échanger, connaitre l’autre, ce dont témoigne le blog qui rend compte de leurs activités. Si la conteuse qui accompagne le projet aide à établir le calme et la concentration, la démarche d’écriture de contes permet réflexivité et amélioration de l’écrit, notamment par un apprentissage en situation de la phrase complexe et de la ponctuation.
Des contes toujours, dans une 6ème SEGPA à Vallauris les élèves travaillent avec un conteur qui les initie aux bienfaits de la concentration, de la mémoire et de l’écoute, et, en les extrayant de leur quotidien, les fait accéder à la dimension interculturelle du conte. En passant par des jeux, il les amène à percevoir la cohérence sémantique et structurelle du conte. Un dessinateur de bande dessinée prend le relais ; après avoir écrit un scénario, chaque élève dessine et écrit sa page de l’album « Contes en bande » dont ils sont si fiers de présenter la version finale reliée et de très bonne qualité. Après la bande dessinée, ils passeront à l’écriture d’un conte, nouveau va-et-vient entre l’oral et l’écrit.
Projet audacieux qui donne toute sa place à la poésie : « Printemps bleu ». Saisissant l’opportunité du concours de poésie organisé par l’Académie de Strasbourg sur le thème du bleu, une classe de 1ère S crée son blog. Après le travail en classe sur des genres poétiques, les élèves peuvent poster un poème, écrit sur leur temps libre. Peu à peu, ils sont de plus en plus nombreux ; beaucoup aussi en présentent un enregistrement sonore grâce à Audacity ; les cinq élèves qui se sont proposés comme webmestres, les plus effacés ou en difficulté en début d’année, ont revu à la hausse leur orientation, en fin d’année. Leur blog, de plus en plus consulté, relayé par la médiathèque de Guebwiller, a été validé comme projet académique dans le cadre des travaux académiques mutualisés.
Est-ce spécifiquement du français quand, à Colmar, cet enseignant de maternelle en RASED crée « Le petit dictionnaire des pareils » ? Remarquable travail sur l’apprentissage de l’abstraction, il allie bouts de ficelle et tableau numérique, sac à objets et Didapages. D’après son évaluation l’acquisition d’expertise de pensée et de langage est supérieure à celle du travail traditionnel sur albums, autant par la rigueur de la démarche que par l’attitude de questionnement qu’elle met en place.
Et enfin, par une synthèse remarquable des activités et des outils, Alexis Lucas, au lycée professionnel Jean Moulin de Roubaix entraine ses élèves dans une découverte de l’Algérie, entre celle de Yasmina Khadra dont la lecture est conduite en classe, et celle d’un « Voyage en Orient » du XIXème siècle, écriture longue menée en accompagnement personnalisé. A partir d’un montage sur Didapages présentant une iconographie variée (gravures, photos, cartes), les élèves sont invités à écrire progressivement leur propre voyage en suivant un itinéraire qu’ils décident et dessinent. S’appuyant sur la possibilité de mettre des commentaires au sein du site webmoulin, et sur la diffusion en ligne du livre didapages, l’écriture a pu être mutualisée entre les élèves qui de séance en séance ont pu, individuellement, rédiger et construire, à la fin, un livre personnalisé. Ce travail a été mené dans le cadre de l’accompagnement des nouveaux programmes de baccalauréat professionnel, en collaboration avec Mme Calonne, IEN. Beaucoup de stéréotypes sur l’Algérie passée et actuelle sont interrogés grâce à ce travail exigeant de lecture et d’écriture et nombre d’élèves sont amenés ainsi à revisiter une Histoire, qui pour certains, bien que personnelle, reste très mal connue.
Ce petit aperçu n’est qu’un léger reflet des projets présentés à Dax. Il aurait fallu, bien sûr, parler de beaucoup d’autres, qui pour être moins originaux ou moins liés au « français », n’en ont pas moins le mérite de produire des effets très positifs chez les élèves.
Que faut-il pour innover ? De l’imagination, de l’enthousiasme, des outils, de la persévérance, de l’énergie. Aucun des enseignants innovants présents à Dax n’en manque, même si certains sont bien plus seuls que d’autres !
http://www.afef.org/blog/index.php?2010/06/08/582-en-franca[…]