Par Françoise Solliec
Comment motiver des élèves à des activités littéraires des élèves de catégorie sociale très défavorisée ? C’est notamment autour d’une résidence d’écrivain que le lycée Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles (95) a choisi de proposer toute une palette d’actions destinées à faciliter l’approche du livre, dans un CDI complètement rénové.
Le lycée polyvalent Jean-Jacques Rousseau de Sarcelles vient de bénéficier d’une rénovation lourde qui a largement impliqué le CDI, explique Brigitte Réa, l’une des deux documentalistes. Ce fut l’occasion d’un travail important avec les services de la région et l’architecte en charge des travaux et le descriptif du projet de rénovation est accessible sur le site de l’académie de Versailles.
Les souhaits des documentalistes ont été bien pris en compte et aujourd’hui le CDI se compose d’une salle de lecture de 80 places, aménagée dans le style d’une bibliothèque universitaire, avec des rayonnages sur les côtés, très propice au travail, de salles de travail attenantes, d’un bureau et d’une salle de stockage. Les 1800 élèves y sont accueillis, soit pour des travaux en autonomie, soit pour des travaux encadrés.
Les activités de l’année se sont tout naturellement orientées autour de la résidence d’écrivain de Frédéric Richaud, auteur de romans et de scénarios de bandes dessinées. Ainsi se sont déroulés des cafés littéraires pour présenter son œuvre, des rédactions de textes, des promenades littéraires dans Paris pour retrouver des lieux en relation avec différents auteurs, des ateliers (lectures, analyses de films et d’œuvres d’art). Une rencontre a également impliqué les élèves de 3ème d’un collège voisin.
Les élèves des sections professionnelles, un peu moins impliqués dans ces travaux, ont été sollicités au coup par coup pour des activités de recherche sur des sujets en rapport avec leur orientation (tertiaire, sanitaire et sociale). Pour l’an prochain, un projet concerne les mangas, un autre un concours d’écriture avec la bibliothèque municipale, avec laquelle est établi un partenariat.
« Nous faisons beaucoup pour éveiller le goût de la lecture chez ces élèves, de catégorie sociale très défavorisée » déclare Brigitte Réa. Les ouvrages de fiction font l’objet d’une présentation spéciale, avec fiche et les documentalistes saisissent toutes les opportunités pour en parler. « Beaucoup d’élèves demandent spontanément des conseils, d’autres nous en donnent ». Il arrive même que les élèves proposent des commentaires sur tel ou tel ouvrage avant que les documentalistes n’aient eu le temps de le lire.
Cette politique porte visiblement ses fruits puisque le nombre de prêts de ce type d’ouvrage a sensiblement augmenté.
L’aide aux TPE se concrétise avec un cahiers de parcours de recherche et, cette année, un projet spécifique a été monté avec des élèves de 1ère ES, pour mieux comprendre les travaux de l’assemblée nationale et le processus des élections régionales. Avec l’aide du député maire, une visite a été organisée au Palais Bourbon, à la suite de laquelle les élèves ont réalisé un blog recevant des informations en direct par flux RSS et un QCM sur les instances politiques et des faits économiques et historiques.
Le CDI sert aussi de lieu de travail pour la semaine de la presse ainsi que pour différentes réalisations et expositions liées au livre, en partenariat avec des libraires.
Cet aspect sera encore davantage développé l’an prochain, car les documentalistes seront partie prenante dans un enseignement d’exploration Littérature et société : de la tablette au livre numérique. Les contenus porteront sur ceux qui écrivent pour changer le monde, tels les grands auteurs du 19ème et une place toute particulière sera faite au développement des medias, en s’appuyant sur des auteurs actuels et locaux.
Il parait aussi important de faire sortir les élèves du lycée, aller à la BNF, à la BPI … « Nos élèves ont un déficit culturel important, le livre ne fait pas partie de leur environnement. Il faut donc beaucoup travailler pour les faire s’approprier des livres, d’autant que la lecture est une activité mal connotée. Il faut déjà les réconcilier avec le livre » explique Brigitte Rea. D’où l’importance des sorties, des rencontres ou d’activités comme un concours d’écriture.
Le point noir dans les activités, c’est encore la gestion des manuels scolaires. Leur restitution qui s’étale sur 3 semaines est très prenante, mais heureusement la distribution est plus rapide. Les documentalistes sont assez favorables à l’acquisition de manuels numériques « mais ils sont encore chers ». Elles sont toutes prêtes cependant à encourager leurs collègues de disciplines à les expérimenter.