Par François Jarraud
Quel devenir pour les lycéens ? Faut-il encourager l’apprentissage junior ? Deux questions abordées par le Café.
Le devenir des lycéens franciliens
« Au 1er février 2009, les lycéens franciliens ayant terminé leur formation initiale sept mois auparavant sont touchés de façon marquée par la dégradation de la conjoncture », soulignent les premiers résultats de l’enquête IVA 2009. « Leur taux d’emploi, qui s’élève à 50%, accuse une baisse de 10 points en un an. Un niveau de formation élevé et, davantage encore, l’obtention du diplôme les protègent du recul de l’emploi. L’insertion a globalement mieux résisté à la dégradation du marché de l’emploi après les formations aux services mais l’accès à l’emploi reste très contrasté selon la spécialité de formation ».
« A niveau de formation égal, les diplômés s’insèrent toujours mieux que les non diplômés » constate l’enquête. Par exemple, en 2009 le taux d’emploi des détenteurs d’un BTS (71 %) est supérieur de 7 points au taux d’emploi de ceux qui n’ont pas obtenu leur diplôme (64 %). L’écart entre les taux d’emploi des formations des services et de la production n’était que de cinq points en 2008. Il s’est un peu creusé, atteignant + 9 points en 2009, en faveur des services, et particulièrement au bénéfice des filles. Mais » les contrastes entre formations à la production et aux services sont à nuancer par une analyse plus détaillée par spécialité : ainsi certaines spécialités de la production obtiennent des taux d’insertion relativement élevés à tous les niveaux de diplôme : « spécialités pluri-technologique, génie civil, construction », « Mines et carrières ».
« Outre les « services aux personnes », le « travail social », le « transport-manutention-magasinage », la « coiffure-esthétique » et les « mines et carrières » assurent les conditions d’insertion les plus favorables au niveau CAP, BEP, FC : leur taux d’emploi est d’au moins 10 points supérieur à la moyenne de ce niveau », poursuit l’enquête IVA. « En revanche, d’autres spécialités ne présentent des taux d’emploi proches ou supérieurs à la moyenne qu’à partir du niveau du baccalauréat : c’est le cas des « structures métalliques », du « secrétariat, bureautique » ou du « commerce, vente ». Au niveau baccalauréat, ce sont les jeunes formés à « l’accueil, hôtellerie, tourisme » qui présentent le meilleur taux d’emploi : 84 % des bacheliers ont décroché un emploi soit un taux d’insertion plus élevé que celui observé au niveau BTS dans cette spécialité ».
L’enquête
http://www.oref-idf.org/docs/pub_coprod/iva_09_web.pdf
Dauphine passe une convention Egalité des chances avec des lycées du 93
Pour la deuxième année consécutive, les conventions « Égalité des chances » passées avec 9 lycées de Seine Saint Denis situés en zone sensible, manifestent la volonté de l’Université Paris Dauphine d’ouvrir plus grand les portes de l’excellence à tous les lycéens. En présence du président de l’Université Dauphine, Laurent Batsch , du recteur de l’académie de Créteil, William Marois, des responsables des établissement concernés et de la Secrétaire d’État Fadela Amara, la signature officielle a permis de réaffirmer l’esprit d’élitisme républicain d’un dispositif qui concerne… 14 élèves.
Lisez le reportage du Café et l’entretien avec F Amara
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2010/06/Dauphi[…]
Faut-il relancer l’apprentissage junior ?
Le Conseil supérieur de l’éducation devrait se réunir le 3 juin pour étudier un texte sur la relance de l’apprentissage junior. Celui-ci autoriserait les CFA à accueillir dans le cadre d’une formation en alternance des jeunes âgés de 15 ans.
Cette démarche fait suite à la loi du 24 novembre 2009 qui précise : « Les centres de formation d’apprentis peuvent accueillir, pour une durée maximale d’un an, les élèves ayant atteint l’âge de quinze ans pour leur permettre de suivre, sous statut scolaire, une formation en alternance destinée à leur faire découvrir un environnement professionnel correspondant à un projet d’entrée en apprentissage ».
Des études à l’abandon. Certes, il est bien précisé que ces futurs apprentis sont « sous statut scolaire » mais le texte n’apporte aucune précision sur la nature des études qu’ils seront censés suivre. Il est clair que l’alternance signifiera, si cet article est définitivement adopté, que la moitié du temps scolaire sera utilisé pour travailler en entreprise. Cela veut dire que ces jeunes, qui auront 15 ans mais qui auraient du être en 4ème ou en 3ème, bénéficieront de deux fois moins d’heures de français, de maths, de langues que leurs camarades.
Le socle commun « oublié ». Dans ces conditions, on voit mal comment ces jeunes, déjà en difficulté scolaire, pourraient, avec des horaires allégés , acquérir le socle commun. C’est donc une mise à l’écart précoce d’une partie de la jeunesse qui se prépare ainsi qu’une remise en question de la scolarité jusqu’à 16 ans.
Sur l’apprentissage junior
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/09/2[…]
Belgique : Quand la liberté des parents signifie liberté des établissements
« Le décret inscriptions était censé mettre tout le monde sur un plan d’égalité. Mais dans la pratique c’est loin d’être le cas », affirme RTL. La chaîne belge est allée enquêter en caméra cachée. Elle montre les techniques utilisées par les chefs d’établissement pour faire le tri dans les inscriptions. Et pose la question de la régulation des inscriptions dans un pays tout acquis à la suppression de la carte scolaire. Peut-on imposer la mixité sociale ?
Dans ce pays où la carte scolaire a été historiquement éradiquée, la régulation de l’offre s’effectue en 6ème par une procédure d’inscription qui vise officiellement la mixité sociale (20% des places pour les élèves venant d’écoles moins favorisées). En fait la suppression de la carte scolaire aboutit à ce que les directions des établissements recherchés fassent le choix des élèves en dissuadant les parents par des frais ou d’autres exigences. La procédure complexe, dont les parents reçoivent les résultats début juin, a du mal à encadrer les stratégies des établissements. La liberté accordée aux parents est en fait en partie détenue par eux.
Dans une étude de 2008, avant le fameux décret, Benoit Galand (UCL) montrait que « concernant les établissements scolaires, le libre choix des familles a pour conséquence de les mettre en concurrence pour capter les élèves…Plus précisément, les recherches en sciences de l’éducation montrent que cette mise en concurrence a généralement pour effet d’inciter les écoles à sélectionner les publics les plus rentables » c’est-à-dire les élèves les mieux adaptés àl’Ecole, c’est-à-dire généralement ceux des milieux favorisés. Le mouvement est renforcé par les démarches des parents de milieu défavorisé. « Schématiquement, les parents peu ou pas scolarisés et/ou vivant dans une certaine précarité économique tendent à privilégier le critère de proximité, l’école du quartier ». Sans dispositif compensateur, le libre choix augmente la ségrégation scolaire ». Cette étude a poussé le gouvernement à sortir de la liberté totale, pourtant historique, pour mettre en place une commission de régulation. C’est cette nouvelle procédure qui est critiquée par la diffusion des abus constatés par RTL.
Le cas belge s’avère décidément intéressant. Les mauvais résultats du système éducatif français belge , du fait de ses discriminations, avaient amené le gouvernement à rompre avec la liberté totale d’inscriptions pour envisager d’abord une gestion chronologique des inscriptions, puis une gestion régulée de façon complexe. L’exemple belge montrait que la liberté totale de choix d’établissement était un leurre couteux en terme d’efficacité scolaire et de justice sociale. L’émission de RTL montre que la régulation est une tâche complexe dans un pays où la tradition de discrimination est bien installée. Il ne faut pas pour autant revenir à la liberté de la jungle scolaire précédente, mais peut-être simplement se donner les moyens de mieux faire appliquer les règles.
Sur RTL
http://www.rtlinfo.be/info/belgique/societe/714884/
Le décret inscriptions
http://www.inscription.cfwb.be/
Ce que nous apprend l’exemple belge
http://cafepedagogique.net/lemensuel/leleve/Pages/2008[…]
Sur la carte scolaire, N Mons