Pour quelles raisons la FNAREN a-t-elle été auditionnée par les Sénateurs du groupe socialiste ?
Dans le cadre de la préparation de la question orale avec débat de M. Serge Lagauche, Sénateur du Val de Marne et Vice-président de la Commission de la culture, à M. le Ministre de l’Education Nationale sur l’égalité des chances à l’école, les Sénateurs ont souhaité nourrir leurs réflexions de l’expérience et de l’analyse de notre Fédération sur la situation actuelle de la prise en charge de la grande difficulté scolaire, l’éducation spécialisée, les aménagements pour les élèves à besoins particuliers, la lutte contre le décrochage scolaire.
L’objectif de la Commission est de rédiger un rapport sur l’échec en milieu scolaire de façon à emprunter un autre chemin que celui du MEN qui prône l’élitisme (cf. les internats d’excellence) et de faire de nouvelles propositions.
Comment s’est déroulée cette audition ?
Dans un premier temps, par une présentation rapide de notre Fédération dont l’objectif principal est de défendre l’aide rééducative à l’école primaire pour tout enfant en ayant besoin (en particulier pour les enfants sans appétence scolaire, qui décrochent, s’évadent, s’enferment, deviennent violents, s’agitent, s’opposent…).
Nous avons insisté sur l’intervention précoce et adaptée (importance de la réflexion en équipe pluridisciplinaire RASED), afin d’éviter la perte de confiance en soi, l’échec scolaire, la marginalisation et l’exclusion.
Nous avons développé le travail en direction des équipes enseignantes, des familles et des partenaires extérieurs.
Nous avons rappelé que la FNAREN avait d’autres objectifs ; l’information, la formation avec ses Congrès et l’innovation avec la recherche menée par l’Université Paris-Descartes à laquelle notre Fédération était associée.
Cette recherche a montré que pour une même population en difficulté scolaire, les aides spécialisées sont plus adaptées et produisent de bien meilleurs résultats dans 4 situations de difficulté scolaire sur 5, que l’aide personnalisée. Elle a également établi que les aides rééducatives agissent sur d’autres compétences que scolaires (cognitives, relationnelles et sociales) et concourent à un développement plus harmonieux et plus durable de l’enfant.
Puis par la suite, nos interventions ont porté sur des situations plus concrètes et nous avons développé des points particuliers (l’aide aux familles, aux enseignants, la prévention de la violence scolaire, l’avenir des aides spécialisées). Les sénateurs ont été sensibilisés par les exemples énoncés et un échange s’est établi.
Quelle était la réaction des sénateurs ?
En réalité, ils nous ont semblé, pour certains, découvrir certains aspects de la difficulté scolaire dans l’école d’aujourd’hui. Pour la plupart d’entre eux, les parents ont une responsabilité dans l’échec de leur enfant et la question implicite de savoir si c’est à l’école d’y remédier semble les préoccuper.
Nous avons tenu à redire qu’avec l’évolution de la société, nous constatons qu’il y a de plus en plus d’enfants dans la toute puissance, l’urgence, (à l’image de la société et de l’accélération du temps – zapping, internet), surprotégés ou dans une attente parentale trop forte qui au bout du compte ne savent plus à penser par eux-mêmes et ne parviennent pas à accepter les contraintes de l’école. Pour ces enfants, l’aide rééducative, peut radicalement changer leur parcours et avenir scolaire.
M. Serge Lagauche s’est montré intéressé par notre Congrès et a demandé à avoir communication des actes du dernier Congrès. Il nous a invités à communiquer par le biais de son attachée parlementaire tout document utile. Nous avons pu lui remettre un dossier complet sur notre association (un document sur la difficulté scolaire et la réponse pertinente apportée par l’aide rééducative, la composition de notre comité scientifique et le manifeste, un exemplaire de notre revue envie d’école…).
Sont-ils au courant de la situation des postes spécialisés ?
Nous l’espérons car nous avons abordé l’état actuel et critique de la situation des postes, les suppressions massives de l’année dernière (3000 postes), les suppressions se qui se poursuivent encore maintenant dans certains départements…
Les départs en formation sont en chute libre, la moitié des centres de formation sont fermés et à long terme c’est de la disparition pure et simple des RASED dont il est question.
En conséquence, de nombreux enfants se retrouvent sans possibilité d’aides spécialisées à l’intérieur même de l’école, on peut vraiment parler d’inégalité des chances. Peut-on encore affirmer que l’école est son propre recours, que la réussite de tous est un objectif majeur ?
Nous avons aussi pointé l’incohérence actuelle entre un discours ministériel qui dit vouloir stabiliser les RASED et la réalité du terrain dans les départements qui montrent que les IA n’envoient pas d’enseignants en formation spécialisé.
Quels arguments avez-vous proposés aux sénateurs ?
L’accumulation des dispositifs n’améliore pas forcément la situation de certains enfants rencontrant des difficultés scolaires, parfois elle l’aggrave. Il est capital de réfléchir en équipe pluridisciplinaire RASED sur les causes de la difficulté scolaire afin de proposer l’aide adaptée et éviter de perdre du temps en superposant des aides qui ne sont efficaces.
La suppression des RASED risque de coûter très cher à la société, humainement et financièrement (redoublement, orientations, exclusions, violence, chômage, marginalité…).
Lors des états généraux sur la sécurité à l’école, Egide Royer, chercheur canadien, précisait : « 1 euro investi en prévention, c’est 6 euros de moins en intervention ». Lors de ces débats, contrairement aux effets d’annonce entendus dans les médias, c’est réellement l’idée de prévention à l’intérieur même du système scolaire, qui a été mise en avant.
Enfin, nous avons souligné que le récent rapport de la cour des comptes insiste bien sur la nécessité de renforcer l’action auprès des élèves les plus en difficulté à l’école primaire.
Pensez-vous que cette audition aura un impact sur l’avenir des RASED et des aides spécialisées (pédagogiques, rééducatives, psychologiques)?
Ce premier contact nous a permis de nous rendre compte que les sénateurs avaient besoin d’informations précises et de terrain pour pouvoir contrer la politique actuelle menée contre les RASED. Le lien est établi, nous comptons bien le développer en passant aussi par le canal des électeurs, des associations de parents d’élèves, en sollicitant nos adhérents dans les départements.
Nous savons tous, et un sénateur l’a rappelé, que les attaques contre les RASED sont un habillage théorique masquant une réalité beaucoup plus pragmatique de restriction budgétaire. C’est pourquoi il était important de rappeler qu’en matière de finances publiques, la suppression des RASED et par voie de conséquence de l’aide rééducative, était un très mauvais calcul à long terme.
Pour l’avenir des enfants, il s’agirait en plus d’un gâchis humain considérable.
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