Par François Jarraud
On assiste peut-être à un tournant. Le B.O. du 20 mai publie les principales orientations du programme de travail de la Direction de l’évaluation et de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’éducation nationale. Mieux encore il amorce un calendrier des publications en 2010. Après des années de censure sous Robien et Darcos, le gouvernement reviendrait-il à la transparence des études, même quand elles contredisent le ministre ?
La nouvelle note comprend « un recensement des principales activités récurrentes internationales et nationales, conduites au titre de son statut de service statistique ministériel ; un ensemble d’activités qui correspondent à des priorités d’études et de recherche pour contribuer à l’accompagnement des réformes en cours au sein du système éducatif.. ; un ensemble d’activités collaboratives portées par la DEPP…; la présentation de quelques projets ». Encore plus important, la note comprend également » une prévision des productions de la direction, que cela relève des supports « Notes d’information » ou « Dossiers » de la DEPP ou, plus largement, d’autres projets éditoriaux envisagés en 2010. Sur ces points la note reste cependant très prudente :il y a plus de titres déjà parus annoncés que de titres à paraître…
On revient de loin. La publication de ce programme est un signe particulièrement encourageant. En effet les périodes Robien – Darcos ont été marquées par une censure croissante des travaux de la Depp. On a ainsi vu d’abord un dossier entier sur l’effet de la taille des classes en zep, réalisé par un chercheur célèbre, disparaître officiellement « parce qu’il fallait changer sa couverture », mais en fait parce que sa thèse allait contre le credo officiel. On a ensuite vu la source se tarir et de nombreuses publications de la Depp ne plus être publiées ou l’être avec d’importants retards, là encore en fonction des préoccupations du cabinet. La publication de cette note rendra plus difficile le camouflage éventuel des publications de la Depp.
Autre bonne nouvelle. La Depp va « contribuer à l’évaluation diagnostic de CE1 et CM2 » et particulièrement « élaborer un instrument de mesure national ». On sait que ces évaluations, conçues par le Dgesco, ont été vivement critiquées, y compris au Parlement, par leur manque d’intérêt et de fiablilité.
Les thèmes de travail de la Depp confirment certains engagements ministériels. Ainsi la Depp annonce une étude de victimation qui avait été promise lors des Etats généraux de la sécurité de l’école. Elle prévoit aussi u travail sur l’assouplissement de la carte scolaire. Sur le thème des secondes carrières, un engagement non tenu jusque là, la Depp prévoit un travail pour suivre des trajectoires d’enseignants et le lancement d’un SIG. Le métier d’enseignant sera au cœur des travaux de la Depp avec la publication d’une étude sur l’évolution du métier et d’une enquête sur « enseigner dans un établissements sous contrat ».
Le système éducatif a besoin pour progresser d’un appareil statistique à jour et d’études régulières. Il a besoin de transparence c’est-à-dire que le travail ministériel , lui aussi, doit pouvoir être évalué. Si une partie de cette évaluation relève évidemment d’enquêtes internationales ou d’études privées, le retour de l’appareil statistique et intellectuel du ministère mérite d’être salué.
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/cid51635/menp1009857n.html
Renaissance de la Depp
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2010/03/26032010Accueil.aspx