Par Jeanne-Claire Fumet
Présenté le 17 mai au siège de l’Unesco par sa cofondatrice, entourée de ses principaux partenaires (ADEME, IRD, Éducation Nationale et Unesco/MAB), le site « Education Développement Durable » se veut le premier véritable outil de référence pour l’Éducation à l’Environnement Durable (EDD). Libre et gratuit d’accès, adapté aux exigences de programmes et d’orientations pédagogiques de l’Éducation Nationale, il offre des ressources pour mener à bien un projet transdisciplinaire et interactif, du Collège au Lycée. Léger bémol : les enseignants intéressés devront se former seuls à l’EDD.
Les débuts, rappelle Anne Marleix, cofondatrice du projet avec Marc Perrin, ont été difficiles : il y a dix ans, lorsque l’agence de production Strass (auteur de Terra Project) réalise des outils multimédia dédiés au développement durable, la notion est encore mal connue et la première création, le CD Rom L’Or Bleu (encyclopédie interactive de l’eau) a d’abord suscité des doutes et de la perplexité. Aujourd’hui, le développement durable est considéré comme un défi majeur de notre époque et le portail internet Terra Project, qui rassemble le Ministère de l’Éducation Nationale, l’Institut de Recherche sur le Développement (IRD), l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) et le Programme sur l’homme et la biosphère (MAB) de l’Unesco, répond à une réelle attente du monde éducatif.
« Le portail se résume en 3 points, précise Vincent Lévêque, responsable éditorial. Il offre des données pour comprendre l’EDD, des ressources et des outils pédagogiques pour la classe, et un large réseau d’échanges entre les enseignants. Le portail présente deux entrées : l’une en accès libre, tout public, pour découvrir les ressources (16 thèmes, 183 rubriques sur les dimensions environnementales, économiques et sociales du DD), les comportements responsables et la médiathèque du site (diaporamas, vidéos, cartes et schémas). L’autre, sur inscription, permet aux enseignants de construire leurs cours dans un porte-document personnel, à l’aide des études de cas, des savoirs synthétiques, des activités et exercices interactifs (plus de 250) . Les élèves peuvent accéder aux fichiers qui leur sont affectés par l’enseignant grâce à un code d’accès personnalisé. »
Pour Olivier Laboulle, de la Section de l’Éducation pour le Développement Durable de l’UNESCO, le portail constitue bien plus qu’un ensemble de connaissances : une méthode pour faire changer les comportements des acteurs de demain, grâce à une appropriation indépendante et critique des savoirs. Il rappelle que les enfants passent aujourd’hui plus de temps sur Internet que devant la télévision et que ce média constitue désormais une dimension essentielle de leur représentation du monde. L’éducation au développement durable peut et doit y trouver efficacement sa place.
Christian Lévêque, hydrobiologiste, représentant de L’IRD (partenaire scientifique du projet) souligne l’importance de l’approche systémique et ouverte proposée par le site : « Pas de dogmes dans le domaine du développement durable!» Les préjugés, estime-t-il, sont le pire obstacle à la compréhension des problèmes de l’EDD. On admettra en général, par exemple, qu’un lac artificiel est une source d’énergie propre, alors que son bilan écologique peut être catastrophique. Le développement durable n’est fait que de perspectives nouvelles et de retours d’expériences : il faut savoir qu’on ne sait pas. L’enjeu est de poser les bonnes questions et de réfléchir, pas d’apporter des réponses. Un site consacré à l’EDD doit évoluer constamment pour éviter l’écueil d’une pédagogie trop catégorique.
Le projet s’adapte exactement aux exigences des programmes scolaires, confirme d’ailleurs Michel Chouzier, IA-IPR de SVT, partenaire et auteur associé à Terra Project, ainsi que Pascal Boyries, IA-IPR d’Histoire Géographie. La question du développement durable est valorisée par l’institution depuis la circulaire de 2007 (1), et plus encore par l’actuelle réforme des programmes de 5ème et de 2nde. C’est l’occasion de décloisonner les matières (HG et SVT, mais aussi sciences économiques et sociales, physique, chimie, LV, etc. ) et d’expérimenter des approches plus concrètes : le site aide à concilier programmes et projets, fonds scientifiques et actions particulières, en intégrant les TICE (Technologies de l’Information et de la Communication pour l’Éducation). L’enseignant, précisent les IPR, joue un rôle fondamental dans ce dispositif : choix, explicitation des données, complément d’information, mise en perspective critique ; il peut aussi nouer le dialogue avec d’autres enseignants et des interlocuteurs du monde francophone concernés par les questions étudiées. Pas de formation PAF (Plan Académique de Formation), cependant, pour l’EDD (« trop lourdes, trop chères, trop conceptuelles »…) mais des aides ponctuelles dans les établissements. Les enseignants motivés ne devront donc compter que sur eux-mêmes pour se rompre aux exigences inédites de ces nouvelles approches.
Entièrement gratuit pour les usagers, Terra Project est financé par l’ADEME et l’Éducation Nationale, ainsi que par les fonds propres de l’Agence et la banque privée CASDEN. Pour développer leurs projets d’extension internationale et de portails régionaux au plus près des usagers, les concepteurs devront chercher l’appui d’organismes internationaux et d’entreprises privées.
Jeanne-Claire Fumet
Découvrir le portail Terra Project :
www.education-developpement-durable.fr
Programme UNESCO-MAB (Man and the Biosphere) :
La circulaire de 2007