Par François Jarraud
La publication du rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale alerte sur le fait que la crise frappe l’ensemble de la société. Même s’il lui semble trop tôt pour en mesurer le poids exact, l’Observatoire insiste sur la nécessité d’installer des vigies pour faire face à la dégradation inévitable de la situation des plus fragiles.
2010 est justement l’Année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Avec près de 16% de sa population menacée et 19% d’enfants, la communauté européenne a décidé pour cette année de mettre en avant la nécessité d’une grande solidarité et d’un engagement politique fort à l’échelle européenne.
C’est la même préoccupation à l’Unesco. « Suite à la crise financière mondiale, des millions d’enfants vivant dans les pays les plus pauvres de la planète risquent d’être privés d’accès à l’éducation », a mis en garde le Rapport mondial de suivi sur l’Education pour tous 2010, publié par l’Unesco le 19 janvier. « Alors que 72 millions d’enfants dans le monde ne sont toujours pas scolarisés, l’effet conjugué du ralentissement de la croissance économique, de l’augmentation de la pauvreté et de la pression accrue sur les budgets, pourrait venir entamer les progrès réalisés au cours des dix dernières années » estime l’organisation. « De nombreux pays pauvres risquent de voir se dégrader très prochainement leur situation en matière d’éducation, a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova. « Nous ne pouvons pas nous permettre qu’une génération d’enfants soit sacrifiée et privée de ses chances d’accéder à l’éducation et de sortir de la pauvreté « .
En France près de 17% des enfants sont en situation de pauvreté. Il y a évidemment un rapport étroit entre pauvreté et échec scolaire. Et une difficulté majeure pour les équipes pédagogiques à faire face à cette réalité qui devient chaque jour davantage criante.
C’est que la pauvreté nécessiterait une formation spécifique des enseignants. C’est ce qu’avait tenté de faire une université d’été ministérielle, sous la houlette de Jean-Paul Delahaye, en 2003. Depuis il semble que l’institution se soit un peu endormie. Ou plutôt que la nouvelle perspective de « l’égalité des chances » ait réussi à faire perdre de vue la réalité des inégalités sociales. Pour les dirigeants du système éducatif, la pauvreté a peut-être cessé d’être un problème social pour devenir l’objet d’une remédiation individuelle. Une perception dont on peut craindre qu’elle soit fortement inappropriée dans la situation actuelle et pour l’Ecole et pour la société dans son ensemble.
Le rapport
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000099/
Le dossier Eduscol
http://eduscol.education.fr/cid45929/grande-pauvrete-et-reus[…]
La pauvreté en Europe
http://www.inegalites.fr/spip.php?article1191&id_mot=114
La Halde évalue les discriminations à l’Ecole
Le récent rapport de la Halde, Haute autorité de lutte contre les disciminations, n’épargne pas l’Ecole. Le chapitre qui lui est dédié met le doigt sur des plaies occultées mais bien réelles du système éducatif. C’est le cas par exemple quand la Halde dénonce les refus de scolarisation des enfants Roms ou encore la non scolarisation de milliers d’enfants en Guyane. Ces dernières relèvent bien de discrimination puisque, selon la Halde, elles résultent des écrans administratifs installés face aux enfants étrangers. La Haute Autorité soulève également le problème des discriminations dans l’accès aux stages.
Rapport de la Halde
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104[…]
Sur le Café, Félouzis : Pour casser les ghettos
http://cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/[…]
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