Par Françoise Solliec
Alors que l’ENT PLACE est en plein déploiement, tant dans les lycées lorrains que dans certains collèges, il modifie en profondeur les modes de travail en classe. Intégrant les nouveautés dues aux différentes impulsions ministérielles données par ailleurs, telles l’ENR ou les manuels numériques, il permet aux enseignants, aux élèves et aux parents d’établir de nouvelles relations et de soutenir le travail scolaire.
Dans le cadre du voyage de presse organisé le 10 mars par la société Itop (qui est avec Atos Origin le groupe porteur de PLACE, l’ENT lorrain), les journalistes invités ont pu assister à des « cours ordinaires » dans une école, un collège et un lycée quand même quelque peu pilotes en matière de TICE. Mais, autant le dire tout de suite, ce n’en sont pas moins des pratiques réelles et l’aisance avec laquelle s’y retrouvent élèves et enseignants convainc rapidement les visiteurs que ces modalités de travail font bien part de leur fonctionnement quotidien.
L’école de Mailly-sur-Seille, 54, (2 classes) est l’une des 200 écoles lorraines qui bénéficient du label écoles numériques rurales et de l’équipement subventionné par le ministère, un ensemble mobile d’ordinateurs portables, un TNI et un vidéo-projecteur. Equipée depuis la rentrée de septembre, l’école a de plus la particularité d’avoir acquis la version école de l’ENT PLACE, fondée sur la solution NetEcole.
Dans la séquence proposée, l’enseignante travaille avec un groupe d’une vingtaine d’élèves de CM1 et CM2. Après la projection sur le TNI d’un court document d’ARTE sur la région côtière d’Etretat, il est demandé aux élèves de situer au TNI différents éléments géographiques sur une carte de France, avant de se diviser en 3 groupes pour un travail plus précis sur les 3 peintres impressionnistes d’Etretat, Boudin, Courbet et Monet.
Un premier groupe travaille sur les ordinateurs de fond de classe pour élaborer une petite devinette illustrant chacun des 3 peintres, à partir d’éléments bibliographiques mis à disposition par l’enseignante dans des fichiers spécifiques.
Un deuxième groupe recherche les œuvres de ces peintres à partir de l’espace d’échanges dans l’ENT, tandis que le troisième groupe prépare, sur le tableau interactif, un cadre dans lequel vont s’intégrer les informations fournies par les 2 autres groupes. Les transferts se font par wi-fi vers l’ordinateur maître et tout le travail réalisé sur le TNI est ensuite stocké dans l’ENT, pour pouvoir s’y référer en tant que de besoin.
Au collège du Val de Seille, Nomeny (54), 350 élèves environ, le principal Pascal Michel est un convaincu de l’usage des TICE et a élaboré de nombreux projets pour arriver à disposer d’un équipement conséquent (1 ordinateur pour 2 élèves, ensemble ordinateur vidéoprojecteur dans chaque salle et 4 TBI). Disposant de l’ENT PLACE, le collège a été retenu pour expérimenter les manuels numériques dans ses 4 classes de 6ème. En histoire-géographie, les enseignants se sont concertés pour retenir le manuel Hatier, qui leur a paru le mieux correspondre à leurs souhaits en raison de sa version enrichie. En raison de certaines complexités d’interfaçage, le manuel n’est en fait utilisé que depuis janvier. Pour l’un des enseignants, Adelyne Bouchelez, le principal apport du manuel réside dans l’existence des exercices interactifs et la richesse des documents d’accompagnement. « Il manque cependant un site compagnon », regrette-t-elle, « et les élèves ne peuvent utiliser chez eux que la version pdf, même à travers l’ENT, en raison du faible nombre de licences dans l’établissement. Nous leur confions parfois des clés USB pour travailler au CDI, mais ce problème de droits est assez gênant ». Adelyne Bouchelez estime que le manuel apporte pas mal de ressources lorsqu’on travaille avec un simple vidéo-projecteur, mais que cet atout est moins important si l’on utilise un TNI, qui permet l’intégration de ressources beaucoup plus diverses. Avec les élèves, elle fait réaliser nombre de constructions communes, notamment des cartes, des annotations, l’appel à des documents complémentaires. Malgré quelques petits problèmes qui se résolvent au fur et à mesure, elle s’estime satisfaite de ce fonctionnement. « Les élèves font preuve d’une participation accrue, y compris ceux qui étaient un peu réfractaires aux apprentissages de la discipline. On colle à leur environnement et cela leur convient bien ».
Elle utilise aussi beaucoup le cahier de textes numérique de l’ENT (cahier de classe), même si les élèves disposent d’un agenda personnel papier et si les fiches de travail sont aussi bien accessibles sur l’ENT que diffusées sous forme papier. Les élèves peuvent rendre les devoirs sous forme papier ou numérique dans l’ENT.
Cette classe de 6ème fait de plus partie d’un projet européen et devrait à ce titre être équipée par ACER d’un ultra portable par élève, sur lequel ils travailleront à l’école comme à la maison. Cette expérimentation d’1,5 année, au terme de laquelle le matériel restera acquis à l’établissement, sera suivie par différents groupes de chercheurs.
Le lycée professionnel tertiaire Simone Bardot de Pont-à-Mousson (54) fait aussi beaucoup travailler ses 350 élèves avec les TICE. Dans la séquence présentée, une vingtaine d’élèves de Bac Pro, secrétariat et vente, sont répartis en 4 ateliers pour réaliser différents éléments d’un projet ambitieux, centré sur Charles Dickens, qui devrait donner lieu à différentes publications, tant sur l’ENT que dans le journal du lycée. Selon les groupes, les élèves se centrent sur la production orale, à l’aide de baladeurs MP3, ou écrite, en anglais. L’enregistrement et la récupération des fichiers sont soumis à des contraintes maintenant bien repérées de limitation de bruit de fond et de reconnaissance de formats, mais l’enseignante, Sylvie Vitel, à force de tâtonnements, a mis au point une panoplie d’outils et de techniques qui lui permettent de résoudre la plupart de ces difficultés.
Malgré l’importance du travail de réflexion pédagogique entraîné par ce mode de fonctionnement en projet, avec une forte utilisation d’outils multimedia, Sylvie Vitel estime que les élèves y gagnent beaucoup en aisance orale et écrite, quoique cela leur demande bien davantage de travail personnel que dans des activités scolaires plus contenues dans le temps de la classe. « Avec moi, les élèves apprennent à utiliser l’outil informatique dans d’autres dimensions, à réutiliser des compétences acquises avec d’autres enseignants, à s’exprimer en anglais. Pour ma part, j’apprends certains types de manipulation efficaces de données de mes élèves : tout le monde y trouve son compte. Je ne ressens pas vraiment le besoin de formation, je pratique l’informatique depuis longtemps et je sais pouvoir trouver de l’aide auprès de ma famille, de mes amis ou de la personne ressource de l’établissement ».
Cet établissement est aussi le lieu d’exercice de Christine François, professeur d’économie-gestion et personne ressource académique. L’ENT a été pour elle un bon moyen de tenter de faire travailler ensemble les 270 professeurs de vente de l’académie, car ils sont souvent confrontés à une rapide évolution des logiciels professionnels utilisés dans l’entreprise et ressentent un besoin d’accompagnement, de coordination et d’échange pour les conforter dans leur modalités d’enseignement. Un groupe de travail spécifique a donc été créé dans PLACE, avec un forum, très peu utilisé, un espace d’informations, qui sert en fait de lieu de dépôt de « post-it » et un lieu de stockages de documents. Précédée par 2 jours de formation présentielle au début de l’année scolaire, la mise en place de cet espace virtuel semble déjà porter quelques fruits, notamment l’établissement de liens entre pairs, concrétisées par les échanges et les questions sur la plate-forme.