Par Françoise Solliec
Depuis près de 25 ans qu’il exerce des fonctions de proviseur, Alain Burleraux, actuellement proviseur du lycée Eugène Delacroix de Maisons-Alfort (94), a eu maintes opportunités de voir évoluer les modes de relation entre chefs d’établissement et interlocuteurs, élus ou non, du conseil régional d’Ile-de-France, pour arriver à une situation qu’il juge, depuis quelques années, « globalement satisfaisante ». .
« En 1986 », explique Alain Burleraux, « alors que beaucoup d’établissements, notamment les collèges et les lycées professionnels, se trouvaient dans un état de décomposition (et de résignation) avancée, on a tout d’un coup eu l’impression d’un déblocage et l’espoir que les choses allaient changer, avec une arrivée importante de moyens financiers des collectivités. Certes, tout ne s’est pas fait en un jour, il a fallu le temps à la région Ile-de-France d’apprendre à gérer ses quelque 450 établissements avec une dizaine de personnes au démarrage. Mais aujourd’hui, pour 471 établissements, l’unité lycées n’occupe plus un étage, mais un immeuble ».
Après les premières mois de décentralisation, il a fallu que les collectivités apprennent à travailler avec des établissements autonomes, et cela a été parfois compliqué, surtout pour les régions, estime Alain Burleraux. L’Ile-de-France a du prendre en compte un contexte particulièrement complexe, avec 3 académies, dont celle de Paris, qui pose des problèmes très spécifiques (établissements puissants et anciens, nombreuses cités scolaires par exemple). « Le conseil régional a fait beaucoup d’efforts pour qu’on se comprenne et je tiens ici à rendre hommage à l’ancien directeur des lycées, Pierre Maurel et à son successeur, Philippe Fallachon, qui ont su être très à l’écoute des établissements, tout en étant capables d’impulser une politique organisée ». Ainsi, dans les nombreux groupes de travail mis en place, un groupe spécifique proviseurs et intendants a permis de faire remonter en direct les problématiques et les souhaits des établissements.
Pour faciliter la communication et le travail de gestion, de nombreux outils ont été mis en place, dans le cadre d’un site dédié, par exemple le formulaire de demandes d’équipements et l’inventaire. Ils se sont révélés, dans le long terme, assez satisfaisants, même si la logique régionale n’est pas toujours calqué sur le fonctionnement de l’établissement (matériel toujours attaché à une salle, par exemple). « Il faut comprendre, cependant, que les priorités d’équipement ne peuvent pas toutes être multimedia et que des équilibres sont à respecter entre les différentes demandes des enseignants ».
La définition d’une politique d’entretien des bâtiments s’est révélée plus délicate. Les chefs d’établissement n’ont pas capacité à utiliser de grosses subventions pour des travaux d’envergure. La mise en place des METP a donné lieu à maintes critiques, avant d’évoluer vers une procédure désormais classique de marchés et d’appels d’offres. Pour ce qui est des travaux de maintenance, ils sont à la charge d’équipes territoriales, une procédure un peu lourde pour de petits problèmes récurrents d’éclairage ou de fuites, mais très réactive dès qu’il s’agit de problèmes de sécurité. « Cependant », ajoute Alain Burleraux, « on voit que depuis deux ou trois ans, le programme de rénovation s’essouffle un peu et on va sans doute rentrer dans une ère financièrement moins expansionniste ».
Au niveau des aides à la scolarité, (gratuité des manuels scolaires, fonds de ½ pension, clés USB, entre autres) Alain Burleraux regrette que les amendements déposés par les différents groupes politiques ne permettent pas une réflexion suffisamment avancée sur l’usage des fonds et la prise en compte des différences entre établissements. « Mais ce ne sont là que des points mineurs ».
L’absorption des TOS s’est réalisée dans un climat assez résistant, mais 4 ans après, les personnels semblent y avoir trouvé leur compte, sauf peut-être en termes de formation, dont le service est en plein développement. La différence des procédures de mutation entre fonction publique nationale et territoriale peut parfois poser problème, mais la direction des ressources humaines régionale est assez souple et le nombre important de contractuels est à la fois un handicap et un atout. « Le chef d’établissement a sur ces personnels une autorité fonctionnelle, mais la région, qui a l’autorité de l’employeur, n’a pas encore structuré suffisamment son secteur RH pour leur assurer des relais. Cela se fait petit à petit ».
En ce qui concerne l’accompagnement pédagogique, Alain Burleraux estime que la région joue parfaitement son rôle de force de proposition non invasive, mais avoue n’utiliser qu’assez peu l’ensemble des dispositifs régionaux d’aide aux projets de réussite scolaire. Pour lui, « le gros morceau, c’est l’ENT » (son lycée a fait partie des 15 établissements expérimentateurs) « et avec le déploiement, on va bientôt toucher le point dur. Pourra-t-on maintenir la politique actuelle des manuels scolaires papier ou faudra-t-il passer aux manuels numériques ? ». Mais il estime globalement que la hauteur de vues du conseil régional et la qualité de la réflexion menée en son sein placent les établissements franciliens dans des perspectives d’avenir plutôt favorables.
Le site dédié lycées de la région IdF
http://lycees.iledefrance.fr/jahia/Jahia