Par François Jarraud
La commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale rendait le 27 octobre son avis sur le budget de l’éducation nationale. Elle s’est longuement penchée sur la nécessité de revaloriser le métier d’enseignant ce qui passe par le développement des secondes carrières.
« Cette politique (de revalorisation) doit être la plus « large » possible. Elle doit en effet déborder les aspects liés à la rémunération des enseignants, même si ceux-ci sont essentiels, pour englober l’ensemble des mesures qui – de la formation continue à l’accompagnement « moral » des jeunes enseignants, en passant par les dispositifs dits de seconde carrière, etc. –, peuvent concourir à l’amélioration des conditions d’exercice de ce métier exigeant, qui connaît de profondes mutations ». Dominique Le Mèner, rapporteur de la commission des affaires culturelles et de l’éducation sur le budget de l’éducation nationale, ouvre ainsi le chapitre principal de son texte consacré à la question de la revalorisation. Ainsi dès la première ligne on comprend que la revalorisation, pour l’Assemblée, ne doit pas être principalement monétaire. Le rapporteur reprend l’idée d’une revalorisation en début de carrière mais il défend surtout « l’accompagnement pédagogique des enseignants » et l’organisation de « temps de respiration » et de « circulation » des enseignants. Sur le plan de la revalorisation monétaire, outre la revalorisation indiciaire de début de carrière, déjà actée par le gouvernement à hauteur de 100 euros, D Le Mèner plaide pour « une prime d’équipement pédagogique » et l’élargissement des possibilités de promotion. Il s’agit de rémunérer les missions autres que l’enseignement et de récompenser les enseignants performants. Mais comment apprécier cette performance : sur les conseils d’Agnès van Zanten, le rapporteur penche vers une évaluation d’établissement et une récompense d’établissement. Sur les conseils de Rémi Boyer, que vous lisez depuis trois ans dans la rubrique du Café dédiée à la seconde carrière, il recommande un allègement progressif du temps d’enseignant avec l’ancienneté, les heures libérées pouvant aider à l’encadrement de l’établissement. Les enseignants en question débuteraient donc une seconde carrière. » Si cette expérience réussit, l’enseignant pourrait demander à « faire fonction » sur un poste de chef d’établissement, sans passer le concours, tout en recevant une formation à l’École supérieure de l’éducation nationale. Après deux années en tant que faisant fonction et avoir subi une inspection réussie, ces personnels deviendraient chefs d’établissement, sans passer le concours. »
Les réponses de Luc Chatel ont forcément ramené la discussion sur un terrain plus basique, celui du budget. Le ministre a rappelé qu’il supprimait 16 000 emplois en 2010, et, pour 2011, » je n’ai pas entendu le Président de la République et le Premier ministre indiquer qu’il fallait abandonner le principe du non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite »… Ces emplois devraient prioritairement pris en collège et dans le primaire. Mais au lycée, Luc Chatel ne parle plus de moyens constants mais de « taux d’encadrement constant »… Le ministre a confirmé la revalorisation indiciaire en début de carrière à hauteur d’uen centaine d’euros par mois. » De nouvelles missions seront proposées aux enseignants, sur la base du volontariat, et feront l’objet de rémunérations complémentaires. Nous souhaitons par exemple que des enseignants interviennent comme tuteurs, tout au long de l’année, auprès d’un groupe d’élèves, ou encore accompagnent les élèves n’ayant pas trouvé leur voie et désireux de changer d’orientation ou de série, afin de les remettre à niveau. Ceux qui assumeront ces tâches percevront une rémunération spécifique. Quatrièmement, un nouveau grade sera accessible aux enseignants dont l’engagement aura été particulièrement important ». Tout cela représentera environ 190 millions. Sur la seconde carrière, Luc CHatel trouve l’idée » intéressante, sachant que des voies existent aujourd’hui pour l’accès à ces fonctions, comme celles du concours ou de la liste d’aptitude. Le détachement peut également permettre à certains enseignants ayant notamment exercé des fonctions de directeur-adjoint ou d’adjoint de personnel d’encadrement d’accéder à ces postes ». La réponse est à la hauteur des contraintes budgétaires. Reste à Luc CHatel à trouver la solution à cette intéressante équation : comment maintenir le budget alors que les suppressions de postes « marginales » ont été faites avec un corps enseignant vieillissant et dont une partie importante a un besoin vital de prendre un peu d’air ?
Le rapport Le Méner
http://www.assemblee-nationale.fr/13/budget/plf2010/a[…]
La rubrique seconde carrière du Café
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pag[…]
Revalorisations
Le B.O. du 12 novembre publie les nouveaux taux des indemnités indexées sur la valeur du point Fonction publique (ISO, ISS ZEP, indemnités de fonction, activités péri-éducatives, proviseur, etc.). Il annonce aussi la revalorisation des heures supplémentaires effectuées pour les collectivités locales (étude surveillée, surveillance etc.) ainsi que la revalorisation de la rémunération des assistants de langue étrangers (960,08 euros brut).
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/cid49514/menf0900930a.html
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/cid49516/menf0900929n.html
Au B.O.
http://www.education.gouv.fr/cid49517/menf0900925a.html
Nouveaux échelons pour les personnels de direction et inspection
Le Journal officiel du 28 octobre publie un décret du 26 octobre fixant de nouveaux échelons pour les personnels d’inspection (IA IPR et IEN), de direction ainsi que les CASU.
Au J.O.
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidText[…]
Mouvement
Le B.O. spécial du 5 novembre publie les notes de service organisant le mouvement des personnels du 1er degré pour la rentrée 2010, celui du second degré ainsi que les affectations à Saint6pierre et Miquelon et en Polynésie.
Le B.O.
http://www.education.gouv.fr/pid23596/special-n-10-d[…]
Etats-Unis : Comment retenir les enseignants ?
Comment recruter, former, bien employer et retenir les enseignants et proviseurs américaines « talentueux » ? Depuis plusieurs mois un groupe de travail national regroupant des experts de l’enseignement, des politiques et les représentants des quatre principaux syndicats américains représentatifs s’est réuni pour proposer une série de 20 recommandations visant à orienter les pratiques des états en matière de ressources humaines.
Pour améliorer le recrutement, le rapport final réalisé par le Strategic Management of Human Capital (SMHC) propose d’augmenter le niveau de sélection pour accéder aux formations universitaires qui conduisent à l’enseignement, de mettre en place un examen de certification pour chaque état, de construire une procédure pour s’assurer de l’efficacité des nouveaux enseignants et de généraliser le tutorat.
Les bureaux de placement des districts scolaires sont incités à modifier radicalement leurs pratiques en envoyant des enseignants expérimentés là où les difficultés sont les plus grandes, à l’instar de ce qui se passe déjà à Chicago par exemple. L’évaluation des enseignants et des directeurs d’établissement doit être modifiée et la grille des rémunérations et des primes entièrement remise à plat.
Le principal syndicat d’enseignants américains, American Federation of Teachers, qui représente 1,4 millions d’adhérents s’est indigné dans le journal Education Week du contenu de ce rapport qui disqualifie la profession, n’envisage que trop peu la professionnalisation des enseignants et surtout, ne les considère pas comme les véritables acteurs de l’amélioration de l’école. Le syndicat propose de réfléchir à un système d’évaluation par les pairs, comme cela se pratique actuellement à Toledo, Ohio. Un haut niveau de diplôme ne sera pas la panacée, il s’agit de trouver un équilibre entre les enseignants experts de leur discipline et les enseignants qui savent diriger la classe.
L’article
http://www.edweek.org/ew/articles/2009/11/04/11smhc_ep[…]
Le rapport