Par François Jarraud
Nos élèves, nos enfants ont-ils des manuels à jour ? L’Etat remplit-il ses obligations en la matière ? Le Syndicat de l’édition répond négativement à ces deux questions. Le Café s’intéresse aussi aux manuels électroniques.
Depuis 2005, les subventions d’Etat ne couvrent plus l’attribution à chaque collégien de manuels scolaires conformes aux programmes rénovés. La situation est encore pire dans le primaire et ne cesse de se dégrader. Pour le SNE, syndicat national de l’édition, la présentation à la presse du bilan de la rentrée 2009 sur les manuels scolaires a été l’occasion de tirer la sonnette d’alarme.
Selon l’étude menée en ce début d’année scolaire, présentée le 23 octobre à la presse par Isabelle Magnard, présidente de Savoir Livre, et Sylvie Marcé, présidente du groupe enseignement du SNE, les éditeurs estiment que 2 millions d’élèves du primaire, soit 4 enfants sur 5, ne disposent pas d’un manuel conforme en français et mathématiques. Or, la réforme de grande ampleur engagée depuis 2008, qui concerne tous les niveaux, et les changements méthodologiques induits par le « retour au fondamentaux » imposent de fournir aux élèves de nouveaux manuels.
C’est, encore une fois, la répartition des responsabilités entre l’Etat et les collectivités qui se pose ici. Menée sans concertation avec les collectivités, et sans financement spécifique, la réforme de l’école primaire conduit à des situations extrêmement disparates (avec des écarts constatés de 1 à 10) selon les communes, qui n’ont pas réellement d’obligations réglementaires quant à la fourniture de manuels scolaires. Les manuels sont pourtant utiles aux élèves comme aux parents car ils offrent un contenu synthétique, très structuré, respectant une progression pédagogique et les objectifs définis par les programmes.
En collège, alors que de nouveaux programmes sont en vigueur depuis 2005, les élèves, même en 6ème, ne disposent pas de manuels conformes dans toutes les matières (par exemple, un élève de 6ème sur 3 n’a pas de manuel conforme en français). La subvention globalisée aux EPLE, qui doit couvrir notamment l’achat des carnets de correspondance et des manuels scolaires, n’a cessé de diminuer, avec une baisse de 14% en 4 ans, alors que les besoins en nouveaux manuels croissent avec l’application progressive de la réforme.
Les efforts consentis par l’Etat pour le rattrapage numérique de l’école, tels le plan école numérique rurale ou l’expérimentation des manuels numériques en 6ème, sont unanimement salués par les membres du SNE, convaincus que les élèves doivent formés par l’école à la société numérique. Il ne faudrait cependant pas, selon eux, que la « brioche numérique » fasse oublier la nécessité du pain quotidien, à savoir le manuel papier, tant que les équipements ne permettront pas un usage généralisé de la ressource numérique. Et il est vrai qu’on est encore loin aujourd’hui de cette généralisation, puisque les ventes effectuées dans le cadre de l’expérimentation représentent 45% du marché des manuels numériques, alors qu’elles ne concernent qu’un élève de 6ème sur 100 !
Le SNE lance donc un appel à l’Etat pour que tous les élèves puissent être équipés de manuels, papier ou numériques, conformes aux programmes en vigueur. Il estime le coût de cette opération à 160 millions d’euros.
Le dossier de presse
http://sne.fr/pdf/Savoir Livre/DP22_10_09.pdf
Manuels numériques : Un second souffle ?
Confortés par la demande ministérielle de fournir dans plusieurs disciplines des manuels numériques aux élèves de 6ème, assortie d’un financement spécifique, les éditeurs scolaires se lancent dans des développements numériques qui font évoluer leurs manuels vers toujours plus d’interactivité.
Lire l’article de F Solliec
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/1[…]
Les manuels de la rentrée