Par François Jarraud
Le président de la République a présenté, en Avignon, le 29 septembre 2009, un programme pour la jeunesse articulé en trois points : réforme de l’orientation, lutte contre le décrochage scolaire, RSA pour les jeunes. Il s’appuie fortement sur les recommandations du Livre vert de Martin Hirsch et le projet de loi surla formation professionnelle que vient d’adopter le Sénat.
Un service public d’orientation. Le plan présidentiel prévoit le rapprochement des différents acteurs « au-delà de l’éducation nationale » dans un service public d’orientation. Il sera piloté aux niveau national, régional et local. Il annonce « un portail Internet unique et une plateforme téléphonique commune » alimentés par l’Onisep, le CIDJ et Centre inffo. On sait que l’Onisep a développé une plateforme de ce type à vocation nationale. Autour de ce noyau central, le service public d’orientation s’appuierait sur des acteurs locaux labellisés. Dans les établissements scolaires, « du collège au lycée des étapes permettront aux jeunes de bénéficier d’actions de découvertes des métiers », ce qui est déjà introduit par les instructions officielles. Un droit à la réorientation sera expérimenté, sans autres précisions. Reprenant l’idée de M HIrsch, le président annonce une expérimentation d’un livret de compétences « permettant de valoriser ce que le jeune apprend au cours de son cursus scolaire mais aussi dans le cadre des activités péri-éducatives ». Ce livret pourrait s’appuyer sur la plateforme d’orientation.
La lutte contre le décrochage des 16-18 ans. N Sarkozy annonce la création d’un droit à la formation de 16 à 18 ans. Sans allonger la scolarité jusqu’à 18 ans, il s’agit d’un droit accordé aux jeunes qui ne sont ni scolarisés ni dans un emploi. Chaque jeune aura droit à un parcours d’insertion individualisé à la sortie du système scolaire. Une plateforme de suivi sera mise en place dans chaque région . « Elle permettra de garantir que ces jeunes sont repérés au moment où ils décrochent de l’école, qu’un contact est pris avec eux et qu’ils font l’objet d’un suivi ». Ils se verront porposer une école de la deuxième chance ou de l’alternance ou des formations. Des aides personnalisées pourront être proposées au jeune dans la limite de 2 500 euros.Cela sera expérimenté en 2010. Les moyens humains des missions locales et PAIO seront renforcés.
Favoriser l’accès à l’emploi. « La formation en alternance sera renforcée ». De nouveaux avantages seront accordés aux apprentis. Les pré-recrutements par des entreprises privées seront encouragés. Les stages hors cursus seront interdits. Le RSA sera ouvert aux jeunes actifs de moins de 25 ans ayant travaillé deux ans sur une période de trois ans. Au total toutes ces mesures représentent 460 millions.
Le dossier de presse
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Le plan Sarkozy et la décentralisation
La vive réaction de la région Ile-de-France au plan Jeunesse lancé par Nicolas Sarkozy illustre les interrogations qu’il suscite. S’agit-il de coopérer avec les pouvoirs locaux ou ce plan est-il une nouvelle arme pour affaiblir les collectivités locales ?
Mardi 29 septembre, il n’y a pas qu’en France qu’un gouvernement cherchait à lutter contre le décrochage scolaire et faciliter l’accès à l’emploi. Ce même jour, Gordon Brown, premier ministre britannique, s’exprimait sur l’Ecole et les efforts nécessaires pour la réussite des enfants défavorisés dans un registre bien différent. Pour lutter contre l’échec scolaire, G Brown pose la question en amont (et non en aval) et propose de faciliter l’ouverture de 250 000 places d’accueil des enfants de 2 ans. Une politique complètement différente de celle de N Sarkozy.
Mais c’est la vive réaction de la région Ile-de-France qui frappe à la lecture de ce plan. En effet le plan Sarkozy concerne directement les compétences régionales ou/et départementales. C’est très clair pour l’orientation. N. Sarkozy plaide pour un grand service public rénové, regroupant tous les acteurs. Ce grand service aura évidemment à exploiter les ressources locales pour fonctionner. Comment se positionnera –t-il face aux services régionaux ? S’agit-il pour N Sarkozy de prendre la tête des services locaux, de s’attaquer à de nouveaux terrains régionaux, comme il l’a fait à propos des transports franciliens ? Quelle place fera-t-il aux réalisations de terrain ? Ils se garde bien de le dire. L’attitude est identique s’agissant du décrochage. Le président instaure un droit national, des aides nationales. Comment articuler cela avec les missions locales ?
A quelques semaines des régionales, ces questions sur l’hyper présidence plombent l’annonce d’un plan qui pose de bonnes questions et apporte des réponses.
L’Ile-de-France critique le plan Sarkozy
Pour le président du Conseil régional d’Ile-de-France, le plan Sarkozy est un « miroir aux alouettes ». Il oppose les paroles du président aux actes de la région Ile-de-France. Car la région dépense près de 1,5 milliard pour l’éducation, la formation et l’orientation.
« Les autres mesures annoncées reprennent des politiques menées de longue date dans les régions » estime Jean-Paul Huchon, citant en exemple les politiques de lutte contre le décrochage ou l’aide à l’orientation. « Pendant que le président parle, la Région agit », résume-t-il. Il rappelle ses efforts pour la mise en place d’un « service public régional d’orientation » et de plateformes comme « Les métiers.net » (140 000 visites mensuelles). La région consacre des sommes importantes à la lutte contre le décrochage scolaire. Plus de 90 millions vont à l’insertion professionnelle des jeunes. Le dispositif d’accompagnement Avenir jeunes suit 20 000 jeunes (pour 56 millions) avec un fort taux de succès. Des écoles de la deuxième chance, des passerelles vers l’apprentissage ont été développées. Au total, l’Ile-de-France dépense trois fois la valeur du plan Sarkozy.
Communiqué UNL
http://www.unl-fr.org/actu_view.php?id=425
Oppositions et interrogations
Présenté par N Sarkozy le 29 septembre, le Plan Jeunes ne fait pas l’unanimité contre lui mais reçoit des accueils variés. L’Association des régions de France fait partie des adversaires de ce plan. L’ARF estime que les politiques de N Sarkozy ont aggarvé les problèmes qu’il prétend régler. » C’est son gouvernement qui supprime16 000 enseignants, les réseaux d’aide (RASED), ne renouvelle pas les contrats de nombreux Auxiliaires de vie scolaire » a déclaré J Auxiette, en charge de l’éducation à l’ARF. « Une concertation avec les collectivités locales lui aurait permis de découvrir des actions concrètes et efficaces sur de nombreux aspects de la vie quotidienne des jeunes dans le domaine du logement, de l’accès aux transports, à la culture… »
La FSU juge les mesures « faibles, voire inadaptées ou franchement contestables ». Pour elle, » ces annonces sur la formation et l’orientation s’articulant avec les dispositions de la loi sur la formation professionnelle dessinent un politique dangereuse où sous couvert de lutte contre le décrochage scolaire, l’éducation nationale serait dessaisie de sa mission en direction de ces publics en difficultés, où l’on renoncerait à l’objectif d’assurer à tous les jeunes une qualification reconnue en luttant contre ce décrochage scolaire au sein du système éducatif ».
L’accueil est plus positif au Sgen-Cfdt. « Le Sgen-CFDT prend acte de la mise en place d’un service public d’orientation coordonnant les acteurs. L’efficacité du service public dans ce domaine a été mise à mal par les attaques répétées contre les personnels d’orientation de l’ Éducation nationale, dont le recrutement s’est tari depuis 2003. Cette coordination ne pourra se mettre en œuvre sans que la place des personnels de l’information et de l’orientation ( Cop, Dcio, personnels de l’ Onisep), en nombre suffisant, y soit reconnue dans leurs missions et dans le maillage des territoires que constituent les centres d’information et d’orientation. Il est urgent d’ouvrir des négociations sur le recrutement, les missions, les emplois des personnels d’orientation de l’Éducation nationale ». Le principe d’un droit à la réorientation en cours d’année « rejoint les préoccupations du Sgen-CFDT », mais « suppose une autre structure des parcours de formation en lycée, modulaire et respectant les rythmes d’acquisition des compétences ». Le syndicat salue aussi l’effort de coordination de la lutte contre le décrochage scolaire, mais demande des moyens pour les missions d’insertion.
Communiqué ARF
http://www.arf.asso.fr/index.php/actualites/actu/pla[…]
Sur le plan Jeunes