659 livres cette année
C’est sans surprise que nous retrouvons à chaque rentrée, aux côtés de nos crayons affutés et de notre nouveau cahier de notes, un Nothomb (qui se lit plus vite que son ombre malgré ses 18 euros), un Beigbeder, un d’Ormesson, un Besson… Ce sont pas moins de 659 romans qui paraissent ce mois-ci. Impossible, donc, pour un critique – aussi brillant fût-il – d’en tirer la substantifique moelle en moins de deux ans de labeur intense. Sur internet, un site (chroniquesdelarentrelitteraire) a réuni plus de 200 bloggeurs dans l’espoir de couvrir l’événement. Et si vous voulez entrer dans la peau d’un chroniqueur littéraire, rejoignez l’équipe bénévole du 1% littéraire qui sévit sur la toile. Leur objectif : lire 1% des sorties éditoriales chaque année ! Les lecteurs curieux découvriront des extraits des nouveautés Gallimard sur leur site, liront le dossier consacrée à cette rentrée sur Evene ou se fieront au Top 30 concocté par les critiques du Figaro (y figurent les incontournables Nothomb, Kadra, Beigbeder, Abécassis).
Les adeptes du papier feront l’acquisition du magazine Lire de septembre et de son supplément de 30 pages consacré au sujet. Méfiance, toutefois : la verve et la passion de François Busnel, sur papier et sur petit écran, sont telles que votre budget livres risque bien d’imploser à la lecture de ce supplément !
Dans cette tempête éditoriale, il est amusant de lire les « Confessions d’un lecteur de manuscrits » publiées par Pierre Jourde sur le site du Nouvel Obs. http://bibliobs.nouvelobs.com/blog/pierre-jourde[…]
Le monde de l’édition vu des deux côtés de la barrière, les désillusions des jeunes écrivains et la gêne du lecteur qui doit refuser. De quoi insuffler un peu d’humain dans l’univers éditorial (impitoyable). A lire : l’analyse des titres de certaines œuvres par la République des Lettres et les chiffres comparatifs des rentrées littéraires de ces dernières années.
A feuilleter :
Les extraits des nouveautés Gallimard :
http://www.gallimard.fr/rentree-2009/?gclid=CJPo[…]
Dossier Spécial Rentrée Littéraire sur Evene :
http://www.evene.fr/info/rentree-litteraire/
La sélection des 30 incontournables de la rentrée par le Figaro :
http://ww.lefigaro.fr/livres/2008/08/18/03005-20080818ART[…]
La République des Lettres :
http://www.republique-des-lettres.fr/10489-rentree-litteraire.php
Chronique de la rentrée littéraire :
http://chroniquesdelarentreelitteraire.com/
1% littéraire :
http://levraoueg.wordpress.com/2009/07/24/le-retour[…]
Mais que font les profs ?
Rentrée littéraire oblige, on parle beaucoup ces temps-ci d’Alain Finkielkraut à l’occasion de la sortie de son Coeur intelligent. Dans un entretien accordé à Lire, le philosophe déplore que l’école « se ferme aux oeuvres sous couleur de s’ouvrir au monde. […] Aujourd’hui l’école se méfie de l’étrangeté. Elle n’a que le respect des différences à la bouche, mais elle ne pratique plus le dépaysement, elle le combat. Elle rapatrie le passé dans le présent, l’autre dans le même. Et la littérature risque d’être délaissée parce qu’elle est écrite dans une langue de plus en plus étrangère à celle qui se parle tous les jours. La littérature tend à devenir une langue morte. Indifférente à cette agonie, l’école a choisi la voie du jargon spécialisé et la voie de la démagogie. ». Sans commentaire…
http://www.lire.fr/entretien.asp/idC=53773/idR=201/idG=8
Bartleby mania
Après sa lecture spectacle du livre de Herman Melville à Paris en février 2009, Daniel Pennac récidive avec son personnage troublant de Spitzweg (comme le peintre) dans Quelque chose en lui de Bartleby (Mercure de France, 2009). A l’image du personnage de Melville qui répond immanquablement à toute question par la formule « I’d prefer not to », sur laquelle pêchent les traducteurs (« Je préfèrerais ne pas », « J’aimerais autant pas »).
Son roman, à l’habitude, est d’une fraîcheur aussi rassurante qu’angoissante. M. Spitzweg est un employé de la Poste solitaire, qui vit à Paris, qui aime Paris l’été, qui prend le bus et pense à son ancienne amante Clémence Dufour. Cet homme longtemps allergique à l’ordinateur se met un jour à écrire un blog, en secret. Le quotidien de cet amateur de solitude va basculer grâce à la toile.
Les indiscrétions de Proust
Le magazine Lire a consacré son dernier numéro hors-série à notre patrimonial Proust.
L’ambition avouée de ce numéro se résumerait à cette devise : démocratisons Marcel Proust. Ce nom qui fait peur, ces milliers de pages souvent jugées austères, peuvent vous procurer autant de plaisir (voire plus, non sans mal) qu’une diffusion en prime time d’un épisode de Plus Belle la Vie. La saga des personnages de la Recherche est présentée avec passion et logique dans un dictionnaire très utile pour une étude du roman au lycée. A bas le pédantisme des phrases interminables, place aux sentiments complexes et aux méandres de l’esprit que les propositions et la ponctuation épousent avec délicatesse. Proust et Darwin dissèquent l’homme pour en retirer une théorie universelle. On ne résiste pas non plus à dévoiler la participation active de l’auteur dans la défense du jeune Dreyfus. Emile se sentira moins seul.