Par François Jarraud
A quelques jours de distance, deux rapports sur l’avenir du lycée ont été rendus public. Celui du député UMP Benoist Apparu aboutirait à une refondation réelle du lycée. Le rapport Descoings propose de simples aménagements du vieux lycée.
Le rapport Apparu : pour un nouveau lycée ?
Nouveaux programmes, nouvelle organisation des enseignements, nouveau prof, nouveau bac, nouvelle pédagogie : la rapport Apparu propose une refonte d’ensemble du système éducatif. Travail de la mission d’information parlementaire sur la réforme du lycée, dont le rapporteur est Benoist Apparu, le rapport n’a pas été adopté par les députés socialistes de la mission.
Un nouveau système. Estimant le découpage actuel « dépassé », inquiet du taux d’échec et de redoublement, B Apparu propose un nouveau découpage de l’Ecole avec une grande école fondamentale regroupant l’école et le collège sur le socle commun, suivie par 100% des jeunes, un cycle lycée – licence et enfin un cycle supérieur long (master doctorat). Du coup le lycée est perçu comme le début du supérieur et devrait permettre d’atteindre les objectifs euroépens : 50% des jeunes diplômés du supérieur.
Une seconde de détermination. B Apparu souhaite faire passer la seconde du « tri sélectif » à une véritable année de détermination. Pour cela, les enseignements y sont divisés en trois parties : un tronc commun (francais, maths, histoire-géo, sciences expérimentales, langues et eps, pour 21h , soit 70% du temps. S’ajouteraient 2 modules de spécialisation et 2 modules de découverte : sciences économiques et sociales et disciplines technologiques (gestion etc.), le tout représentant 20% du temps d’enseignement soit 6 heures. « La seconde doit permettre de sortir des cours magistraux » et donc elle comprendrait 10% du temps, soit 3heures en accompagnement. Le temps de présence au lycée comprendrait aussi 5 heures de travail personnel au lycée.
Suivie d’un cycle terminal de spécialisation. La première et la terminale seraient graduellement spécialisées. Le rapport prévoit une première générale et une première technologique dans lesquelles des enseignements d’approfondissement représenteraient 40% du temps scolaire. En terminale ils pèseraient 50%. « La formule de spécialisation progressive permettrait des réorientations à mi-chemin de première ou en fin de première.
La réforme du bac, mise en œuvre dès 2012, verrait le nombre d’épreuves diminuer : français, histoire-géo, philosophie, et deux épreuves de spécialisation seulement auxquelles s’ajouterait une épreuve sur projet personnalisé défendue devant un jury. Tous les autres enseignements seraient évalués en cours de formation.
Une autre pédagogie. Le rapport prévoit de consacrer 10% du temps scolaire à l’accompagnement des élèves. « Ces enseignements d’accompagnement doivent se présenter sous la forme d’un menu, offrant à chaque élève un droit de tirage sur différents modes de prise en charge pédagogique, en particulier : des enseignements de méthodologie ou des modules de préparation à l’enseignement supérieur ; une aide individualisée (aide aux devoirs, à la rédaction, au raisonnement, un exercice ou un devoir étant repris et décortiqué) ; des activités pluridisciplinaires ; une aide à l’orientation ; des travaux de recherche encadrés, notamment au centre de documentation et d’information ». Le rapport demande aussi aux enseignants de changer detype d’évaluation. Il prévoit aussi que chaque lycéen disposera d’un professeur référent.
Un autre lycéen. Le lycéen verra son temps scolaire ne pas dépasser 35 heures hebdomadaires soit en seconde 21 h de cours de trinc commun, 6 h de spécialisation et 3 h d’accompagnement. Pourront s’y ajouter 5 heures d’études. L’accompagnement devrait donner de la souplesse au corps. Un autre élément de souplesse sont les sas d’orientation l’été qui permettront de changer de filière ou d’éviter le redoublement.
La réforme de l’orientation. B Apparu souhaite ramener les copsys dans les établissements scolaires. Il envisage d’informer davantage les familles et le sélèves sur les possibilités d’orientation.
Un nouveau prof. Le rapport prévoit que l’accompagnement soit inclus dans le temps de service et les missions des enseignants qui feraient moins de cours.
Sur bien des points (modules, spécialisation tardive, accompagnement etc.), le rapport renoue avec les propositions Gaudemar. Sans supprimer les filières, il cherche à ajouter de la mobilité dans le lycée.
Le dossier de presse
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Documents/docsjo[…]
Lycée : réforme impossible ?
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/99_Lycee[…]
Apparu : bien sous tout rapport ?
Le rapport Apparu est-il audible ? On ferait plutôt le pari contraire tant il est recouvert, dès sa publication, de condamnations. Si proposer une réforme ,n’a jamais été facile dans l’éducation, c’est particulièrement difficile dans le climat actuel qui n’est pas particulièrement riche de confiance…
Et certaines critiques portées sur le rapport Apparu sont recevables. Il est vrai qu’il sauve les filières. Il est exact qu’il véhicule une conception très conservatrice de l’orientation. Il est non moins exact qu’il faut l’impasse sur les TIC comme si ce n’etait pas un élément )à prendre en compte pour imaginer le lycée de demain.
Malgré tout le rapport nous semble une base de débats particulièrement riche. On pourra souligner l’importance accordée à un travail final du style TPE. Ou encore le souci bien réel des inégalités sociales dans l’organisation du lycée. Ou encore la réelle modernisation du métier d’enseignant avec la prise en compte de l’accompagnement des étudiants. La lutte contre le redoublement. La volonté d’évaluer autrement…
La meilleure offre ? Avec ses maladresses, le rapport Apparu permet de lancer dès maintenant le nécessaire débat sur la réforme du lycée en bénéficiant d’un texte qui pose de façon très perspicace certaines questions. Peut-on louper cette opportunité et refuser l’opportunité de construire le lycée du XXIme siècle
Apparu : Un rapport accueilli avec scepticisme
Avant même la publication du rapport, plusieurs syndicats, dont le Snes et le Snalc, avaient pris position contre les expérimentations et la réforme. D’autres syndicats, plus favorables à une réforme, se sont regroupés en un groupe de réflexion. Ils accueillent avec réserve le projet Apparu.
Pour le Sgen-Cfdt, « Benoist Apparu reprend un certain nombre de propositions que le Sgen-CFDT partage avec le groupe « De l’ambition pour la réforme des lycées » : la classe de seconde qui doit être une année de détermination et non pas de tri, l’organisation des enseignements en trois pôles (tronc commun, exploration/approfondissement, accompagnement), l’inscription de l’accompagnement dans l’horaire élève et dans le service des enseignants, le professeur référent, la réduction de l’horaire de cours et la prise en compte sur le temps du lycée du travail individuel des élèves, la nécessité de supprimer les redoublements et d’offrir aux élèves la possibilité de revenir sur leurs choix, le recours à des formes variées d’évaluation et la réforme du baccalauréat ». Mais le syndicat juge que « ces propositions sont contredites par le maintien d’un système de voies et séries inévitablement hiérarchisées… Une certaine frilosité empêche de prendre en compte la semestrialisation et conduit à proposer la remédiation en dehors du temps scolaire (stages d’été) comme seule alternative au redoublement… Se dessine un projet de réforme manquant de cohérence, d’autant plus qu’au-delà des propositions de modifications de structures, il manque l’affirmation des objectifs éducatifs et pédagogiques propres au lycée ». Le Se-Unsa retrouve dans le rapport nombre de ses propositions mais le syndicat s’interroge sur les moyens. » A quelques jours de la publication des « recommandations » de Richard Descoings, le SE-UNSA s’interroge : qui s’en saisira, et avec quels moyens ? »
Premiers intéressés, les lycéens de l’UNL dénoncent « de nombreuses propositions potentiellement porteuses d’inégalités territoriales et sociales telles que la modularité des enseignements ou le contrôle continu au Bac… Aussi, l’UNL dénonce l’absence de propositions sur la vie et la démocratie lycéenne, ainsi que sur l’accès à la culture et le statut du lycéen. Cette absence est révélatrice d’un projet éducatif qui n’accorde pas au lycéen sa place d’acteur de l’école et de la société ».
Le Snes manifeste son hostilité au rapport. « Les 30 propositions sur le lycée de la mission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale…. Concentrent tout ce que les personnels combattent » annonce un communiqué du Snes. Le syndicat cite en exemple « le transfert de l’orientation… aux régions, la réduction du nombre d’épreuves terminales au baccaluaréat.., une redéfinition du métier d’enseignant ». A la veille de la publication du rapport Apparu, le Snes avait signé avec le Snalc et d’autres organisations un communiqué hostile à a réforme du lycée.
Pour le principal syndicat de chefs d’établissement, le Snpden, le rapport Apparu sur le lycée développe « des pistes intéressantes qui recroisent de nombreuses attentes du Snpden ». Le syndicat cite une seconde de détermination, la cohérence cycle terminal – enseignement supérieur, le triptyque enseignement général – approfondissement / exploration et accompagnement, l’affirmation de la voie technologique, l’allègement du bac.
Le Snpden est plus réservé sur d’autres propositions comme « le passage suspensif », les formules retenues pour l’évaluation des établissements.
Communiqué se-Unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1684
Communiqué UNL
http://www.unl-fr.org/actu_view.php?id=407
Communiqué Snes
http://www.snes.edu/spip.php?article17103
Benoist Apparu : « Certains éléments de mon rapport pourront être repris »
Alors que le rapport Descoings a éveillé peu de passions, le rapport du député Benoist Apparu sur la réforme du lycée, publié quelques jours auparavant, a ses partisans et ses adversaires. Quel peut être l’avenir de ce texte après la publication d’un document plus consensuel ? Quels éléments font sa force ? Benoist Apparu répond à nos questions.
Les projets de réforme se sont succédés ces dernières années. Il y a eu la tentative de réforme du bac. Celle du lycée, stoppée net fin 2008. Pensez-vous qu’on puisse mener à bien une réforme dans l’éducation nationale ?
Oui, bien sûr que c’est possible. Cela peut être délicat, difficile, voire compliqué. Mais ça s’est fait. L’éducation nationale a beaucoup changé. Récemment on peut citer en exemple la réforme LMD dans le supérieur. Il peut y avoir des retards mais des changements sont possibles.
Aujourd’hui, après la publication du rapport Descoings, comment voyez-vous l’avenir de votre projet pour le lycée ?
Des éléments vont sûrement aboutir à un moment ou à un autre. Je ne peux pas dire que mon rapport sera appliqué à 100%. Mais j’ai ouvert des pistes. Le gouvernement fera son marché dans les deux projets. Celui de R. Descoings semble plus facile à appliquer tout de suite. Si Xavier Darcos vise la rapidité il s’en inspirera. Mais certains éléments de mon rapport pourront être repris.
Justement il suscite à la fois des soutiens et des oppositions. Avez-vous identifié où se trouvent celles-ci ?
Je pense que le point plus difficile c’est l’objectif des 35 heures de classe par semaine que j’ai fixé comme un maximum pour les lycéens. Car le mettre en place implique une réforme des contenus disciplinaires. Et là il y a une résistance monstrueuse. C’est très difficile de faire accepter une réduction du temps d’enseignement en français, en maths… Si on veut éviter un lycée light et maintenir un fort volume de connaissances alors il faut réorganiser les champs disciplinaires. Et ça c’est une vraie révolution car les enseignants font toute leur carrière dans un seul champ disciplinaire. Je peux donc craindre pour mon projet l’opposition des associations de spécialistes. Du coté syndical, certains manifestent une opposition totale comme le Snes ou le Snalc. D’autres sont plus positifs.
Alors pourquoi en faites vous un point central de votre projet ?
Cela part de l’idée qu’aujourd’hui la plus forte inégalité au lycée est entre ceux qui disposent de l’aide de leur famille ou qui utilisent les services d’enseignement supplémentaire et ceux qui ne sont pas aidés. L’idée c’est que tout le travail scolaire qui se fait à l’intérieur du lycée est un élément d’égalité des chances.
Et puis le temps total passé au lycée est trop lourd. Aujourd’hui entre les cours et les devoirs à la maison on atteint environ 50 heures hebdomadaires. Je propose de redescendre à 35 heures au total. Il y aurait 30 heures pour le tronc commun disciplinaire et les heures d’accompagnement, et 5 heures d’études pour faire ses devoirs. Ca veut dire que les enseignants feront autre chose que faire cours.
C’est un véritable nouveau métier qui se dessine. Mais c’est possible car nous avons l’opportunité des départs massifs à la retraite et une réforme de la formation des enseignants.
Si vous vous souciez d’égalité des chances, alors pourquoi réformer le bac ? On sait que l’épreuve anonyme du bac est plus juste. Un contrôle continu renforcerait les inégalités dans les évaluations aux dépens des plus faibles.
Mais je n’ai jamais parlé de mettre du contrôle continu au bac. J’ai parlé de mettre plusieurs épreuves en contrôle en cours de formation. Rien n’empêchera les établissements de changer les correcteurs, de rendre les copies anonymes.
Mais je veux revenir sur la semaine de 35 heures. Si on la met en place, il faudra être cohérent et rallonger l’année scolaire. Aujourd’hui le mois de juin est tronqué de la moitié ou des trois quarts. Si on veut raccourcir la semaine de cours il faudra bien allonger l’année pour garder des contenus disciplinaires suffisants.
Des changements aussi importants peuvent-ils être ordonnés par en haut pour redescendre dans les établissements ?
Il y a un moment où soit on donne l’autonomie aux établissements, soit il faut que quelqu’un décide. On est dans ce cas et le système ne peut se réformer que par en haut. D’autant qu’envisager une concertation avec 300 000 profs , ce n’est guère possible… D’ailleurs on voit bien que dans les réformes récentes, comme au primaire, ça se passe bien. Les quelques oppositions ne doivent pas être généralisées.
Benoist Apparu
Entretien François Jarraud
Sur le rapport Apparu : présentation de la réforme et réactions
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/05/280[…]
Sur le rapport Descoings : présentation de la réforme et réactions
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/06/030[…]
Le rapport Descoings débouche sur un lycée ravalé
Richard Descoings a remis au président de la République son rapport sur la réforme du lycée le 2 juin. Il recommande de remettre à plus tard une refondation du lycée et de » concentrer la « réforme du lycée » sur un certain nombre de sujets précis ». L’Elysée a fait savoir que certains point feraient l’objet d’une application à la rentrée 2010.
Le rapport s’articule en 5 chapitres traités de façon très inégale. C’est le chapitre sur l’orientation qui est le plus fourni. R. Descoings y fustige » la rigidité du système et (le) peu de prise en compte de l’individu, de son goût, de son potentiel réel et de son droit à l’erreur » résultant du « cloisonnement des filières et (de) la disparition dans les faits des passerelles et des classes d’adaptation qui permettent de changer d’orientation ». Pour lui , « construire un système d’orientation juste et éclairé suppose une révolution copernicienne. D’appendice du système éducatif, elle doit en devenir la colonne vertébrale. De décision couperet et subie, elle devrait se faire questionnement, choix mûris longuement, actifs et éclairés. L’orientation doit ainsi se fonder comme un processus inscrit dans un temps long, incluant les années collège et les années lycée, devenir familière ».
Il préconise un travail d’orientation conçu tout au long de la scolarité, à travers des stages, des enquêtes sur un temps inclus dans le temps scolaire, suivi par un « carnet d’orientation ». Les lycéens devraient tous faire un stage en entreprise, bénéficier de partenariats conclus entre lycée et établissement d’enseignement supérieur. Il insiste sur la nécessité d’informer de façon égale toutes les familles.
S’il insiste sur le droit à l’erreur et la nécessité de classes passerelles, certaines propositions semblent assez dangereuses comme les réorientations en cours d’année. « en accord avec les familles et sur proposition du professeur principal pour des élèves en situation d’échec… Il appartiendrait alors au chef d’établissement de garantir une passerelle vers une autre classe, et le cas échéant, vers un autre établissement du bassin ». On imagine quel usage pourrait être fait dans certains établissements de ce « droit ».
Le chapitre sur la redéfinition du rôle du lycée invite à mettre en place des « poles de prévention » et de l’accompagnement scolaire en mobilisant les étudiants en master. Il insiste sur la nécessité de maintenir ouvert le CDI sur de longues plages horaires en utilisant des élèves encadrés par les professeurs documentalistes.
Pourtant R. Descoings maintient les filières. Il critique la prédominance de la série S qui devient « pour certains lycéens un choix par défaut », phénomène en effet mis en valeur dans un rapport de l’Inspection générale. Il souhaite maintenir la voie technologique, « source de progrès démocratique » à coté de la voie générale. Ce qu’il préconise c’est d’enseigner les mêmes enseignements de découverte à tous les lycéens de seconde de façon à permettre un vrai choix (il faut sans doute comprendre enseigner les SES et un enseignement technologique à tous). Pour renforcer la rénovation des filières technologiques il propose de faciliter l’accès à l’enseignement supérieur (en BTS ou IUT) et de rénover la filière STI « pour en faire une filière de pointe ». S’agissant de la voie générale, il reprend les recommandations de l’inspection générale pour revaloriser la filière L en y ajoutant un enseignement scientifique et du droit.
Tout un chapitre est consacré à la rénovation de l’enseignement et des modes d’évaluation. On a là un catalogue de recommandations souvent justes mais de faible ampleur ou assez naïves. Qui s’opposerait à associer les élèves à leur évaluation ? Qui serait contre le renforcement de l’oral ou des cours méthodologiques ? R Descoings va jusqu’à évoquer le retour « de l’esprit ciné club »… Certaines paraissent dangereuses. S’il n’est pas mauvais pour un lycéen de suivre un temps d’enseignement à l’étranger fait-il le généraliser ? Que penser d’un doit à « une année de césure » quand on connaît le taux de décrochage ? A noter que la méthode Antibi n’est même pas évoquée par le rapport.
Peu élaboré également est le chapitre sur le refonte des missions de l’enseignant et des emplois du temps. R Descoings préconise de terminer les cours à 15 heures, ceux-ci étant suivis par un temps d’accompagnement. Visiblement ce chapitre n’a pas été creusé davantage car il n’est pas d’actualité.
En conclusion, R Descoings propose trois choix à N Sarkozy. Le premier c’est ne rien changer. » S’il était retenu, ce choix serait explosif. Le degré d’inégalité supporté par les spoliés du système devient proprement insupportable ». Le deuxième choix c’est « de concentrer la « réforme du lycée » sur un certain nombre de sujets précis, qu’il y a urgence à traiter ». Il cite : l’orientation, la revalorisation de la voie technologique et de son image, la rénovation des filières STI, le rééquilibrage des séries au sein de la voie générale, la revalorisation de la voie technologique et de son image, la rénovation des épreuves du Bac en langue pour harmoniser la nature des épreuves avec les objectifs de la formation tout au long des 3 années du lycée, d’une part, et d’autre part, pour harmoniser les épreuves d’une série à l’autre dans la voie générale, et entre les deux voies générale et technologique ». Enfin « tendre vers la diminution du nombre des élèves par division en classe de Seconde en tenant compte de leur hétérogénéité et des disciplines enseignées » et « une nouvelle étape de la démocratie lycéenne par une participation plus grande aux processus de décision concernant la vie scolaire et une reconnaissance des engagements lycéens ». Le troisième choix possible serait de « lancer une vaste concertation sur une véritable refondation du lycée » mais R Descoings estime que les conditions ne sont pas remplies pour le moment.
A l’issue de la remise du rapport, l’Elysée a fait savoir que le rapport serait suivi d’un nouveau temps de débat « afin que puissent être conçues des mesures opérationnelles que le Gouvernement devra appliquer en concertation avec l’ensemble des partenaires de l’école. L’objectif est une entrée en vigueur de tout ou partie de ces mesures dès la rentrée 2010 ». Pour N Sarkozy le débat devrait concerner l’aide à l’orientation, le développement d’un temps d’accompagnement à côté des cours magistraux, la revalorisation de la voie technologique, en particulier de la série industrielle, le rééquilibrage des séries de la voie générale, la maîtrise des langues vivantes étrangères, la valorisation de l’engagement des jeunes ».
Xavier Darcos s’est montré plus précis lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale le 2 juin. Il a annoncé que le rapport serait envoyé dans les lycées. Sur son application il s’est un peu éloigné du texte présidentiel en estimant que les rapports Apparu et Descoings semblent » aller dans le même sens » et en précisant que les préconisations retenues concernent « l’orientation, le rééquilibrage des filières, le statut des langues vivantes, la priorité qu’il faut redonner à la maîtrise de la langue française, mais aussi l’organisation du temps du travail – il n’y a aucune raison, en effet, que les lycéens travaillent plus que les 35 heures que doivent faire leurs propres parents ».
Dans un entretien accordé au Monde, R Descoings estime qu’il « faut arrêter de rêver au grand soir de l’éducation, et commencer par améliorer ce qui peut l’être ». C’est en effet sous cet angle que se situe sa contribution. Mais c’est avouer qu’il n’y aura qu’un replâtrage du lycée pourtant fermement condamné par R Descoings et X Darcos. Il appartiendra au futur ministre de l’éducation nationale, qui pourrait être M. Descoings, de nous convaincre que la réformette ne se limite pas aux recommandations de la RGPP.
Le rapport
http://blog.lyceepourtous.fr/wp-content/uploads/rapportco[…]
Entretien avec R Descoings dans Le Monde
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/06/02/richard-desco[…]
Communiqué Elysee
http://www.elysee.fr/documents/index.php?lang=fr&mode=view[…]
Réponse de X Darcos à l’Assemblée
http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/provisoire/P20090255.asp
Notre dossier réforme du lycée
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/2008/2008_[…]
Sur le rapport Apparu
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/05/2[…]
Article de JL Auduc
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lesdossiers/Pages/200[…]
Les réactions au rapport Descoings
Des conservateurs aux réformistes, des profs aux élèves le rapport Descoings ne mécontente personne. Mais est-ce un bon signe ?
Premiers intéressés, les lycéens de l’Union Nationale Lycéenne (UNL) manifestent leur approbation. « L’UNL partage bon nombre de préconisations de Richard Descoings et se félicité d’y retrouver une grande partie de ses revendications ». Le syndicat lycéen cite les pages sur l’orientation,le renforcement de la démocratie lycéenne, l’accompagnement des élèves. Mais il rappelle « qu’aucune réforme ne pourra se faire dans le cadre actuel de réductions des moyens budgétaires et humains dans l’Education Nationale » et se demande quelle sera son application.
Les parents de la FCPE estiment que « le rapport a le mérite de dire haut et clair que le préalable à cette réforme, ce sont les objectifs qu’on lui assigne ». Pour la FCPE, « l’objectif de la réforme ne peut être la réduction des coûts, il doit être fondé sur la réussite des élèves et la réduction des inégalités ».
Chez les enseignants, le Snes, qui avait condamné le rapport Apparu, semble soulagé et » se félicite que ce qu’il a porté avec la profession à l’automne dernier soit repris par le chargé de mission ». Même atmosphère au Snalc qui » considère que le rapport Descoings pourrait enfin créer, s’il n’est pas déformé par la suite, les conditions d’un retour à une véritable concertation sur l’avenir du système d’éducation ».
Le Se-Unsa accueille le rapport avec une pointe d’ironie et se demande si » le retour à la case départ était-il inévitable ? Car si on résume les propositions qui pourraient être mises en oeuvre à la rentrée 2010, où seront les vrais changements ? Les voies générale et technologique maintenues séparées, une série S plus typée, une série L plus polyvalente, ne changeront rien aux hiérarchies existantes ! L’ « entre-bons-élèves-issus-des-classes-favorisées » a de beaux jours devant lui ! Pour le SE-UNSA, les mesures proposées relèvent trop souvent de l’anecdotique ou du vœu pieux. Certes, Richard Descoings insiste, à raison, sur l’importance de l’orientation, de l’accompagnement personnalisé et de la rénovation des enseignements. Mais comment faire sans toucher à l’organisation de la scolarité, à l’emploi du temps des lycéens et aux missions des enseignants ? Or, ces sujets sont esquivés ou renvoyés à une hypothétique « vaste concertation », dont on pensait pourtant qu’elle venait d’avoir lieu… ».
UNL
http://www.unl-fr.org/actu_view.php?id=411
Snes
http://www.snes.edu/spip.php?article17127
Se unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1682
La CFDT déçue, l’APSES satisfaite
« La démarche employée par Monsieur Descoings traduisant sa volonté de renouer les fils du dialogue après les épisodes de l’automne était prometteuse, elle débouche cependant sur des propositions décevantes car trop en deçà des attentes. « Le choix de ne rien faire serait explosif » nous dit Richard Descoings. C’est pourtant à cela ou presque qu’il nous invite ». Le Sgen Cfdt rappelle qu’il a toujours revendiqué une transformation profonde du lycée et manifeste sa « déception ».
Le syndicat cite par exemple « le maintien en l’état ou presque des voies et filières… significatif de l’état d’esprit du rapport… Pas de changements pour le baccalauréat, si ce n’est quelques modifications de coefficients… L’accompagnement tant réclamé par les lycéens est réduit à une orientation classique (fournir un guide et des informations) à laquelle s’ajoute un possible tutorat par des élèves des grandes écoles mais rien n’est dit de l’aide au travail. Cette orientation reste par ailleurs étrangement liée aux performances insuffisantes des élèves ». La Cfdt demande donc un « second temps de refondation complète du lycée » et des négociations sur le métier enseignant.
Les professeurs de sciences économiques et sociales réunis dans l’Apses jugent au contraire le rapport positif. « Richard Descoings confirme la nécessité de faire de l’enseignement de SES en classe de seconde, un enseignement obligatoire » se réjouit l’Apses. « Cette préconisation de rendre la découverte des SES obligatoire en seconde ne pourra qu’améliorer l’orientation des élèves de seconde. Cela suppose toutefois que cet enseignement soit dispensé sur la base d’un horaire annuel décent intégrant des heures d’enseignement en demi groupes indispensables au travail sur la presse ou l’audiovisuel, la réalisation d’enquêtes ou encore le traitement de données statistiques ».
L’Apses se félicite également des remarques sur « les rénovations opaques des programmes ». L’association y voit un moyen d’échapper aux pressions de certains lobbys sur l’enseignement des SES.
Communiqué Cfdt
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article2046.html
Communiqué Apses
http://www.apses.org/initiatives-actions/communiques-et-cou[…]
Le Snpden approuve le rapport Descoings
« Le SNPDEN partage l’analyse de Richard Descoings sur la nécessité de faire évoluer la situation actuelle du lycée, objet d’une forte attente de notre société ». Dans un communiqué, le premier syndicat de chefs d’établissement énumère le spoints d’accord avec le rapport sur la réforme du lycée remis par R Descoings. Mais il reste sceptique sur la volonté gouvernementale de les réaliser. « Le SNPDEN prend acte des préconisations adressées au gouvernement sur la mise en place d’une concertation réelle des partenaires. Il souhaite cependant que cette consultation, qui ferait suite à une longue lignée, puisse enfin déboucher sur les évolutions nécessaires et maintenant urgentes ».
Sur le rapport Descoings
http://cafepedagogique.studio-thil.com/lexpresso/Pages/2009/06/030[…]
Réactions : Un peu plus de rêve, Monsieur Descoings…
Comme beaucoup d’observateurs, nous découvrons ce soir le rapport de Richard Descoings. Nous voulons d’emblée signifier notre déception. Ce rapport manque d’ambition. Rien n’est dit ou presque sur les contenus enseignés, l’articulation entre eux des savoirs disciplinaires, les approches pédagogiques nécessaires, bref tout ce qui conditionne l’organisation des groupes d’élèves, le rapport entre enseignants et élèves. L’explication avancée par Richard Descoings dans le Monde est un peu courte : « Il faut distinguer réforme et refondation. Si l’on veut refonder le lycée, il faut traiter avec ambition les deux sujets essentiels que sont l’emploi du temps des lycéens et la mission des enseignants. » S’il est appréciable que le médiateur pointe lui-même les limites de son action, c’est aussi un aveu de la modestie des propositions. Rajoutons aux sujets pointés par M. Descoings qu’il y a aussi d’autres « vaches sacrées » telle que l’évaluation (quid du bac ?) et des parcours des élèves.
Il y a toutefois quelques pistes intéressantes qui mériteraient plus de précision. L’affirmation de la construction par les jeunes de leur autonomie, de leur engagement dans la vie du lycée, notamment associative, la place réaffirmée de l’accès à la culture, à l’art, et à l’Education physique et sportive : à qui tout cela serait-il confié ? Doit-on donner une nouvelle mission aux établissements scolaires ? Est-elle prise en charge par les enseignants ? La création des pôles prévention pour chaque bassin scolaire (lutte contre le décrochage ?) obligerait-elle les établissements à coopérer plutôt qu’à se faire concurrence ? L’accompagnement pédagogique (qui est une bonne idée) mené par les étudiants en master dispenserait-il les enseignants de cette mission ? Si la pédagogie a peu sa place dans le rapport, les enjeux éducatifs sont mieux reconnus mais demandent à être précisés.
Il faut bien reconnaître que le cadre de la mission limitait sa réflexion : le lycée professionnel en était exclu et il a affirmé très tôt ne pas vouloir toucher l’architecture générale. Le rapport fait d’ailleurs preuve d’une certaine lucidité à plusieurs reprises. Par exemple, il décrit nettement dans le premier scénario de la conclusion, tous les groupes d’intérêt qui poussent au statu quo. On voit aussi que le rapport, dont le président et le futur ministre ne retiendront peut-être que quelques préconisations, évite de poser la question des moyens dans un contexte pourtant miné par les suppressions de postes.
Ce rapport voit large, mais il n’est pas “prudent”. Il voit large puisque tous les acteurs du lycée sont mentionnés : certes, on ne voit au début que le triptyque enseignants-parents-élèves, mais au fil du rapport, on découvre les documentalistes, les infirmières, les collectivités locales, les chefs d’établissement… Très peu de place pour les associations complémentaires de l’enseignement public, les mouvements pédagogiques, mais aussi les échelons académiques essentiels pour le pilotage et l’accompagnement de toute réforme…
Prudent vient du latin providere : « voir loin ». La prudence (ou sagesse) est un des vertus cardinales des Anciens. Au moment où apprendre tout au long de la vie devient une nécessité reconnue dans les débats internationaux comme dans la réalité concrète vécue par les habitants, où de plus en plus de pays convertissent leur système scolaire à l’approche par compétences, ce rapport manque singulièrement de vision et d’ambition prospective. Pour employer une formule triviale « il nous laisse sur notre faim », car il y a urgence et nous avons le sentiment que les forces qui défendent le statu quo ont été sinon entendues, pour le moins très pressantes, afin que « tout change pour que rien ne change ». Les filières ne sont pas remises en cause, la répartition des moyens pas vraiment marquée du sceau de l’équité, les horaires et les contenus pas remis en cause dans leur conception élitiste aimablement masquée par « l’égalité des chances ». Que vont penser demain les « vaincus de l’égalité des chances » ? Vont-ils se satisfaire de ce nouveau ravalement qui ne résout aucune des grandes questions que nous avons soulevées et ne satisfait ni les espoirs levés ni les ambitions affichées ?
Gérard Moreau, Président de la ligue de l’enseignement de l’Ille-et-Vilaine, membre du comité national pour l’école de tous et Philippe Watrelot, président des Crap-Cahiers Pédagogiques
Les lycées ouverts toute l’année ?
Ouvrir les lycées toute l’année : une proposition sérieuse ?
La petite phrase de N. Sarkozy demandant que les lycées soient ouverts toute l’année sur leur environnement suscite de vives réactions. « Le président de la République ignore-t-il volontairement les réalités du terrain et de la décentralisation ? », interroge Jacques Auxiette, président de la commission Education de l’ARF (Association des régions de France. « Depuis 1986, les Régions ont la responsabilité de la construction et de l’entretien des lycées et depuis la loi d’août 2004 de l’accueil, de l’hébergement et de la restauration. A ce titre, il y a bien longtemps qu’elles se sont penchées sur l’ouverture des établissements sur leur environnement pour en faire de véritables lieux de vie. Ainsi les lycées que les Régions construisent aujourd’hui « des lycées de la formation tout au long de la vie », sont conçus pour accueillir en dehors des heures de cours et pendant les vacances notamment des adultes en formation… Ce n’est pas en diminuant le nombre de professeurs et en coupant les vivres des fédérations d’éducation populaire que l’on permettra aux jeunes de poursuivre des activités culturelles ou sportives le soir, pendant les week-end ou les vacances scolaires « .
C’est aussi l’avis du SNPDEN . Le premier syndicat de chefs d’établissement estime qu’on ne peut augmenter le temps d’ouverture sans accorder des moyens.
Dépêche AFP