« Je suis prof de maths. Mais mon véritable métier c’est éducateur ». Ce cri du coeur de Mme martins, professeur au L.P. Nazareth de Ruillé (72), explique pourquoi des enseignants s’investissent dans le concours de la Prévention routière. Pour tous il s’agit de participer à l’éducation de jeunes qui ont besoin de l’éducation nationale également sur ce terrain là.
Mercredi 24 juin, la Prévention routière invitait à Paris, dans les locaux du ministère, 6 classes gagnantes du concours des « Clés de l’éducation routière ». Sélectionnés parmi 95 dossiers, 3 écoles, un collège, un lycée, un IME ont reçu chacun un chèque et de nombreuses félicitations.
Il s’agit de l’école Joliot-Curie de Charleville-mézières qui a fait travailler 3 classes des cycles 1 et 2 sur les règles à respecter lors des sorties en classe. En cycle 3, l’école Dolto de Villeneuve-les-Maguelonne (Hérault) a préparé avec deux classes une semaine de classe nature VTT. Dans la catégorie collège,l’EREA Truffaut de Mainvilliers (Eure-et-Loir) a réalisé un programme complet d’éducation routière mis en application lors des déplacements en vélo ou mobylette des classes. Le Lycée professionnel Nazareth de Ruillé (Sarthe) a fait réaliser et traiter par les élèves une enquête sur les accidents. Deux prix complémentaires ont récompensé l’école élémentaire Langevin de Mondeville (14) pour son « brevet du cycliste » et l’I.M.E. Les Oliviers de Montpellier pour le travail effectué pour permettre des sorties en autonomie des élèves handicapés mentaux.
Ces projets sont bienvenus car il reste beaucoup à faire en matière d’éducation routière, comme le reconnaissait Jean-Louis Nembrini, patron de la Dgesco. Il a rappelé le dispositif actuel (APER à l’école primaire, ASSR1 et ASSR2 au collège) et son utilité : les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez les jeunes. L’effort du ministère va se tourner vers le lycée et M. Nembrini a annoncé la sortie à la rentrée d’un logiciel conçu avec l’INRETS, qui permettra de simuler les effets d’un accident en fonction de la vitesse des véhicules.
Mais quand l’école est déjà bombardée d’injonctions les plus diverses, comment faire pour inclure l’éducation routière sans que cela pèse sur les enseignements traditionnels ? Parmi les lauréats, Régis Drigny, professeur à l’EREA François Truffaut de Mainvilliers (28), explique que dans son établissement l’éducation routière est suivie de la sixième à la 3ème à raison de 12 séances d’une heure trente par an pour chaque élève. Chaque jeune est initié à la conduite du vélo, puis de la mobylette. En 6ème on travaille sur vélo de route et VTT pour améliorer la maniabilité. En 5ème ont lieu les premières sorties hebdomadaires en vélo en lien avec l’ASSR1. En 4ème on prépare un séjour cyclotouriste d’une semaine et on commence à s’initier au vélomoteur. Les élèves passent le BSR et ont droit à 5 heures d’auto-école. En 3ème, les élèves partent une semaine en cyclomoteur et passent l’ASSR2.
L’établissement a aménagé la cour de récréation en plateau d’éducation à la circulation routière, avec des signalisations aux sols complétées par des jeux de panneau fabriqués dans l’établissement. Le temps est prélevé sur l’accompagnement scolaire qui occupe, depuis longtemps, les fins d’après-midi. C’est que l’EREA est aussi un internat et les élèves bénéficient d’activités socio-culturelles et sportives tous les jours. L’EREA bénéficie aussi d’un soutien fidèle de la région Centre qui n’hésite pas à financer l’éducation routière. Ainsi elle a acheté pour 10 000 euros de vélo et cyclomoteurs.
Cette situation particulière pèse évidemment dans l’engagement de l’établissement mais ne l’explique pas. Le vrai moteur c’est le fait d’avoir des élèves d’origine modeste, en difficulté scolaire et souvent désocialisés. Le projet d’éducation routière a une dimension sociale forte. Elle va permettre au futur titulaire du CAP bâtiment d’aller en autonomie avec sa mobylette travailler. Mais avant cela, « elle fédère le groupe » comme le dit M. Drigy. C’est à travers elle que se fait tout un travail sur le rapport à la règle qui est indispensable à la scolarité et la vie en société.
Elle a aussi une dimension pédagogique. Les professeurs de l’EREA ont compris depuis plusieurs années qu’il fallait lier l’éducation routière aux enseignements disciplinaires. Ainsi l’apprentissage du cyclotourisme ou du cyclomoteur sont liés à des sorties pédagogiques. Cette année, les 4èmes ont fait un séjour de découverte à vélo en Seine maritime en lien avec les cours d’histoire-géographie. En 3ème, le séjour en cyclomoteur les a emmené à Oradour-sur-Glane.
A Mainvilliers comme chez les autres participants, ces enseignants s’impliquent dans une activité qui s’insère à la fois dans les enseignements et dans une vision de l’élève et du métier enseignant. Travailler l’éducation routière, c’est tout simplement faire son métier.
François Jarraud
La prévention routière