Par François Jarraud
Les dernières semaines auront été décisive pour la réforme de la formation des enseignants. Xavier Darcos a su user de la démobilisation étudiante et des divisions des syndicats pour imposer ses vues.
Comment expliquer la rupture syndicale survenue le 28 mai durant la réunion du Comité technique paritaire ministériel (CTPM) ? Alors que les principaux syndicats (Sgen – Fsu, Unsa) venaient de lancer une pétition commune « pour le maintien d’une véritable formation professionnelle des enseignants », lors du vote sur les textes concernant les certifiés, agrégés et CPE, les syndicats FSU se sont abstenus permettant leur adoption par le CTPM. Ce vote suscite de nombreuses réactions chez les partenaires de la FSU mais aussi à l’intérieur de la fédération où un courant, Emancipation, dénonce la direction. Il tranche sur des sujets qui sont en discussion dans la commission Marois/Filatre, lui coupant l’herbe sous les pieds avec le risque de réduire la négociation au tête à tête Fsu – gouvernement.
Interrogé par le Café, le Snes met en avant le fait qu’il aurait obtenu le retrait d’un texte modifiant la gestion des enseignants du second degré et des CPE. « Contrairement à d’autres organisations syndicales, le SNES revendique depuis longtemps l’élévation du niveau de recrutement des enseignants demandant la nécessité de l’obtention du master pour être recruté. Le contenu du projet ministériel sur ce point va dans ce sens. Sur la question de la gestion des enseignants nous avons réussi à obtenir du ministère le retrait de son projet et le maintien de la situation existant aujourd’hui. C’est sur cette base que le SNES a donc décidé de s’abstenir sur les projets de décrets concernant les professeurs certifiés et agrégés ainsi que celui concernant les CPE ».
S’agissant de l’accusation de rupture du front syndical, le Snes rappelle « qu’il existe des divergences entre les différentes organisations syndicales sur la formation des enseignants. Toutes ne partagent pas notre demande d’une élévation du niveau de recrutement des enseignants. Les motifs qui ont conduit aux différents votes sont de nature différente selon les syndicats. Certains développent la revendication d’un modèle de formation successif qui n’articule pas formation disciplinaire et professionnelle et présente l’inconvénient d’imposer aux étudiants un numerus clausus en cours de master. Nous développons une conception autre de l’articulation des deux et réclamons aides sociales et pré-recrutements (cf voeu déposé par la seule FSU). D’autres font fi des enjeux des textes statutaires pour privilégier une critique globale de la politique éducative du gouvernement, critique que nous partageons et que nous traduisons dans l’action mais pas en faisant courir le risque pour nos collègues de textes dangereux compromettant par exemple leur droit à mobilité… On ne peut demander au SNES de sacrifier son exigence d’une élévation du niveau de recrutement, de laisser se mettre en place le recrutement régionalisé des enseignants du second degré (régionalisation que certaines organisations souhaitent) ». Et le syndicat positive la situation : « Le SNES-FSU a confiance dans l’esprit de responsabilité de ses différents partenaires de l’Education Nationale : nous n’avons pas peur du débat et pensons même que savoir acter ce qui nous unit (le fond !) et ce qui nous divise (les moyens et les outils pour y parvenir) est une force face au rouleau compresseur idéologique du pouvoir qui connaît très bien les rapports de force en place ».
A l’intérieur de la FSU, le Snuipp a voté contre les textes relatifs aux professeurs des écoles. « Le SNUipp est favorable à ce que les masters enseignants intègrent progressivement dès l’année de M1 les trois composantes principales de la formation d’un enseignant : dimension disciplinaire, pédagogique et professionnelle en lien avec la recherche. Il demande que les épreuves du concours intègrent également ces trois dimensions et que le concours se situe avant l’année de M2 afin de permette à l’étudiant d’effectuer des stages en responsabilité et de procéder à des analyses de pratiques dans le cadre des masters ». Le Snuipp a également pris position en faveur des IUFM. « Nous demandons également que les IUFM et l’expérience accumulée par ses équipes soient confortés et jouent un rôle déterminant dans la mise en place des masters ».
Le Se-Unsa s’inquiète de la prise de position de la FSU. « Cette abstention apporte de l’eau au moulin du ministère et affaiblit considérablement les conclusions de la commission Marois-Filatre. Si les textes sont publiés en état, les épreuves d’admissibilité et d’admission se dérouleront toutes en M2 » déclare le syndicat dans un communiqué. « Les débats en Ctpm ont montré que s’opposent deux visions différentes du métier d’enseignant et donc deux conceptions de la formation initiale qui doit en découler ».
Interrogé par le Café, Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa, rappelle » à l’exception des mesures transitoires, tous les autres textes proposés pouvaient attendre ». Les organisations syndicales s’étaient mises d’accord pour demander leur report. « On a été surpris de l’attitude de la FSU. Dorénavant le ministère peut afficher que toutes les organisations ne sont pas contre ses projets et particulièrement un syndicat représentatif comme le Snes. Le gouvernement se sent renforcé ». Le texte adopté par le CTPM aura des conséquences négatives. « Le fait que le concours ait lieu au début du M2, et non en fin de M1, empêchera les étudiants refusés de se réorienter. On aura 50 à 60 000 jeunes qui se retrouveront dans une impasse ». Pour C. Chevalier, si le Snes ambitionne ainsi de négocier une revalorisation salariale avec le gouvernement, il se trompe. « La situation budgétaire est serrée. En dehors des débuts de carrière, une revalorisation est très peu probable ».
Le Sgen Cfdt s’est borné à un communiqué assez bref, appelant « malgré l’adoption de certains de ces décrets par le CTP, adoption rendue possible par l’abstention de la FSU et des Autonomes » à ne pas « en rester là… La réforme qui se dessine ne permettra pas aux futurs enseignants de bénéficier d’une véritable formation professionnelle et universitaire, de ce fait elle peut signer la disparition des IUFM, nous faisant revenir vingt ans en arrière ».
Ainsi, alors que s’approche le règlement du conflit sur la formation des enseignants, le front syndical se craquelle. Il laisse apparaître les divergences de conception sur la formation et sur l’identité des enseignants entre deux camps, Snes et Snalc d’un coté, Sgen et Se-Unsa de l’autre. A l’intérieur de la Fsu, cette situation rend la position du Snuipp difficile. On peut compter et sur l’autre grand dossier, celui des lycées, et sur Xavier Darcos pour élargir la faille.
Communiqué Sgen
http://www.sgen-cfdt.org/actu/article2044.html
Communiqué Se-unsa
http://www.se-unsa.org/spip.php?article1691
Communiqué Snes
http://www.snes.edu/spip.php?article17113
Formation : le gouvernement gagne du temps
http://cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/20[…]
Former les enseignants
http://cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeFormation.aspx
Formation des enseignants : Des décrets inquiétants selon JL Auduc
Les projets de décrets modifiant les conditions de recrutement des enseignants ( Professeurs des écoles, agrégés, certifiés, PLP, Professeurs d’éducation physique et sportive, CPE) vont être examinés dans les prochaines semaines. Or, selon Jean-Louis Auduc, ils inversent la priorité entre concours et préparation. Jusqu’en 2009, les deux moments décisifs du processus de recrutement étaient le concours et l’année de stage réservée à la formation professionnelle. Avec les actuels projets de décret, c’est la préparation au concours qui devient l’enjeu central du processus de recrutement. Cela fait courur un risque sur la qualité de la préparation des candidats.
Lire l’article de JL Auduc
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/05/auducd[…]
Des décrets adoptés au CSFP dans la division syndicale
Soumis au Conseil supérieur de la fonction publique d’Etat (CSFPE), plusieurs décrets sur la masterisation ont été adoptés le 16 juin. Le Sgen Cfdt, Fo, la CGT, l’Unsa ont voté contre. L’abstention de la Fsu et de la Cftc a laissé l’administration majoritaire. A nouveau les syndicats se sont divisés. Cela s’état déjà produit le 28 mai.
Le Sgen dénonce « la volonté de passer en force » du gouvernement sur des textes qui « préemptent les décisions au mépris des discussions en cours » dans la commission Marois/Filatre.
Sur le vote du 28 mai
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/0[…]
Comment articuler master et concours de recrutement ?
» Si je vais essentiellement aborder aujourd’hui les questions de l’articulation master/concours de recrutement, je veux dire d’entrée que ce problème n’est pas un problème technique, c’est une question pour laquelle les choix effectués conditionnent l’école de demain. Des enseignants formatés plutôt que formés, n’ayant pas connu de moments où développer une posture réflexive sur leur métier, ce sont des obstacles à la construction d’une école de la réussite pour tous ». D’entrée de jeu, Jean-Louis Auduc fixe l’enjeu de ce qui se jour en ce moment.
L’article de JL Auduc
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/06/For[…]
La CPU rompt avec Xavier Darcos
Dans un communiqué publié le 10 juin, la Conférence des présidents d’université (CPU) annonce que « prenant acte de ce que le Ministère de l’Education Nationale refuse de revenir sur les dispositions permanentes des décrets relatifs au recrutement des enseignants, et dans la mesure où ces dispositions permanentes anticipent le résultat des travaux de la commission Marois/Filâtre, le bureau de la CPU et le président Daniel Filâtre ont décidé de suspendre leur participation à cette commission de concertation et de suivi ». Cette position a été prise en accord avec la Conférence des directeurs d’IUFM.
Cette décision résulte de la décision ministérielle de faire passer des décrets sur la formation des enseignants alors que le ministre a mis en place, sous la pression de la révolte universitaire, une commission, dirigée par MM Marois et Filâtre, pour travailler sur ces questions. Plusieurs des décrets en question décident sur des points officiellement en débat dans la commission.
Interrogé mercredi 10 juin lors de la conférence de presse sur le bac à ce propos, Xavier Darcos a affirmé qu’il était obligé de prendre des décisions maintenant. Il a souligné le fait que ces décrets avaient été adoptés par le Comité technique paritaire ministériel grâce à l’abstention du Snes. On se rappelle que le 28 mai, lors de ce comité, les syndicats ont voté contre les décrets relatifs à la formation des professeurs du secondaire, à l’exception de la FSU qui s’est abstenue, mettant en minorité les opposants.
En passant en force et en souhaitant publier au plus vite ces décrets, le gouvernement piétine le début de discussions qui s’étaient péniblement engagées sur un des sujets d’inquiétude majeur des étudiants exprimées ces dernières semaines au sein des universités.
Pour l’UNEF « en présentant des décrets qui fermaient le débat avant même qu’il ne s’engage sérieusement, le gouvernement a de fait rendu caducs les travaux de la commission Marois-Filâtre et des groupes de travail. Cette décision de la CPU achève de décrédibiliser la pseudo volonté de dialogue gouvernemental sur cette réforme ». Le syndicat étudiant demande « à Valérie Pécresse et à Xavier Darcos de cesser de jouer avec l’avenir de l’école et avec l’avenir des milliers d’étudiants qui se destinent aux métiers de l’enseignement ». Elle leur demande « des gestes clairs de rupture avec le simulacre de discussions actuel » et exige le retrait de ces projets de décret.
Communiqué CPU
http://www.cpu.fr/Actualites.240.0.html?&no_cache=1[…]
Communiqué UNEF
http://www.unef.fr/delia-CMS/index/article_id-2745/to[…]
Qui pourra s’inscrire aux concours d’enseignants en 2009-2010 ?
Le récent recul gouvernemental sur les conditions d’inscription, venant après les replis pas à pas antérieurs, a rendu encore plus complexes les conditions d’inscription aux concours d’enseignant en 2009-2010.
Jean-Louis Auduc, directeur adjoint d’IUFM, nous aide à y voir plus clair. Il s’appuie sur une note du directeur de l’enseignement supérieur, Patrick Hetzel, envoyée le 14 mai aux présidents d’université. Il se livre à une analyse détaillée de ce texte.
Pour J.-L. Auduc, si « la lettre de P. Hetzel clarifie la situation pour 2009-2010 où juridiquement rien ne change par rapport à la situation existant depuis une vingtaine d’années; nous restons dans le brouillard, un brouillard inquiétant pour l’année 2010-2011 tant du point de vue de l’articulation masters-concours pour le concours 2011 que pour l’année de fonctionnaire stagiaire des reçus aux concours 2010 ».
L’article de JL Auduc
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2009/05/1[…]
La note envoyée par P Hetzel
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Documents/docsj[…]
http://cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/180509e[…]
Les résultats du CRPE de 2007 montrent l’efficacité des IUFM
« Les candidats ayant préparé leconcours en IUFM réussissent mieux » affirme, chiffres à l’appui, une étude de la Depp (ministère). En 2007, 14 084 postes ont été ouverts aux concours de recrutement de professeurs des écoles publiques. 56 556 candidats se sont présentés et 26 394 ont été déclarés admissibles. Le nombre total d’admis s’élève à 13 591 hors liste complémentaire. Si l’on ajoute les candidats admis sur liste complémentaire et finalement recrutés (au nombre de 2 794 pour la session 2007), le total s’établit à 16 385.
L’étude montre de fortes inégalités entre académies : un étudiant sur trois est admis à Créteil ou Versailles, un sur huit en Corse.
http://www.education.gouv.fr/cid27131/concours-de-recrute[…]